Année A : samedi de la 3e semaine ordinaire (litao03s.20)
Mc 4, 35-41 ; 2 S 12, 1-7a.10-17 : tenir bon
Pour le dire bêtement, nous en avons ras le bol de tous ces événements qui affectent la maison commune. Tous les jours, et cela remonte loin dans l’Ancien Testament, se vit l’impact d’un monde où grondent déchirures profondes, comportements inhumains inimaginables (lecture), traumatismes écologiques sans précédent dans l’histoire. Ces remous de l’histoire rappellent implicitement l’arche de Noé.
La première lecture décrit une histoire qui est celle de chacun d’entre nous. Cet homme, c’est toi. C’est en écoutant la parabole d'un riche propriétaire qui vole à un pauvre son unique brebis que David prit conscience de son comportement. J’ai péché contre le Seigneur (v.13). Nous avons toujours besoin de quelqu’un d’autre pour nous ouvrir les yeux. Jean Chrysostome observe que Dieu est lent pour punir et rapide pour sauver.
Nous sommes détruits par ces images où la mondialisation qui nous rend proches, mais non frères (Pape Benoît), affaiblit davantage les pauvres. Pour éviter que la résignation soit le moteur de nos vies, que l’accoutumance s’empare de nous, le pape François, cet autre Nathan, interpelle nos regards en observant que nous sommes plus social, mais moins sociaux[1]. Sa lettre signée avec le chef musulman Abou Dhabi ouvre sur une vraie fraternité.
Marc en ouvrant son évangile par la tempête apaisée anticipe ce que sera la vie de Jésus, son passage parmi nous. Il le présente comme un ouvreur d’un chemin de quiétude au milieu d’un foisonnement de tempêtes. Sa présence au milieu d’une terre déchirée et sa promotion d’un vivre ensemble qu’il appelle son royaume, est la meilleure des bonnes nouvelles. Pour Marc, Jésus est (c’est image du pape dans son message pour la journée de la paix 2019) comme une fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence[2].
Jésus garde une sérénité désarmante au milieu des oppositions à son projet d’ériger une humanité sans déchirure, faite de pardon et de réconciliation. Dans la barque, les disciples affolés, paniqués, ont déjà oublié qu’une foule le voyait comme un vrai libérateur. Le message de Marc est limpide : quoiqu’il arrive, ne vous effrayez pas, tenez bon.
Mon regard ce matin ne s’arrête pas sur les turbulences de notre traversée vers l’autre rive. Il se pose sur des «Jésus», des «Nathan» qui aujourd’hui se tiennent au milieu des turbulences pour y apporter répits et soutiens. Mon regard se pose sur des «Jésus» qui sont des éveilleurs d’un projet d’une terre évangélique.
Songeons à tous ces centres caritatifs qui, en cette saison hivernale, accueillent les sans-abris avec des moyens inadéquats, mais au cœur ouvert et chaleureux.
Songeons au courage de cette femme qui au Soudan du Sud, dans un camp de personnes déplacées, cherche à être créatrice de réconciliation et de paix. Observant que près d’une fontaine d’eau rationnée, des disputes éclatent, elle ouvre un chemin pour garantir une distribution équitable. C’est en partageant l’eau et en dépassant le chacun-pour-soi, dit-elle, que nous construisons la paix. Elle agissait au nom de sa foi en Jésus.
Songeons à cet autre «Jésus», Irena Sendler, cette Polonaise qui a tenu tête à l’infâme idéologie mortifère des nazis et qui a sauvé plus de 2,500 enfants juifs et qui finit par s’échapper des mains de la Gestapo[3] qui la martyrisait. Reconnue comme héroïne nationale en 2007, sa vie vient d’être portée à l’écran. Ces exemples illustrent la puissance d’attraction pour un langage nouveau qui ébranle même les cœurs les plus fermés.
En conclusion, une prière : Seigneur, les intempéries sont des moments pour ouvrir des chemins qui montrent que tu es là au milieu de nous. Nous t’en prions, mets en nous la sagesse que tu nous as promise. Alors, par nos paroles et par nos gestes, nous serons des éveilleurs de ta présence au milieu des bourrasques qui affectent et blessent notre maison commune. AMEN.
Autres réflexions sur ce même passage :
[1] http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2019/documents/papa-francesco_20190609_omelia-pentecoste.html
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