Année B : mercredi de la 4e semaine de Pâques (litbp04me.18)
Mc 16, 15-20 : Marc a pris soin de Jésus
Nous ne pouvons pas «créer» des chrétiens. Mais nous pouvons séduire des hommes et des femmes au projet Jésus en étant des témoins du Dieu qui appelle à sa suite. Même s'il n'était pas apôtre, ni célèbre, Marc a vécu dans la proximité de Pierre (cf. 1 Pi 5, 13) et de Paul (Cf. Col 4, 10), ces deux colonnes de l’Église.
Son évangile n’est pas un document pour «faire» des chrétiens. Ce serait alors un écrit prosélytique. Il ne rédige pas un reportage journalistique. Il se soucie peu de l’exactitude des faits historiques dont il est le premier à rapporter. Il n’écrit pas un récit biographique relatant dans les moindres détails les paroles et les actes de Jésus. Il est en quelque sorte l’hagiographe de ce que véhiculait et vivait la première communauté chrétienne.
Son intention est limpide : maintenir vivante la mémoire des faits et gestes de Jésus. Il écrit pour que de génération en génération, on évite d’oublier Jésus. Son évangile ne dit rien de l’humain Jésus. Dès la première ligne, il déclare ne vouloir parler que de Jésus, Fils de Dieu annoncé par Isaïe (Mc 1, 1-12). Marc analyse la vie de Jésus à partir de sa résurrection.
Comment s’y prend-il ? En nous montrant un Jésus qui aime les siens, non seulement les bons croyants, mais chaque personne qu’il rencontre. Le Jésus de Marc est un Jésus qui relève. On n’en finit pas de compter les passages où ce verbe est employé. Relever le peuple, sa ville, ses murailles. Relever le temple, relever les malades, relever les morts. À maintes reprises, cette promesse est répétée : courage, tu seras relevé ! Pâques nous dit que lorsque le Christ s’est relevé du tombeau, cette promesse s’est réalisée d’une manière irréversible. À celui qui s’en remet à lui avec foi, Jésus lui communique la force de ne pas s’effondrer, quand bien même la vie tombe en ruine.
Le Jésus de Marc qui a inspiré celui de Matthieu et de Luc, jasait avec les gens, prenait un café avec eux, les saluait sur la route allant même à leur rencontre, leur offrant de les sortir du marasme qui les empoisonnait. Ce style de vie étonnait à l’époque, même, n’était pas autorisé par la loi. Le Jésus de Marc est un grand contemplatif qui passait ses journées à contempler, admirer la beauté des humains qu’il côtoyait, beauté pas toujours visible au premier regard, mais réelle.
En terminant son évangile par l’envoi en mission, Marc annonce que l’envoyé a mission de relever. De prendre soin de ceux qui sont le corps du Christ comme chemin pour maintenir vivante sa mémoire. C'est une tâche urgente celle de relever, de prendre soin. C’est cela porter la bonne nouvelle aux pauvres et guérir ceux qui ont le cœur brisé.
Nous ne finirons jamais de montrer que prendre soin, relever est quelque chose d’ineffable. Jésus n’a pas pensé que l’humain était bon, il l’a montré. Marc nous présente le récit d’un homme, Jésus, qui dégageait quelque chose d’ontologiquement collé à sa personne : relever chaque humain par son regard de beauté qu’il portait sur lui. On courrait vers lui pour capter ce regard qui guérit, dynamise et énergise. Avons-nous ce regard ? Ce ministère appartient à chaque croyant.
Marc a longuement fréquenté Pierre et sa manière de vivre l’a influencé; il décrit dans la lecture comment relever les cœurs blessés : prenez l’humilité comme tenue de service […], soyez sobres […,] par la grâce de Dieu tenez ferme.
À votre contemplation : Dieu, qui a confié à l'évangéliste saint Marc la mission de proclamer la Bonne Nouvelle, accorde-nous de si bien profiter de son enseignement que nous marchions sur les traces du Christ (oraison). Amen.
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