Année A: mardi de la 2e semaine ordinaire (litao02m.17)
Marc 2, 23-28 : Jésus apporte la nouveauté
Dans cette homélie que nous offre l’auteur de l’épitre aux Hébreux, on vient d’y lire que Dieu s’est engagé de façon irrévocable ...à nous combler de bénédictions. Pour l’auteur de l’épitre, Dieu est une vraie bénédiction. Il est une vraie bénédiction quand il ne s’empresse pas à condamner des disciples arrachant des épis un jour de sabbat. C’est une incroyable largesse de considération qu’il fait à ses disciples.
Jésus ne les accuse pas pour leur geste. Ne les défends pas. Même quand leur geste fait mal à sa réputation de maître, Jésus maintient son regard plein de gros bon sens. Ce gros bon sens remonte à David qui se permettait de manger lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim (v. 25).
Jésus ne fait pas seulement les choses différemment des autres. Il est différent. C’est la nouveauté que Marc souligne dans toutes les pages de son évangile. Jésus, en bon connaisseur et plein de sagesse, sait que ses disciples ont besoin d’un regard neuf sur eux. Il sait qu’ils ont besoin d’être soutenus, encouragés malgré leurs failles. Cette «spécialité» inédite pour un maître de l’époque, choque beaucoup de monde. Il se met à dos beaucoup de monde. Il froisse surtout les gens «corrects». Mais Jésus, dans les mots du mystique maître Eckhart, c’est l’arrivée de ce qui est toujours neuf.
Dans la joie de l’évangile, le pape François parle de l’éternelle nouveauté de Dieu. Citant saint Irénée, il dit que dans sa venue [le Christ] a porté avec lui toute nouveauté (no 11). Il positionne l’Église sur cette même attitude: ce n’est pas parce que ça s’est toujours fait qu’il faut le faire (no 32).
Marc présente un Jésus qui ouvre une brèche de nouveauté, celle de ne brandir aucune menace ni de se cacher derrière une loi sans âme, une religion sans âme. Le maître Jésus, c’est toute une nouveauté, ne donne aucun conseil. Il ne fait qu’ouvrir des portes, des chemins. Cette attitude là, nouvelle et provocante à la fois, porte en elle-même des jalons de changement. En responsabilisant plutôt qu’en accusant, Jésus fait grandir.
La lumière qui a brillé sur la terre dérange les yeux de ceux qui préfèrent le statu quo. Tellement dérangeante qu’on essaie par tous les moyens de la neutraliser. Aucun pouvoir ne peut masquer cette nouveauté. Rien ne peut arrêter la lumière Jésus.
Jésus n’est pas venu nous supplier de lever nos yeux vers le ciel pour ensuite ne plus rien voir des comportements humains inacceptables. Il refuse une religion et des comportements religieux qui ont toutes les allures d’une évasion des réalités d’en bas. Dans l’épisode du blé arraché un jour de sabbat, Jésus redirige toute l’attention sur l’humain. C’est humain d’avoir faim et même de travailler un jour de sabbat, pour s’approvisionner d’un peu de pain.
C’est rassurant pour certains. C’est insécurisant pour d’autres. Ce chemin requiert des attitudes neuves, des vêtements neufs (Mc 2, 21), un regard décapant plutôt que figé sous un amoncellement de lois. Pour utiliser le langage d’aujourd’hui, Jésus n’est en rien un fondamentalisme du religieux. Son regard sur les événements le fait voir comme extrêmement «dangereux». On le soupçonne même de connivence avec le diable (cf. Mt 12, 27).
À votre contemplation : montrons le visage de Dieu. Offrons une parole, celle qui nous fait vivre au plus profond de nous-mêmes, celle qui montre la voie d’une vraie rencontre avec Jésus. AMEN.
Ajouter un commentaire