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2019-C-Lc 7,31-35- mercredi 24e semaine ordinaire - vivre notre foi hors les murs

Année C : mercredi de la 24e semaine ordinaire (litco24me.19) 

Lc 7,31-35 ; 1 Tm 3,14-16 ;  vivre notre foi hors les murs 

Il y a beaucoup de profondeur dans cette scène du gamin qui joue de la flûte. S’y cache un mouvement de vivre notre joie dehors, sur les places publiques. Se profile tout le rêve de Dieu, tout son projet messianique, d’implanter sa tente au cœur de monde. Dieu, le Dieu de nos origines, veut que tous les humains soient sauvés par la joie. La bonne nouvelle que ce mois missionnaire d’octobre annonce, c’est la joie.

Avons-nous cette passion de la joie ? D’aller sur les places publiques sans un esprit de maraudage danser de joie de connaître Jésus ? Désirons-nous, pour citer le penseur sociologue Marcel Gauchet dans une formule-choc, que le christianisme soit la religion de la sortie de la religion[1]. Il signifie par là que la religion chrétienne doit accepter de n’être plus, et c’est en soi une bonne nouvelle, le modèle structurant de la société occidentale comme elle l’était dans le passé.

Il faut savoir faire le deuil de ce qui n’est pas l’esprit du christianisme, de stopper le gaspillage d’énergie à promouvoir ce qui n’est pas l’essentiel de la bonne nouvelle,  susciter l’envie d’être chrétien. Un chrétien sans joie est soit malade, soit il n’est pas un chrétien. La joie est comme la garantie du chrétien (François). Dans une audience récente sur les Actes des apôtres, le pape invite à redécouvrir la chaleur de la foi des premiers chrétiens pour qui l’extraordinaire devient ordinaire et la vie quotidienne devient l’espace pour la manifestation du Christ vivant (26/6/19).

L’auteur de l’épitre à Diognète à la fin du 2e siècle, exprime la même chose quand après avoir décrit le chrétien comme vivant pareil aux autres humains, il ajoute qu’ils témoignent clairement d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire. Ils témoignent d’une joie qui sort de l’ordinaire.

L’impression est forte d’observer chez les croyants une inhibition de la joie qui déclenche en nous angoisse et pessimisme sur notre temps. Pourtant nous vivons un point basculement, un point passage vers l’annonce d’une bonne nouvelle plutôt que de s’arrêter à ne donner que de bonnes réponses.

Quand Paul écrit à Timothée qu’il est grand le mystère de notre religion, il précise que c’est Jésus-Christ, manifesté dans la chair, justifiée dans l’Esprit, apparu aux anges, proclamés dans les nations, crues dans le monde, enlevé dans la gloire ! Et toute autre chose que celle-là risque de venir du Malin.

Oui, Jésus est un possédé, un glouton. Jésus ne propose pas un ensemble complexe de  choses à croire. Tout se centre sur un vivre autrement, un vivre en ressuscité, pas n’importe où, pas dans un ailleurs communautarisme de repliement entre nous, pas dans une évasion mystique, mais comme des gamins assis sur la place. Le défi aujourd’hui est bien de passer du logiciel ego au logiciel alter (Patrick Viveret). C’est une des quinze maladies dont parle le pape François dans ses vœux à la Curie en 2014. La joie de danser dehors ce que nous vivons en dedans de nous ne s’achète pas. Elle naît lentement dans des cœurs possédés par l’évangile.

Joseph Moingt affirme que la mission n’est pas d’attirer le monde, elle est d’aller au monde[2]. Non pas d’amener le  monde à entrer dans notre joie,  mais de partager la joie du monde, la joie vraie, non la joie mondaine, les plaisirs de toutes sortes. Jésus a partagé cette joie avec les époux à Cana. Il fut pour les époux un véritable sauveur.

Ce mois missionnaire veut faire ressentir l’urgence de sortir, de danser de joie sur les places publiques. Sortir n’est pas une conséquence de notre foi, mais bien le lieu où se vit notre foi. C’est notre incapacité à nous tenir hors les murs, sur les places publiques qui explique la désaffection des jeunes, exprime les auteurs Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon dans leur livre plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien[3]. Si les changements climatiques sont irréversibles et tout le monde (ou presque) s’entend là-dessus, ce mois missionnaire veut faire entendre et c’est irréversible que notre foi se vit hors les murs.

Oui, le Seigneur nous a montré sa confiance, dit le psaume, en nous donnant le domaine des nations. AMEN.

[1] Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 53

[2] Op. ci. p. 281.

 

Évangile: 
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Date: 
Dimanche, 1 septembre, 2019

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