Année C : mardi de la 3e semaine ordinaire (litco03m.19)
Mc 3, 31-35 ; He 10, 1-10 : vivre comme Marie et Jésus
Le message de Marc est clair et simple : personne n’est exclu de l’accolade de Jésus. Jésus n’est pas une simple personne qui amorce des discussions passionnées. Jésus est là pour offrir sa main à ceux qui lui présentent la leur. Il est là pour indiquer une route aux chercheurs d’un sens à leur vie, comme Nathanaël (Jn 1, 45-51). Il est là pour s’agenouiller devant ceux qui tombent sur le bord de la route (cf. Lc 10, 25-37), pour réconforter un cœur meurtri. Dans le désert, il est là pour nourrir une foule avant de la retourner chez elle (cf. Mc 6, 34-44).
Être là, près de vous, de moi, c’est sa priorité. C’est ainsi, dit-il, faire la volonté de son Père (He 10, 7) (première lecture). Les Actes des apôtres (17, 27) mentionnent que Dieu n’est jamais loin de chacun d’entre nous. Il est mystérieusement présent, comme le feu qu’on ne peut saisir, comme la brise légère qui passe, invisible (1 R 19, 12-13). Il nous fait signe. Il nous appelle tous et toutes, quelle que soit l’heure du jour, pour travailler à sa vigne.
Cette volonté de Jésus d’être proche de chacun comporte un fort prix à payer : les siens sont en colère parce qu’il ne se comporte pas selon leurs attentes, parce qu’il passe son temps à courir sur les routes à la rencontre de toutes sortes de gens. Il s’attire aussi la colère des chefs religieux qui, dans le passage précédent, le déclarent possédé, gravement possédé.
Faire la volonté du Père entraine Jésus dans une situation permanente de conflit : suspecté, accusé, maltraité, incompris, même des siens. Pour le ramener à la raison, ses proches ont subtilement recours à sa mère. Il finira bien, se disent-ils, par écouter sa mère, lui porter attention. Peine perdue. Jésus utilise plutôt la présence de sa mère pour faire comprendre que sa priorité absolue n’est pas le lien du sang, ni même la plus belle et pure affection humaine. Sa priorité, c’est de démontrer que le Père, Dieu, est, par lui, proche de chacun.
Le pape François demandait dans son message urbi et orbi de 2018 : quel est le message universel de Noël ? Il nous dit que Dieu est un Père bon et que nous sommes tous frères. Jésus est venu révéler le visage de Dieu à tous ceux qui le cherchent. Dieu s’est fait humain, visible, proche. Il s’est manifesté dans un visage humain concret. Il n’est pas apparu dans un ange, mais dans un homme, né dans un temps et dans un lieu. Que cette fête de Noël, dit le Pape, nous fasse redécouvrir les liens de fraternité qui nous unissent en tant qu’êtres humains et lient tous les peuples.
Pour Jésus, cette proximité n’est pas seulement un «hobby». C’est l’être profond de Dieu. Quand nous laissons Dieu s’approcher de nous, nous expérimentons une grande paix. À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu: à ceux qui croient en son nom, ceux [...] qui sont nés de Dieu (Jn 1, 1-14).
La première lecture nous indiquait que le temps du sacrifice (entendu ici comme offrir quelque chose) est révolu. Alors, commence le temps d’offrir non quelque chose, mais notre «moi», ce qui nous est le plus précieux. Vivre l’évangile, c’est passer d’une vie tout orientée sur soi à une vie fraternelle, une vie où j’ai du temps pour l’autre. Voilà le nouveau sacrifice qui plait à Dieu, qui rend notre quotidien agréable et joyeux.
Marc, en nous présentant cette rencontre de Jésus avec ses proches et sa réponse étonnante, ne souligne en rien une distance entre Jésus et sa mère. Le lien entre Jésus et sa mère est extrêmement profond. La réponse de Jésus oriente nos regards sur celle qui est la première personne à faire la volonté de Dieu. Marie n’existait pas pour elle-même. Elle a sacrifié toute dimension charnelle pour privilégier l’offrande d’elle-même à Dieu. Et nous ?
On ne peut vivre cet appel à porter attention aux autres, comme cette scène de Marc nous le montre, sans sacrifier nos intérêts personnels. Tous les travailleurs humanitaires confirment qu’ils sacrifient leur aisance pour sortir des personnes ou un peuple de la misère profonde, afin de leur donner un peu d’espoir. Le projet du Père est de nous voir passer d’une vie à écouter nos «bobos» à une vie qui s’imprègne de celles de Marie et de Jésus. AMEN.
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