Année A : samedi de la 1e semaine de l’Avent (litaa01s.19)
Mt 9, 35;10, 1.5.6-8 ; Is 30, 19-21.23-26 : attendu et déjà là
Avec l’Avent, nous attendons celui qui est déjà présent. Voilà qui résume la saison liturgique que nous commençons. Tout le paradoxe de ce temps liturgique consiste à la fois à attendre et à savoir que le royaume est déjà là, parmi nous (Lc 17,21). Ce temps nous situe dans le présent et se vit au présent.
Il n’est pas l’histoire de récits du passé. Il raconte à travers le regard d’Isaïe, de Jérémie, de Jean-Baptiste, de Matthieu dans sa généalogie, de Luc traçant l’origine de Jésus, l’histoire de guérisons, de découvertes de Jésus, de réponses personnelles qui se produisent aujourd’hui dans nos vies et dans notre monde.
Les mots «va, ta foi t’a sauvé, viens et suis-moi» sont des paroles qui proclament haut et fort que celui qui parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant et guérissant toute maladie est déjà présent au milieu de nous. Il continue aujourd’hui à sillonner nos villes. Ne l’apercevons-nous pas? (Is 43, 19)
Le temps de l’Avent nous est offert pour entrer plus profondément dans notre façon de concevoir Noël. Pour découvrir que se réalise aujourd’hui ce qu’entrevoyait Isaïe dans la lecture d’hier : des sourds entendent la parole du livre, des aveugles sortent de l’obscurité, c’est la fin des tyrans, l’extermination des moqueurs. Et le prophète ajoutait : les esprits égarés découvriront l’intelligence, les récalcitrants accepteront qu’on les instruise. Dans le texte de ce matin, le prophète précise : tu ne pleureras plus jamais.
Je le redis : nous attendons celui qui est déjà parmi nous. Il est déjà parmi nous ce Dieu, «maranatha», celui qui vient à travers ce sourire qu’offrait à son geôlier le moine syriaque catholique Jacques Mourad, enlevé par deux djihadistes en 2015 et qui, en ne leur manifestant pas sa colère, leur ouvrait un lieu de paix qu’était sa communauté chrétienne[1].
Il est déjà parmi nous celui qui vient à travers les voix fragiles de blessés et de persécutés qui sont les lieux théologiques de [la] tendresse [de Dieu] (audience du pape François du 28/8/19). Ces voix s’élèvent et font entendre un appel : que tu ailles à droite ou à gauche, voici le chemin, prends-le. Il ne s’agit pas de prévoir ce chemin, mais de le prendre.
Prendre le chemin s’adresse à nous qui sommes les veilleurs du soleil de justice (Ma 3, 19) qui se lève. Le prendre avec la prudence audacieuse de l’Esprit […,] [cette] prudence [qui] ne sera jamais une vertu de l’indécision [… ] qui nous [empêche] d’avancer[2].
Nous devons raviver en nous un chemin à venir, mais déjà présent, toujours nouveau, toujours à refaire, celui de l’entraide, de l’égalité entre nous, de la fraternité, comme l’ont rappelé le pape François et le chef musulman Abou Dhabi[3]. Même si tous désirent ce chemin, le prendre est notre mission. Sois le changement que tu veux voir dans le monde (Gandhi). Paul écrit à Timothée que ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force (2 Tm 1, 7).
Souvenez-vous, il a fallu Philippe pour que Nathanaël voie Jésus. Il a fallu Paul pour que le monde païen entende pour la première fois prononcée ce nom Jésus qui est au-dessus de tout nom. Et maintenant, Dieu nous a choisis […] pour faire connaître ce dessein bienveillant [et] pour mener les temps à leur accomplissement (Ep 1, 3-10).
Devant cette mission surhumaine, écoutons un autre prophète Ézéchiel nous dire : Fils d’homme, je t’ai donné comme guetteur sur la maison d’Israël (Ez.3, 17; 33,7). Guetteur pour voir venir celui qui est déjà présent parmi nous. AMEN.
Autres réflexions sur ce même passage :
[1] Mourad, Jacques avec Amaury Guillem, Un moine en otage, Éd. Emmanuel, 2018
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