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2021-B-Lc 12, 35-38- une vie orchidée -réflexion pour le départ d'une femme de foi

Évangile : Lc 12, 35-38

Homélie d’a-dieu pour une femme très croyante

 Je vous propose une image pour vous réconforter dans votre tristesse. C’est celle d’un poète hongrois, Miklós Radnóti, emprisonné à cause de sa foi juive et mort en prison sous le régime communiste. Il écrit dans une lettre à sa femme : J'étais une fleur, je suis devenu une racine maintenant.

Hélène était une fleur, pas n’importe laquelle, une fleur orchidée qui dégageait un parfum d’une grande valeur. Sa présence discrète rassurait. Sa serviabilité étourdissait. Sa joie transpirait dans son regard. Son accueil guérissait bien des blessures. La renommée de sa foi ébranlait nos doutes. La manière de vivre d’Hélène profondément enracinée dans sa famille, l’orchidée Hélène, brillait d’une grande beauté et son cœur habitait le ciel de sa foi. Sa vie transformait vos rencontres avec elle en émerveillement. Elle savait pacifier vos rencontres.  

Sa vie toute simple, toute cachée en Dieu, pleine de petits gestes d’attention qui font tellement de bien, métamorphosait vos heures troubles en instant de paix, de quiétude. Sa vie éblouissait, je dirais même éclaboussait vos vies d’émerveillement comme le fait une orchidée en fleur.

Pour elle, le mot « exister » devenait plein de sens quand elle n'existait plus pour elle-même. Elle aurait pu signer ce qu’écrivait une mère de famille, Jeanne Schmitz-Rouly, dans son journal spirituel découvert après sa mort : c’est quand je n’existe plus que j’existe. Sa vie fut une recherche, une marche vers un « moi » toujours plus grand, non pas un « moi » repliée sur elle-même, ne cherchant que ses intérêts. Son « moi » était un « moi » qui s’oubliait pour les autres. Un « moi » toujours plus grand. Sa vie fut une vie orchidée, fragile et belle à la fois.

Maintenant elle devient pour nous « racine ». Ce qui disparait à nos regards, c’est la fleur qu’elle fut. C’est la feuille de l’automne qui tombe. Dans chaque fleur qui se dessèche, dans chaque feuille qui tombe, il y a une promesse d’un été. Une promesse, dit la foi chrétienne, celle d’Hélène, d’éternité.

Nous voyons la fleur qui tombe, la feuille qui se détache de la branche. Nous observons moins tant vos yeux retiennent des larmes non versées, retenues, la racine, sa racine, profondément enfouie dans vos cœurs. C’est humain de préférer regarder la visibilité de la beauté des fleurs. C’est chrétien de voir la beauté invisible d’une racine qui alimente des jeunes pousses en attente de prendre vie.

Stéphane Laporte écrit dans une de ses chroniques, que la feuille de nos automnes sait mourir en beauté. C’est quand elle est au sommet de sa beauté qu’elle tombe. Elle est la seule chose qu’on laisse vivre autour de nous. Tellement belle à l’automne qu’on a l’impression que la feuille morte ne meurt pas. Hélène vient de tomber au sommet de sa beauté.

Nous voyons une urne. Nous voyons peu ou pas que cette urne contient des racines tellement profondes qu’elles jailliront demain en perce-neige qui fascineront nos regards. La beauté d’Hélène repose sur des racines invisibles, sur sa foi en Dieu. Hélène est tombée, emportée après plus de cinq ans de visites régulières aux hôpitaux. C’est ça l’automne de la vie. La beauté de sa foi, la profondeur de sa foi que sa vie a enracinée en vous saura bien vous tenir debout.

Un récent film québécois nulle trace, sorti en salle en mai dernier (2019-2020), décrit la fascination de l’auteur pour la beauté des racines, pour la beauté de ce qui est invisible, et qui donne du tonus à la vie malgré une route rocailleuse. Ensemble, portons notre regard sur la racine que fut sa vie et qui résiste à toutes les intempéries. À toutes vos tristesses.

Hélène entend maintenant le Dieu de sa foi lui dire, comme il l’a dit Jésus à son ami Lazare : viens dehors. Viens vers moi. Elle qui refusait de se contenter d'un Dieu pensé, car lorsque la pensée disparaît, Dieu disparaît aussi (Maître Eckhart), ne fut pas une moitié chrétienne. La fin de son « moi » sur la terre est le début d’un « moi » déployé. D’un « moi » qui s’entend maintenant inviter à la table d’une eucharistie sans fin.

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Date: 
Jeudi, 21 octobre, 2021

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