Année B : mercredi 33e semaine ordinaire (litbo33me.18)
Mt 12, 46-50 : donation de Marie
Le grand mariologue que fut saint Jean Damascène écrit : ce n’est pas pour vous [Marie] que vous êtes née ; vous avez reçu la vie pour concourir au salut de l’univers et réaliser avec Dieu l’éternel décret de l’Incarnation du Verbe.
Ce n’est pas pour vous [Marie], que vous êtes née. Dès l’âge de trois ans, ses parents l’offrent à Dieu, offrande non symbolique, mais formelle. Marie appartient à Dieu. Elle ne s’appartient plus. Marie vit dans le temple parce qu’elle est Temple dans lequel Dieu a personnellement résidé puisque, pendant un temps, le Verbe incarné a habité (Jean 1, 14) en elle. Jean-Paul II désignait Marie comme le premier tabernacle de l'histoire.
Aujourd’hui, proclame la liturgie de rite byzantin, celle qui est le Temple du Grand Roi fait son entrée dans le Temple, pour y être préparée comme divin Tabernacle. Deux temples se rencontrent, l’un de pierre et l’autre un temple vivant; mais c’est le temple vivant qui donne de la grandeur au temple bâti. Marie a tellement pris le temps de méditer cela qu’elle est devenue ce qu’elle est : temple de Dieu. Elle a bu le calice de l’offrande d’elle-même.
Cet épisode de donation de Marie ne se trouve pas dans les quatre évangiles. Il origine d’un livre non canonique, le "protoévangile de Jacques" et atteste de la disponibilité sans réserve de Marie. Le récit est simple : Anne et Joachim, pour remercier le Très-Haut de la naissance de leur enfant, la consacre à Dieu. Et le prêtre qui la reçoit dans ses bras la bénit en disant : Il a glorifié ton nom, le Seigneur, dans toutes les générations. C'est en toi qu'aux derniers jours il révélera la Rédemption qu'il accorde aux fils d'Israël ![1] C’est donc une erreur de parler de présentation de Marie au Temple.
Pour nous dire cela, pour nous présenter Marie s’offrant elle-même au Dieu de sa foi, l’évangile nous décrit Jésus entouré d’une immense foule que sa mère et ses «frères» ne peuvent atteindre. Jésus ne rabroue pas sa mère. Dans sa réponse à sa mère, Jésus lui confirme sa mission d’effacement, route et croix de tous les envoyés. Mission qu’elle a faite sienne dans sa réponse au projet de Dieu sur elle. Il exalte les effacés. Marie s’efface parce qu’elle sait que son fils ne lui appartient pas. Il est fils de tout le monde, fils universel, fils de ceux qui enfantent Dieu dans leur vie au même titre qu’il est le fils de Marie qui l’a mis au monde.
Question : sommes-nous des effacés quand comme Jacques et Jean, nous demandons de nous asseoir à sa droite et à sa gauche (Mc 10, 37) ? Ces places sont réservées aux pires criminels de l’histoire. Ils imaginaient leur mission comme un pouvoir sur les autres. Cette tentation est de tous les temps.
La réponse de Jésus suggère aussi que la mission de tout envoyé est d’être ce temple accueillant de tout le monde. Un temple sans frontières, sans barrière de classes sociales, sans discrimination d’âge, de race, sans guerre d’influence, sans vision patriarcale. Le sommes-nous ? Ne savez-vous que vous êtes le temple de Dieu (1 Co 3, 16) ? Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit (1 Co 6, 19) ? Il est plus facile de vivre dans le temple avec ses aspirations à grimper; il est plus difficile d'être le temple de Dieu avec son appel à s’effacer.
On ne peut pas célébrer cette fête avec un regard purement extérieur. Il faut y entrer et dire comme Marie, je ne m’appartiens plus. Dire comme Marie, je suis enflammé de l’amour de Dieu qui consume tout en moi. Dire comme Marie, je suis un temple de Dieu qui réchauffe ceux qui entrent en moi.
Puisse Marie nous accompagner sur notre chemin à mener à sa suite, une vie donnée à l’évangile. AMEN.
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