Année B : mercredi de la 2e semaine Avent (litba02me.20)
Mt 11, 28-30 ; Is 40, 25-31 : Jésus, fardeau léger, dites-vous ?
Venez à moi vous tous qui peinez. Le poids écrasant qu’imposent les chefs religieux sur le peuple inquiète Jésus. Jésus déplore leur rigidité, leur cléricalisme. Ce n’est pas la science de Dieu qui sauve. Ce ne sont pas nos convictions qui édifient les autres. La connaissance que tu as peut faire périr le faible (1 Cor 8,10).
La maladie casuistique et moralisatrice de ceux qui connaissent la doctrine et qui l’assènent brutalement aux autres est une situation écrasante et hypocrite aux yeux de Jésus. C’est le signe qu’ils n’ont pas vraiment éprouvé la miséricorde de Dieu dans leur vie. Cela est de toutes les époques. Dans sa lettre ouvrant l’année de la miséricorde, le pape écrit : au centre, il n'y a pas la loi ni la justice de la loi, mais l'amour de Dieu qui sait lire dans les cœurs. Il a redit cela au début du mois d'août dernier dans une audience sur Guérir le monde[1].
Jésus se tient loin des prescriptions. Il refuse une religion étouffante, ce lourd fardeau qui insiste sur une série de prescriptions plutôt que de s’arrêter à la personne du croyant. Jésus agit par attraction. Il aide à faire grandir. Il accompagne. Son attitude est fraternelle. C’est ainsi qu’il gagne un frère (cf. Mt 18,15). Nulle part dans les récits évangéliques, nous ne voyons Jésus écraser, culpabiliser, condamner. Plutôt que de nous réprimander, il voit ce qui est beau en nous. Songeons au jeune homme riche (cf. Mt 19, 16-22) qui a émerveillé Jésus. Qu’avons-nous fait de cette attitude première de Jésus ?
Jésus ne veut pas que notre pratique de la religion soit un fardeau lourd à porter. Il se fait humain, l’un de nous, l’un avec nous, pour parfaire en nous sa création, dit saint Bonaventure. Jésus n’accable personne. Il s’emploie à libérer ce qu’il y a de meilleur en nous. Il s’efforce de rendre la vie plus humaine, plus digne, plus saine. Nous passons trop vite sous silence que c’est la proximité de Jésus avec les gens, sa capacité de les écouter, de les entendre, de leur manifester respect et considération qui les guérit. Sentir que quelqu’un est proche de nous diminue le poids d’un fardeau à porter, celui de ne considérer que soi-même (saint Damien).
Jésus invite à le suivre des gens qui portent un lourd fardeau, des gens simples et marqués par une vie difficile. Ils trouvent en lui repos et soulagement. Venez à moi. Chargez-vous de mon joug. Mettez-vous à mon école. Si tous les responsables du monde pouvaient dire cela! Ceux que nous rencontrons, peuvent-ils dire cela de nous ?
Chaque jour, nous rencontrons des personnes fatiguées et oppressées. Peuvent-elles dire de nous que notre présence est soulagement. Le manque de considération, d’intérêt, d’amour que nous leur portons est un fardeau plus pénible à porter.
Que de personnes fatiguées et oppressées rencontrons-nous en chemin! Notre cœur est-il miséricordieux envers elles, comme celui de Jésus? C’est pénible de ne pas recevoir un sourire, de ne pas être accueilli. Certains de nos silences sont pénibles. Il y a des silences entre conjoints qui sont insupportables. Sans amour, la peine devient plus pesante, insupportable.
Fardeau léger. Aujourd’hui ce message est peu entendu. Combien s’en détournent, pensant que les exigences de la religion ou de la foi font peser sur eux un poids énorme, des obligations d’un autre âge, voire une culpabilité dont ils préfèrent se débarrasser, en vivant loin de cette gênante proximité divine ? Ce fardeau est imprégné profondément dans notre culture.
Venez à moi, mon fardeau est léger. Aujourd’hui, cet appel s’adresse à nous tous. Qui ne peine pas sous le poids d’un fardeau, qui n’aspire pas au soulagement et au repos ? Nous sommes tous assoiffés de cette tranquillité du cœur qui permet de tout entreprendre et de supporter nombre de maux. Que s’est-il passé pour que le Christ soit devenu ce maître distant, cette figure d’un autre temps que nos contemporains connaissent à peine et dont, s’il existe pour eux, ils ont presque honte ?
C’est en retournant à l’école de Jésus que nous pourrons chanter avec le psaume : bénis le Seigneur, ô, mon âme; n’oublie aucun de ses bienfaits. Il est tendresse et plein d’amour. AMEN.
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