Année A : mercredi de la 5e semaine ordinaire (litao05me.20)
Mc 7, 14-23 : révolution cultuelle.
Ce n’est pas l’évangile qui change ; cependant, nous comprenons mieux l’appel à ne pas se limiter à honorer des lèvres seulement, en maintenant notre cœur loin de Jésus. Jésus démasque le risque de toute religion : rendre à Dieu un culte du bout des lèvres, en répétant des formules, en récitant des psaumes, en prononçant de belles paroles, alors que notre cœur est loin de lui. Le culte qui plaît à Dieu naît du cœur, de l’adhésion intérieure, de ce noyau intime de la personne d’où jaillissent nos décisions et nos projets.
Lorsque notre cœur est loin de Dieu, notre culte devient vide. Il lui manque la vie, l’écoute sincère de la Parole de Dieu, l’amour du prochain. La religion devient quelque chose d’extérieur que l’on pratique par habitude et qui ne produit pas les fruits d’une vie fidèle à Dieu.
La doctrine que les scribes enseignent, ce sont des préceptes humains. Dans toute religion, il y a des traditions humaines, des normes, des coutumes, des dévotions, nées d’une culture déterminée. Elles peuvent faire beaucoup de bien. Elles sont nuisibles lorsqu’elles nous distraient, nous éloignent d’une vraie proximité avec Dieu. Le pape François observe qu’il existe des professionnels de la religion. Ils font paraître ce qu’ils ne sont pas. Ils vivent maquillés.
Aux yeux de Jésus, ses interlocuteurs sont hypocrites parce qu’ils se préoccupent de l’extérieur des choses plutôt que de l’intérieur là où la corruption existe. L’auteur Gérard Bessière écrit que Jésus aiguillonne et fouille jusqu’aux racines des conduites humaines. L’homme est plus profond que ses apparences et son comportement. C’est dans la profondeur de sa vie intime que tout prend naissance et se joue.
Reconnaissons-le, en chaque croyant, il y a presque toujours un pharisien. Il y a ce vieil homme qui honore Dieu des lèvres, mais dont le cœur est loin de lui. L’évangile n’admet pas une double vie.
Jésus résume sa pensée avec des paroles très graves : vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. Le pape redit souvent que ce n’est pas parce qu’on a toujours fait cela, qu’on a toujours pratiqué tel ou tel rite cultuel qu’il faut continuer à le faire. La tentation de penser que les rites passés, voire ancestraux, sont plus «performants» à bien vivre notre religion est de toutes les époques. Toujours vouloir replâtrer la pratique religieuse conduit à la mort et contribue à l’accroissement des non-pratiquants. Regarder en arrière comme la femme de Lot nous pétrifie en statue qui n’avance plus.
Depuis Vatican II, plusieurs ont opté pour replâtrer le concile. À titre d’exemple, l’utilisation de la langue vernaculaire en liturgie n’a pourtant pas réanimé la foi. Jésus appelle à démasquer le replâtrage, attitude pourtant bien en place en nous, dans nos communautés aussi. Il réfute l’attitude d’une vie chrétienne-musée. Il remplace l’idéologie du «beaucoup faire» par celle du «beaucoup être».
Êtes-vous sans intelligence pour ne pas comprendre que l’essentiel de la religion ne porte pas sur le paraître. C’est du dedans du cœur que réside l’essentiel. Cet appel constitue la plus radicale subversion religieuse qui fit percevoir Jésus comme un perturbateur social, lui qui souhaitait seulement redonner de la noblesse à une pratique religieuse de tendance pharisaïque.
La reine de Saba était bouleversée en observant la sagesse de Salomon, en écoutant ses réponses de gros bon sens. Je ne voulais pas croire ce qu’on disait, avant de venir et de voir de mes yeux ; mais voilà qu’on ne m’en avait pas appris la moitié ! Tu surpasses en sagesse et en magnificence la renommée qui était venue jusqu’à moi.
Heureux tes gens, heureux tes serviteurs que voici, eux qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse ! Et si nous étions aujourd’hui, nous aussi, bouleversés, remués jusque dans nos entrailles par la sagesse de Jésus. AMEN.
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