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2016-C-Mtt.5, 43-48 -samedi première semaine carême -ce n'est pas raisonnable, mais c'est chrétien:

Année C: samedi de la première semaine du carême (litcc01s.16)
Matthieu 5, 43-48 : ce n'est pas raisonnable, mais chrétien
 
Ma première réaction est celle d'un enfant : maman, est-ce que les méchants peuvent devenir gentils ? Est-ce qu'aimer les super-méchants les rendra gentils ?  La question de l'enfant soulève une question plus fondamen-tale : comment dépasser la violence ?  La réponse de Jésus vise justement à briser le cercle de la violence.  Il ne nous dit pas de tout accepter, même les brutalités, mais il nous demande de ne pas réagir à la violence par la violence. Le pape François nous appelle à dépasser cette violence : rester sur le chemin du mal n’est que source d’illusion et de tristesse. La vraie vie est bien autre chose. Dieu ne se lasse pas de tendre la main.
 

Mais ce n’est pas facile d’aimer comme Dieu. Aimer ceux qui nous aiment est dans nos gênes. C'est naturel. C'est normal. Jésus veut qu'on aime en chrétien, pas seulement en humain. On peut toujours s'efforcer de ne pas juger, de ne pas haïr, mais d'aimer ses ennemis, ceux qui nous blessent, c'est autre chose.  Nous sommes tous à un moment ou l'autre des offensés.

Toutes les religions du monde préconisent d'aimer son prochain. Rien dans les philosophies anciennes, dans l'Ancien Testament, dans la loi de Moïse n'annonçait ce développement. Le précepte qui nous demande d'aimer ses ennemis est exclusivement un précepte évangélique qui ne peut sortir que de la bouche de quelqu'un qui parle d'expérience.

Jésus en parle comme le signe de l'arrivée de la bonne nouvelle. Agir en chrétien, c'est aimer ceux qui ne sont pas aimables à nos yeux. C'est manifester de la tendresse, de la douceur envers ceux qui n'ont pour nous que de l'aigreur, et à qui nous signifions subtilement la même attitude. Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples (Jn 13, 34) si vous répondez au mal par le bien. C'est le chemin pour poursuivre aujourd'hui la perfection de Dieu.

Cet appel dépasse tout entendement humain. Tout ce qui est raisonnable. On peut ne pas haïr quelqu'un, mais ce n'est pas pour autant l'aimer. Ne pas lui garder rancune et colère ne signifie pas qu'on l'aime. Aimer, c'est plus que l'absence d'animosité dans nos cœurs. C'est un bien supérieur. Il ne s'agit pas seulement de faire du bien à nos ennemis (ceux qui nous blessent, nous offensent), mais de penser du bien d'eux, dit saint Silouane. Si nous n'avons pas appris cela du Saint-Esprit, nous ne pourrons pas aimer.

Jésus a été le premier à expérimenter cela dans l'histoire humaine. Il a prié pour ses ennemis. Il a pensé du bien d'eux. Il veut que nous fassions la même chose. Ce précepte, et non pas le martyr,  est la marque sans équivoque des chrétiens.

Lors du baptême, une question est  posée : que demandez-vous à l'Église de Dieu ?  Qu'elle nous apprenne à aimer comme Jésus. Mais comment aimer ceux qui prennent la décision d’effectuer un bombardement et de tuer tant de personnes ? Comment aimer ceux qui, par amour de l’argent, ne recherchent que leur intérêt, leur pouvoir et qui font tant de mal ? (François, Homélie du 19/6/13). Le pape répond : je ne sais pas, mais Jésus nous le demande. Saint Silouane répond :seulement si nous avons en nous la présence et l'action de l'Esprit-Saint.

C'est seulement en regardant Jésus jusqu'à devenir une nouvelle incarnation de sa vie, en étant «saisis» par la beauté de son action, «convertis» à son refus de ne pas vouloir aux autres la même souffrance qu'ils nous imposent, «revêtus» de l'Esprit-Saint que cet appel peut résonner en nous comme «raisonnable». Jésus nous commande ce qui ne se commande pas. Si nous pensons que l’amour est de l’ordre du ressenti, nous ne pouvons pas comprendre cette nouveauté qui se trouve à mille lieues de notre culture pour qui aimer est un sentiment. Je t’aimais, c’était bien, je ne t’aime plus ...il faut être sincère, il faut accepter ce qui est.

Heureux celui qui s'attache à toi loi, Seigneur (Ps 118). Notre attachement à cet appel est le critère qui atteste que nous appartenons au Christ. Celui qui veut connaître le Seigneur doit aimer ses ennemis. Celui qui pense du mal de ses ennemis   ne connaît pas que Dieu n'est que miséricorde. AMEN.
 

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Date: 
Lundi, 1 février, 2016

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