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2021-B-Mc 4, 1-20- mercredi 3e semaine ORDINAIRE- archéologues des sols

Année B : mercredi de la 3e semaine du temps ordinaire (litbo03me.21)   

Mc 4, 1-20 : He 10, 11-18 : devenons archéologues des sols.

En visitant un site archéologique, je me suis émerveillé du  travail minutieux des archéologues qui, munis de pelles, de truelles, de balais grattent de leurs mains aussi le sol pour y chercher des artéfacts montrant qu’il y a des siècles, des gens vivaient en ce lieu. Je fus étonné par leur recherche méticuleuse sous un soleil de plomb. On cherchait des  signes de coutumes anciennes attestant le genre de vie au début du XVIIIe siècle.

N’est-ce pas là une belle description du semeur? Sa spécialité est de travailler méticuleusement le sol, tous les sols, pour y enlever leur vétusté, ce qui est obsolète et rejoindre ainsi tout au fond la bonne terre qui s’y cache. Je demande, écrit le pape François, dans l’encyclique Laudatio si (no 205), à chaque personne de ce monde, de ne pas oublier sa dignité que nul n’a le droit de lui enlever. Dans une audience du 26 juin 2013, au début de son ministère, il dit que personne n’a un rôle de second plan.

Si la musique de cette page cesse de résonner en nous et entre nous, nous perdrons la beauté de son message. Ce geste de semer partout, sans égard à la qualité des sols, clame la dignité de chaque personne humaine, peu importe la qualité visible de son être. Le meurtrier garde sa dignité (no 269), rappelle la lettre encyclique sur la fraternité (Fratelli tutti). Et Jésus dit à Pierre : rengaine ton glaive ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive  (Mt 26, 52).

Songeons à l’épisode de figuier stérile qui fut gratifié d'une année de plus (cf. Lc 13, 3-9). On peut  se demander que faisait, dans une vigne, un figuier qui a la réputation d’assécher le sol. Quelqu’un qui connaissait le figuier est intervenu et a revitalisé ce qui semblait sans vie. 

En période de chrétienté, le semeur n’avait pas besoin de creuser le sol, de chercher une terre pour y jeter sa semence. Tous connaissent par cœur le petit catéchisme qui servait à nourrir la foi. C’était le temps de la mémorisation plutôt que celui de la compréhension. Cela produisait un comportement «religieux». Ce temps est révolu. Aujourd’hui, pour rejoindre le fond des cœurs, le fond des sols, le semeur doit creuser minutieusement comme tout archéologue. Sa foi lui indique que chaque sol cache une bonne terre. Cela le tient en alerte. Sa patience toutefois est incontournable. 

Ce geste du semeur est un geste fondateur de la dignité de chaque personne. De chaque sol. Un geste recréateur. Personne n’est un rebut. Le fond du fond des sols est toujours sain. Désespérer de l’aridité d’une terre sera toujours un crime. Dans son encyclique sur la fraternité, le pape écrit que l’Église sert, sort de chez elle, sort de ses temples, sort de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité […] pour établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation (no 276).

Chaque sol peut dire au semeur : me voici devant toi, comme une terre assoiffée (Ps 146,6). Je compte sur toi (Ps 146, 8). Donne-lui encore du temps, dit l’ouvrier au maître de la vigne (cf. Lc 13, 8). Le semeur avisé soupçonne avec raison qu’au-delà des apparences repoussantes se cache une bonne terre. Ne dit-on pas qu’il y a du bon partout. Plais au ciel que le semeur recherche en priorité des terres à défricher pour y trouver, grâce à son travail d’archéologue des sols, des artéfacts non à réanimer, mais pour y faire jaillir le feu qui dort sous la cendre.

Toute terre contient des artéfacts de vie. Il suffit de leur redonner vie en y jetant une semence de qualité qui est nous-même. Le problème n’est pas d’être peu nombreux à semer, c’est d’être insignifiant en devenant une graine sans saveur, de qualité inférieure qui n’a plus la force de l’évangile. Dans un monde qui va mal, le pape a semé Laudatio si. Il observe, au début du texte, que la terre gémit en travail d’enfantement (no2). Dans un monde en perte du sens de la fraternité, il récidive et souhaite ceci : plaise au ciel, qu’en fin de compte, il n’y ait pas «les autres», mais plutôt le «nous» (no 35).

Cette parabole ne porte pas seulement sur les sols à ensemencer. Elle parle de l’identité du semeur qui accepte d’aller là où il ne voulait pas aller (cf. Jn 21, 18) et de ne pas accorder de prix à sa vie, comme l’exprimait Paul en quittant Éphèse (cf. Ac 20, 24). Une tentation nous guette, une tentation insidieuse, celle de semer là où nous sommes assurés d’avoir une bonne récolte. Semons à tout vent à l’encontre du gros bon sens parce qu’il y a quelque chose de l’action de Jésus dans le non gros bon sens. AMEN.

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Date: 
Lundi, 25 janvier, 2021

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