Année C : samedi de la 7e semaine de Pâques (litcp07s.19)
Jn 21,20-25 ; Ac 28, 16-20.30-31 : avec pleine assurance et sans obstacle
Nous connaissons bien la question qui précède notre évangile et que Jésus pose à Pierre. M’aimes-tu ? Pourquoi avons-nous toujours besoin de demander : est-ce que tu m’aimes ? Est-ce que tu m’aimes vraiment ? C’est la question posée par les amoureux qui ont toujours peur de n’être pas aimés comme ils aiment. C’est la question des enfants à leurs parents : papa, maman, jusqu’où tu m’aimes ? Et nous entendons cette réponse, copiée-collée de celle de Jésus, tu sais bien que je t’aime.
Nous connaissons moins le lien qui unit Pierre et Jean. Pierre est celui qui propose : allons à la pêche. Jean est celui qui, sur le rivage, reconnait Jésus : c’est Jésus. Pierre vit toujours à travers les apôtres et leurs successeurs. Jean demeure à travers les chrétiens embrasés par l’amour que Jésus leur porte. Notre proximité avec Jésus ne doit pas mourir en nous, comme notre capacité d’écouter Jésus.
Jean comme Pierre ne sont pas des héros. Ils sont des humains qui avec leurs fragilités, vivent pour Jésus, avec Jésus en prenant des chemins différents. On n’annonce pas Jésus en prenant le même chemin, seulement en demeurant connectés à Jésus. Les deux vivent un lien très fort avec Jésus, un attachement indélogeable, une incapacité de vivre sans Jésus. Comment moi, je témoigne du Christ par ma foi ? Ai-je le courage de Pierre, le regard de Jean qui ne doit pas mourir en moi. Si je veux qu’il ne meure pas jusqu’à ce que je vienne.
Aujourd’hui, Jean prend le visage de ces hommes égorgés sur une plage en Libye […], à cet adolescent brûlé vif (au Pakistan) parce que chrétien […], à ces migrants qui ont été jetés à la mer, parce que chrétiens […] et à tant d’autres que nous ne connaissons pas qui souffrent dans les prisons, parce que chrétiens[1]. Ils ont vécu un baptême de feu. Ils sont des gardiens de la résurrection. Ce matin, nous sommes des «Jean» qui écoutons Jésus.
Ce qui ne meurt pas en nous, c’est notre incapacité, malgré nos failles, de vivre déconnectés de Jésus, hors Jésus, sans Jésus, sans le Père. Hors du Père aussi. C’est l’Esprit-saint qui fait que cela ne meurt pas en nous.
Ce qui ne meurt pas en nous, c’est l’énergie de Paul devant les notables, livré aux mains des Romains (Ac 28, 18), pardonnant à ses accusateurs (v.28). En fin de son récit des Actes, Luc nous présente un Paul clamant au milieu de tant de controverses (v.23), son espérance qui ne mourra jamais (v.20). Le dernier mot du livre des Actes est à prier longuement : la parole de Dieu ne meurt pas et elle poursuit son chemin à travers des témoins, Pierre, Étienne, Philippe, Paul; chacun de nous continue d’annoncer Jésus avec une entière assurance et sans obstacle. Ce sont les derniers mots du livre des Actes.
Luc qui s’est informé comme un historien de tout depuis les origines (Lc 1,3), qui a cherché à montrer à travers les événements heureux ou malheureux l’œuvre de Dieu dans l’histoire, termine son livre non sur le sort d’un prisonnier, Paul, mais sur une parole libre, annoncée avec pleine assurance et sans obstacle (Ac 28, 31).
Que l’Esprit de Dieu dont nous célébrerons la fête demain contribue à ne jamais refermer nos cœurs à contempler cette finale du livre des Actes : annoncer Jésus avec pleine assurance et sans obstacle. Portons jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1, 8) cette nouvelle si simple et si grande, toujours jeune, qui ne prend aucune ride, que Jésus vit, comme vient de le redire le pape s’adressant aux jeunes et à toute l’Église. Saint Grégoire de Nysse écrit: si nous enlevons à Dieu le Saint-Esprit, ce qui reste n’est plus le Dieu vivant [un Dieu jeune], mais son cadavre.
En terminant ce temps pascal, je vous propose cette prière :
Dieu de vie qui, par désir d’amour, a créé le monde et l’être humain, et veut les amener à leur achèvement,
sois béni pour ce dessein de salut que tu poursuis depuis l’origine, à travers les vicissitudes de l’histoire.
Sois béni de nous avoir donné le fils de ta grâce qui dans notre chair, a traversé le mal et la mort.
Sois béni pour ton Esprit qui inspire et ravive en nous le courage malgré les remous de cette vie.
Sois béni pour tous les témoins qui font connaître ta parole avec pleine assurance et sans obstacle. AMEN.
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