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2019-C-Jn 2, 13-22 -dédicace du Latran- fais de ta maison un temple

 Année C : Dédicace de la Basilique du Latran    

Jn 2, 13-22 : fais de ta maison un temple

Jésus ne manque pas de précision quand il parle du temple. Il s’appuie sur des textes vénérables, anciens. Il a en mémoire que Dieu était nomade, qu’il campait avec son peuple sous la tente. Quand David voulut bâtir une maison pour le Seigneur, il rencontra sur son chemin Nathan qui lui dit : depuis que Dieu a sauvé son peuple d’Égypte, il a toujours vécu sous une tente et jamais il n’a demandé de temple (2 S 7, 7). Comment peut demeurer dans un temple celui que l’univers ne peut contenir ? Aucun bâtiment ne saurait enfermer Dieu, dit le premier Livre des Rois (1R 8, 27; Es 66, 1). C’est hors du temple que celui qui est temple nouveau offrit sa vie.

En chassant avec zèle les marchands du temple, Jésus ne démontre pas qu’il s’oppose au temple. Il revendique qu’on ne peut servir Dieu et l’argent (cf. Mt 6, 24). Il ne veut pas que le temple devienne un lieu de pouvoir.  Il dénonce la monstrueuse idolâtrie qui domine le monde de toutes les époques. Son geste ouvre sur un nouveau temple (Jn 2, 20). Nous sommes la maison de Dieu.

La demeure privilégiée de Dieu est le cœur de celui qui l’aime et accomplit sa parole  (Jn 14, 23). Jésus l’a dit clairement à la femme de Samarie, émerveillée d’entendre cela. L’heure vient où ce n’est plus sur cette montagne qu’on adorera (Jn 4, 21).  Il l’a dit à Zachée : je vais demeurer chez toi (Lc 19, 5). Se sentant chez lui, Zachée  ouvre sa porte aux autres. Il donne quatre fois plus (v. 8) que ce qu’exige la loi de Moïse (cf. Lv 5,25). 

En soulignant cette dédicace du Latran, comme ce serait heureux si l’on sentait l’Église comme un chez-soi ! Comme communauté de croyants, nous avons besoin d’un lieu chez soi pour nous réunir, d’un beau lieu, d’un  lieu sacré, respecté. Mais quand ce lieu est ressenti comme un lieu de pouvoir à côté du pouvoir politique, il n’est plus le temple de la rencontre. Il devient un lieu idolâtrique.  Le Latran symbolise un lieu de rencontre, le temple de la rencontre. Mais ce lieu n’est pas exclusif. Le mot est de Dom Helder Camara pour qui le véritable temple de la rencontre est la périphérie, là où habitent les pauvres. Sommes-nous chez soi au milieu d’eux ?

Des pasteurs, comme Jean Chrysostome, Basile, Ambroise, Augustin, insistèrent pour dire que notre chez-soi, ce sont les pauvres qui se retrouvent dans toutes les périphéries du monde. Ne perdons pas cela de vue à l’heure où nous célébrons la dédicace du Latran.

Cette fête rappelle qu’au cœur du monde, existe un chez-soi ouvert à tout le monde, un chez-soi  qui fait exister autre chose, qui fait entrer dans une autre fête, une fête nuptiale où l’Époux nous assure qu’il demeure en nous. Nous devenons alors des «dédicaces» vivantes, des pierres vivantes (1 Pi 2), des lieux saints. Cette fête parle de l’urgence de vivre de ce nécessaire mariage apostolique qui a fait de Marie de l’Incarnation un véritable temple pour notre Église d’ici[1]. Ne savez-vous pas que vous êtes sanctuaires de Dieu et que son Esprit est en vous (1 Co 3, 9c).

Si nous dissocions cette dédicace de notre rencontre nuptiale avec l’Époux, de notre appel à vivre ce mariage apostolique, elle devient vide de sens et risque de souligner une recherche de vaine gloire, celle d’une institution toute-puissante.  

La vision dont parle Ézéchiel rappelle à travers la symbolique de l’eau qu’existent des torrents d’eau que sont les temples-périphériques et qui débordent d’arbres fruitiers. Ne l’apercevons-nous pas ?

Cette fête est aussi une fête de  louange parce que nous sommes devenus une créature nouvelle, issue d’un commandement nouveau. On le devient quand nous sommes revêtus de sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience (Col 3, 12), bref, habillés de ce lien de la perfection (Col 3,14).  Elle fait résonner plus fort en nous des questions aussi anciennes qu’actuelles : quel espace réservons-nous pour rencontrer Dieu ici-bas ? Nos églises sont vides, nos cœurs le sont-ils aussi? Que je ne te laisse jamais seul, Dieu, au fond de mon cœur (Élisabeth de la Trinité). AMEN.

 

[1]Descombes,Francine: https://corpus.ulaval.ca/jspui/bitstream/20.500.11794/33043/1/34947.pdf  val.ca/jspui/bitstream/20.500.11794/33043/1/34947.pdf  

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Vendredi, 1 novembre, 2019

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