Année A: samedi de la 3e semaine Avent (litaa03s.16)
Matthieu 1, 1-17; généalogie : voici venu le temps de la miséricorde.
En lisant La joie de l’amour, je fus étonné, voire surpris, de réaliser comment cette généalogie est faite de situations imparfaites, d’échecs, de ruptures familiales. Aucune ne répond aux critères de bonnes mœurs. Jésus est né d’une longue lignée d’imparfaits. Il est d’une lignée de gens qui s’aimaient mal, au milieu d’une complexité de situations familiales. Cette lignée aux mœurs quelquefois douteuses, est le chemin qui annonce l’arrivée de celui qui essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n’y en aura plus; de pleurs, de cris et de peine (Ap 21,4). Cette lignée d’imparfaits ne saurait cacher aux yeux contemplatifs que la beauté demeure inchangée malgré tant d’obscurités et de propositions alternatives (cf. Misericordia et misera, no 14).
Pour confirmer qu’il est vraiment homme, Jésus est né d’une lignée non exempte de failles. La bible, dit La joie de l’amour (no 8), abonde en familles, en générations, en histoires d’amour et en crises familiales depuis la première page où entre en scène la famille d’Adam et Ève, avec leur cortège de violence [...] jusqu’à la dernière page où apparaissent les noces de l’Épouse et de l’Agneau.
Dans un autre passage, le texte observe qu’un chemin de souffrance et de sang traverse de nombreuses pages de la Bible [...] violence fratricide de Caïn et Abel [...] entre les épouses des patriarches [...], jusqu’aux tragédies qui souillent le sang de la famille de David (no 20).
Sa naissance est le plus beau geste d’exagération de la miséricorde de Dieu à l’endroit de sa lignée. Sa plus belle œuvre de miséricorde à notre endroit. Elle est l’aboutissement d’un projet divin de nous rendre divins. Cette lignée d’imparfaits en chemin vers la plénitude de la perfection dans la figure de sa mère nous tourne vers l’avenir avec espérance et nous remet en route. Désormais, nous pouvons revivre, vivre dans l’amour (cf. Ep 5, 2).
Comme l’exprime souvent le pape François, personne n’est condamné. Sa naissance atteste que l’amour est le premier acte par lequel Dieu se fait connaître et vient à notre rencontre; que l’incarnation est l’achèvement de la création (Bonaventure) et qu’elle atteste la beauté de l’ordre de la création. Nous complétons cette beauté en laissant Jésus naître en nous.
L’amour de Dieu pour le monde est si grand, nous dit une préface du temps ordinaire (no 7) que tu nous as envoyé un sauveur. Tu l’as voulu semblable aux hommes en toute chose à l’exception du péché, afin d’aimer en nous ce que tu aimais en lui. En ouverture de la lettre Miséricordia et misera, on lit que tout se révèle dans la miséricorde, tout se résout dans l’amour miséricordieux du Père et qu’aucun d’entre nous ne peut poser de conditions à la miséricorde (no 1). À l’être humain qui se comporte en tyran, Jésus introduit son signe distinctif, celui de l’amour, de son amour. Comprenons-nous toute la profondeur qui se cache dans cet amour ?
En entrant dans ce tournant final nous conduisant à Noël et que la liturgie appelle les grandes odes, notre contemplation nous introduit, en autant que faire se peut, à opter pour les comportements de Jésus, sa bonté, tout en sachant que nous n’y parvenons pas totalement. L’atteinte de la perfection nous est impossible.
Il nous faut seulement être en mouvement vers une existence plus évangélique. Cette généalogie nous rend capables de regarder toutes les difficultés humaines dans l’attitude de l’amour de Dieu qui ne se lasse jamais d’accueillir et d’accompagner (cf. Joie de l’amour, no 191-200). Dieu se penche sur nous (cf. Os 11, 4) pour que nous puissions l’imiter et nous pencher sur nos frères (cf. Misericordia et misera, no 16).
Que cette généalogie imprime en nous ces paroles de l’apôtre Paul : autrefois, vous n’aviez pas obtenu misé-ricorde, mais maintenant vous avez obtenu miséricorde (1 P 2, 10). AMEN.
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