Année A : mercredi de la 6e semaine ordinaire (litao06me.20)
Mc 8, 22-26 ; Jc 1, 19-27 : est-ce que tu vois quelque chose ?
La guérison de cet aveugle présente l’essentiel du message de Jésus. Aujourd’hui, retrouver l’essentiel de l’évangile est plus essentiel que jamais car nous sommes confrontés à un profond changement d’époque.
Ainsi, l’avènement Jésus est la meilleure des nouvelles : le royaume est parmi vous. C’est passer à côté de cet essentiel si nous réduisons ce royaume à quelque chose à vivre entre Jésus et moi, quelque chose de purement spirituel. Pour Jésus, le royaume est quelque chose qui se passe en moi et aussi autour de moi. L’évangile apocryphe de Thomas attribue à Jésus ces mots : le royaume de Dieu est en vous et […] hors de vous[1].
Le geste de Jésus sur les yeux de l’aveugle est sans aucun doute une bonne nouvelle pour lui. Il est surtout la meilleure des nouvelles. En ouvrant les yeux d’un non-voyant, Jésus confirme l’arrivée du royaume qu’il annonce, le commencement d’une ère nouvelle. La meilleure des nouvelles est de comprendre que Jésus s’intéresse à la vie réelle et non à des questions et règles religieuses, si importantes soient-elles.
Toute l’activité de Jésus vise à soigner les gens, à alléger les souffrances, à restaurer la vie, la vue. Jésus démontre sa vive opposition à des attitudes religieuses qui passent à côté de la vie. À ces bien-pensants qui se contentent d’écouter la parole (Jc 1, 19-27), Jésus adresse des paroles sévères : vous avez des yeux et ne voyez rien, des oreilles, et vous ne vous en servez pas (cf. Mc 8, 18).
La parabole du père compatissant (cf. Lc 15, 11-32), celle du maître généreux, dite des ouvriers de la dernière heure présentant un Dieu non comptable (cf Mt 20, 1-15), celle du pharisien et du publicain (cf. Lc 18, 10-14), que l’auteur Pagola présente comme certainement prononcée par Jésus, présentent un Dieu dérangeant, perturbé par le non-respect des laissés pour compte, par l’indifférence des parfaits adorateurs de la loi à leur endroit. L’aveugle est de cette catégorie. Ce geste prouve que Dieu est compatissant et non écrasant. Comment Jésus peut-il apercevoir son royaume chez des gens de basses classes ? C’était révolutionnaire à l’époque et ce l’est encore aujourd’hui.
Si nous nous arrêtons seulement à nous réjouir de cet homme qui retrouve la vue, nous passons à côté du sens profond du geste de Jésus ; il est humain. C’est à travers son regard humain sur les souffrances et les aveuglements qu’il rencontre que nous percevons le divin Jésus. Le divin apparaît seulement dans et à travers l’humain.
Remarquons que l’aveugle ne voit pas très clairement au début. Jésus lui a mis de la salive sur les yeux, lui a imposé les mains et lui a demandé s'il voyait quelque chose. La connaissance est toujours progressive. Ça prend du temps pour faire l’expérience de Jésus; cela ne se fait pas entièrement et d’un seul coup.
On n’y arrive qu’après plusieurs petits pas à l’avant et des pas en arrière. Ce n'est qu'au prix de beaucoup de temps et d'un long apprentissage qu'on peut parvenir à la connaissance de Jésus. On ne voit pas Jésus d’un simple regard humain. L’aveugle dont parle Marc est l’archétype de toute vie.
Ce geste de Jésus montre comment il entrevoit l’arrivée du royaume. Ce qu’il annonce s’adresse à tout le monde sans égard à leur condition sociale. Jésus s’intéresse, se fait proche de n’importe qui. Voilà qui fait rager les parfaits docteurs de la religion. Pour eux, Jésus est un radical, s’opposant ouvertement à la tradition, celle qui permet de fréquenter les seuls pratiquants de la loi.
Saint Jacques termine sa réflexion en nous décrivant de façon concrète le comportement de Jésus et qui doit aussi être le nôtre. Devant Dieu, notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache, au milieu monde. AMEN.
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