Année B : mercredi de la 3e semaine de Pâques (litbp03me.18)
Jn 6, 35-40 ; Ac 8, 1b-8 ; Ps 65 : la grandeur de Dieu
Il nous arrive quelquefois, écrit Maurice Zundel (Ton visage, ma lumière, Mame, Paris, 2011, pp.125-126), que nous devenons conscients de cette chose incroyable où toute la grandeur de Dieu, toute sa puissance, toute sa sainteté, tout cela [se trouve] dans une miette de pain !
Oui, quelle grandeur il y a dans ce pain descendu du ciel ! Cette grandeur ne repose pas sur l’opinion d’autrui. Elle n’est pas artificiellement fabriquée en attirant l’attention des autres sur lui. Elle est révélation discrète d’une présence infinie, totalement donnée.
Une miette de pain devient pour nous la plus haute manifestation de la grandeur de Dieu. Qui aurait pu imaginer que Jésus aurait pris un tel moyen pour nous dire qu’il est toujours avec nous ? Pour attester toute sa passion pour chacun d’entre nous ? Jésus nous veut tellement en santé qu’il nous offre une médecine spirituelle, dit une tradition orthodoxe, destinée à nous guérir dans nos profondeurs. Cette médecine nous tient en santé en nous empêchant de vivre à la surface de nous-mêmes, indifférents à nos faims intérieures, dans un monde qui sollicite notre attention vers l’extérieur.
Cette médecine est une nourriture substantielle que la méditation nous fait mâcher, la prière goûter et la contemplation [en] éprouver la douceur de la joie véritable (Guigues le chartreux). En la prenant chaque jour, nous évitons d’être aspirés par le flux incessant des mass-médias parce que ce pain est vitaminé, protéiné d’une haute densité.
À l’origine de ce pain, il y a un Dieu qui cherche à nous offrir ce qu’il y a de mieux. Un Dieu passionné d’un face à face de communion avec nous comme Jésus l’éprouve en recherchant la volonté de son Père. Au point d’arrivée, il y a l’enthousiasme de notre action de grâce pour une nourriture si dense tout en sachant que notre faim pour lui ne sera jamais aussi grande que la sienne pour nous. Si nous croyons comprendre sa générosité, nous ignorons davantage que nous en comprenons peu.
Chacun de nous, quand nous voyons quelqu’un dans le besoin, nous lui offrons spontanément un peu de pain pour le soutenir. Jésus en voyant nos faims pose ce même geste du cœur. Il nous donne un peu de pain, pas un pain à bon marché, mais un pain fariné de son corps et de son sang. Le philosophe Justin, membre de la communauté de Rome où il fut martyrisé en 165, écrit que nous ne prenons pas l'Eucharistie comme un pain ordinaire ou une boisson ordinaire. Cet aliment est la chair et le sang de ce Jésus qui s'est incarné.
Ce pain permet à Jésus de nous transformer en lui. Nous devenons ce que nous mangeons, précise saint Augustin. Il nous mandate pour être sa présence réelle. Vous devez permettre à Jésus, dit Thérèse de Calcutta à ses sœurs, de vous transformer en pain pour être mangé par ceux avec qui vous êtes en contact. Nous sommes transformés en lui et lui devient nous. Sommes-nous conscients de cet échange visible entre notre pauvreté et sa richesse (audience du 28 février 2018) ?
Ces miettes de pain disent la grandeur de notre Dieu. Jésus entre dans notre vie par la route de la crèche. Il vit à Nazareth sous des apparences très simples, les plus simples possible. Il meurt dans le plus atroce et ignoble des supplices. Il s’habille de notre humanité fragile jusque dans sa finitude. Ce « petit Dieu », ce Dieu effacé, fragile, voilé dans des miettes, faibles, continue aujourd’hui de libérer des cœurs prisonniers des esprits impurs (première lecture).
À votre contemplation : Ce pain nous invite à vivre la révolution de la fragilité, de la tendresse (Pape François à Cuba). Il offre une capacité de résilience, de rebondissement étonnant. Prenez et mangez. Nous avons un trésor entre nous main : la fragilité de Dieu. Que ses actions sont redoutables (Ps). AMEN.
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