Année A: mercredi de la 14e semaine ordinaire (litao14me.17)
Mt 10, 1-7; Ps 32 (33); Gn 41, 55-57; 42, 5-7a, 17-24 : une dignité qui nous enrichit
Le Seigneur a déjoué le plan des nations (Ps 32(33). À chaque fois que je lis ce psaume, que je prie cet évangile, une évidence me vient : Jésus est déroutant. Il déjoue le plan de bien du monde; il n’envoie pas ses disciples faire du tourisme. S'il les envoie sans avoir, sans argent, sans rien, c'est justement pour ne pas les tenter de se procurer tous ces gadgets si alléchants que tout touriste rencontre sur la route et se procure aussi.
La mission que Jésus donne à ses disciples n'est pas de partir les mains pleines, encombrées de bagages. Il les prévient même que le voyage ne sera pas sans danger, voire sans persécution (cf. Mt 10, 26-33). Ce ne sera pas un voyage de rêve, sous le signe de la tranquillité. Il ne garantit même pas le succès, mais les assure que la victoire est certaine, qu'ils sont précieux à ses yeux (Is 43, 4). Il leur dit seulement de ne pas craindre de ne pas avoir peur et de prendre le chemin vers les brebis perdues de la maison d'Israël (Mt 10, 7).
Jésus envoie ses disciples comme Jacob a envoyé ses fils en Égypte (première lecture). Ils n'avaient rien pour la route sinon cette instruction de leur père, faites ce qu'il vous dira (Gn 41, 55). Marie a dit la même chose aux serviteurs à Cana (Jn 2, 5). Nous connaissons la suite. Jésus envoie des disciples avec cette assurance qu'ils reviendront, comme les fils de Jacob, les mains pleines. Pleines de blé de joie. Quelle richesse à posséder !
Vous vous souvenez du jour où Jésus a été touché de voir les apôtres qui lui racontent tous les signes qu’ils ont faits : ils ont libéré les possédés, ils ont guéri les malades. Jésus dans un éclat de joie, dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair (Lc 10, 18). Quel pouvoir il nous donne en faisant alliance avec nous jusqu'à nous envoyer annoncer l'arrivée du ciel sur la terre qu'est le royaume de Dieu!
Oui, Jésus est vraiment ce Dieu avec nous qui nous choisit pour poursuivre le contrat, le texte biblique parle d'alliance, qu'il a signé depuis Noé, Abraham, Moïse, les prophètes, pour que tous les peuples de la terre te reconnaissent Dieu.
Notre première mission, aujourd'hui, est de reconnaître d'avoir été choisis parce que nous avons du prix aux yeux de Dieu même si souvent nous ne portons pas le même regard sur nous. Apprécions notre dignité. Reconnaissons la dignité que cet appel confirme. Soyons fiers de n'avoir pas peur de relever le défi de montrer la beauté de Dieu alors que trop souvent nous montrons Dieu qu'à travers des lois, presque des mises en demeure.
Notre milieu a besoin de rencontrer des envoyés, des appelés, des croyants heureux de crier leur joie, de rendre grâce, de jouer pour le Seigneur, de chanter Dieu par leur vie. Il y a de quoi être heureux, immensément et profondément heureux, quand on mesure même obscurément à quel point Dieu nous exprime son amour quand il nous choisit. À quel point il voit grand pour nous quand il nous envoie «être lui» plutôt que de «parler de lui». Quand il nous «engage» non pas pour quelque chose, mais pour le service du lavement des pieds qui ne sentent pas toujours bon.
Allons plus loin dans notre réflexion. Plus nous sommes empêtrés dans nos blessures, plus nous délaissons nos temps de prière parce que nous ne ressentons rien, plus l'indifférence de nos proches nous écrase, plus nos refus de voir Jésus nous laver les pieds nous paralysent (cf. Jn 13,8), plus Jésus nous dit que c'est le chemin pour avoir part avec lui à sa joie.
Ne commettons pas le crime de repousser l'appel de Dieu à rénover son Église qui tombe en ruine. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi (Acclamation). AMEN.
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