Année A : samedi de la 33e semaine ordinaire (litao33s.17)
Jn 6, 37-40 ; Sg 3, 1-9 : l’œil est parent du soleil
Si l'œil n'était pas parent du soleil, comment pourrions-nous voir la lumière ? Si la force de Dieu ne vivait pas elle-même en nous, comment serions-nous transportés dans les choses divines. Ce sont des mots de Goethe, un passionné des sciences, un grand penseur et écrivain du XIXe siècle.
Un autre grand penseur et écrivain, ami personnel et intime de Jésus, Jean, vient de nous dire que si notre volonté n’est pas celle du Père, il nous sera difficile d’entendre de la bouche de Jésus qu’un avenir éternel nous est réservé.
Il y a une proximité de sens, une proximité de parenté entre le soleil et la lumière. Il y a une proximité de sens, de parenté, entre la volonté du Père et notre désir d’une vie qui ne se termine pas dans la mort. Ce matin, cette mémoire des défunts, est dans les faits, une adrénaline pour le temps présent. Comme le soleil est parent de la lumière, toute vie vécue en conformité avec celle du Père, est parent d’une vie qui ne retombe pas dans le néant de la mort. Telle est notre foi.
Si j’accueille cette parole de Jean (je suis descendu), qui est aussi parole de Dieu dans mes oreilles du cœur, si cette parole n’est pas une simple idéologie que je ne transforme pas en idolâtrie (homélie pape François 17/10/17), si elle n’entre pas en moi distillée par mes volontés personnelles, si, comme l’exprime le prophète Jérémie, je sais me lever et descendre dans la maison du potier (cf. Jr 18, 2) pour qu’il travaille l’argile que je suis, alors j’entends, je touche, je vois, je mange, autant de mots sensoriels pour dire que je crois en une vie dont rien, même la mort, ne peut anéantir. Je ne vis plus une vie éteinte, sans enthousiasme pour l’évangile parce que cette parole me ressuscite, me fait devenir évangile vivant. Le plus étonnant, je deviens alors à mon tour parole de Dieu pour notre temps. Parole de vie. Parole qui fait vivre.
Il y a une parenté de sens entre l’accueil de cette parole, je suis descendu pour faire la volonté du Père, et notre avenir au dernier jour, dit Jean. Quand je reçois cette parole, quand elle entre en moi par le cœur, elle devient une parole d'achèvement.
Jean, dans ce chapitre six, parle à travers le pain de vie, le langage de l’achèvement. Jésus, pain de vie, est l’achèvement visible de ce que le Père souhaite pour nous. Qui voit dans ce pain de vie le ressuscité voit un avenir à son avenir. Qui voit dans ce pain de vie le ressuscité pressent dans tout son être une autre vie qui dans le langage d’une autre époque disait qu’elle est immortelle, éternelle. Qui se laisse prendre la main par le ressuscité se voit déjà conduire vers le Père. Les âmes des justes sont dans les mains de Dieu, même si on ne sait pas ce que cela veut dire précisément (cf. Sg 3, 1).
Je suis descendu vous prendre avec moi. Plus que le bouleversement de joie que ces mots divins peuvent susciter en nous, c’est dans le silence et la prière qu’ils deviennent de mots remplis d’espérance, des mots naissances. Plus qu’une vie mortelle, exprimait saint Augustin, on devrait dire une mort vivante pour qualifier notre vie.[1] Entrer dans ces mots, je suis descendu ou une mort vivante, c’est vivre avec grande intensité que la mort n’éteint pas la lumière, elle éteint seulement la lampe parce que l’aube est arrivée (Tagore).
À votre contemplation: je vous offre ces mots qui se retrouvent à l’entrée d’un cimetière capucin à Rome, des mots qui interpellent notre époque sécularisée et qui forment en nous l’homme nouveau : ce que tu es, je fus; ce que je suis, tu seras. C’est une autre manière de dire que nous vivons en sa présence (Os 6, 2). AMEN.
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