Année A : mercredi de la 22e semaine ordinaire (litao22me.20)
Lc 4, 38-44 ; 1 Co 3, 1-9 : le plus beau métier du monde.
Jésus n’a jamais perdu le sens du plus beau métier du monde : prendre soin des personnes vulnérabilisées par une maladie, quelle qu’elle soit. Nous prenons soin de quelqu’un parce que nous sommes préoccupés de son bien-être, de sa situation financière, de sa santé mentale, de sa foi aussi. Dans le monde hospitalier, prendre soin vise à guérir, restaurer, accompagner et prodiguer les derniers soins aux mourants.
La pandémie – c’est son beau côté – a mis en évidence une kyrielle de gens qui plus que d’offrir des soins, plus que de mécaniser leur aide, ont porté au risque de leur vie une attention particulière, bienveillante, bienfaisante aux personnes confinées. Ils ont pris soin des personnes plutôt que de leur offrir des soins. Leurs petits soins avaient des visages de présences réelles, de petits gestes de tendresse même à distance. Ils ont réinventé le sentiment de dignité des personnes confinées, ont attiré le regard élogieux des dirigeants. Leurs petits soins étaient sans prix parce qu'ils priorisaient l’humain.
On peut affirmer sans se tromper que Jésus s’empresse d’offrir des petits soins, de rendre la vie meilleure. Quand il rencontre les gens, Jésus n’agit pas comme un soignant, un technocrate qui fait une «bonne job». Il ne soigne pas la maladie. Il guérit les personnes qu’il comble de la grâce de la vie autant physique, psychique que spirituelle. Sa façon d’être présent à toutes les maladies présente une fascination étonnante, admirable; en effet, il se positionne toujours du côté de la vie. La qualité de sa présence est le vrai «miracle» qui relève et remet en marche.
C’est plus fort que lui, voyant cette femme malade, parce qu’il est bon, Jésus s’approche, dit Matthieu, se penche, dit Luc, parce qu'il ne supporte pas de voir la vie «malade». Quand il voit la fièvre accabler quelqu’un, un handicapé dans la synagogue, un non-voyant sur le bord de la route, il se met en mode de ressusciter la vie. C’est sa première forme de prédication. La vie est arrivée, dit Marc, au début de son évangile. Je suis la vie, écrit Jean.
On peut dire sans se tromper que Jésus aime la vie, qu’il déborde de vie, qu’il rend la vie «aimable», qu’il a beaucoup d’admiration, qu’il ne perd pas le fil des merveilles devant la vie. Il porte sur la vie un regard de beauté. Il est toujours du côté de la vie. Jésus se demandait toujours ce qu’il pouvait faire pour les autres, comment pouvait-il rendre leur vie meilleure.
Jésus est fils de la vie comme on dit de quelqu’un, qu’il est fils de… ; il est promoteur de vie, docteur de vie. N’est-il pas médecin ? Il accompagne, accueille, console, guérit, libère les cœurs malades, emprisonnés. Au puits de Jacob, sa présence «ressuscite» une femme assoiffée d’une autre manière de vivre que la sienne. C’est sa renommée et cela est vérifiable, disent les sources chrétiennes et non chrétiennes.
Il est tellement soucieux de donner vie, de sortir les gens d’un culte automatisé, sans vie, que cela lui a valu de terminer sa vie comme un rebelle de la loi. Convertissez-vous, le royaume – la vie- est arrivé. Dommage que les provies souffrent d’une fixation sur un seul moment de la vie !
Dans ce geste de s’approcher de la belle-mère malade, il faut voir la plus belle définition de qui est Dieu. Il est, a-t-on écrit, un Dieu plongeur qui descend au plus creux de la souffrance pour y faire surgir la vie. Jésus s’est aventuré pour donner la vie et il n’a pas lésiné sur les moyens en prenant notre humanité. Il a plongé à plein dans notre humanité pour la relever, la sortir, l’ouvrir à l’espérance de quelque chose de mieux.
Vous saurez que je suis le Seigneur quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter. Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez (Ez 37, 12-14). Jésus plonge dans notre humanité pour nous sortir de nos enfers, pour nous donner son humanité divine. Ce regard d’un Dieu plongeur (descendu du ciel, dit le Credo) suscite le goût de vivre.
À votre contemplation : et si nous avions la sagesse d’être des présences réelles, authentiques, compatissantes, nous ferions le plus beau des miracles : réveiller l’espérance que ça ira mieux. AMEN.
Autre réflexion sur le même passage :
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