Année C: samedi, 15e semaine ordinaire (litco15s.16)
Matthieu 12, 14-21 - Fils et serviteur
Voici mon serviteur, dont parle Isaïe, deviendra, dans l'évangile, voici mon fils bien-aimé. Serviteur et fils, des mots différents pour parler de la même personne. Du fils de la promesse. De celui qui a en lui toutes les semences de la descendance qui sera nombreuse comme les étoiles du ciel, comme les grains de sable sur le littoral. Fils bien-aimé. C'est l'expression qu'on trouve dans la salutation que Dieu fait à Jésus à son baptême: Tu es mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute ma confiance (Mt 3, 17). Ce Fils est, dans les mots d'Isaïe, mon serviteur que j'ai choisi, mon bien-aimé en qui j'ai mis ma joie.
Inimaginable. Dieu présente son fils bien-aimé comme un serviteur, comme quelqu'un qui n'a pas la première place, dont la première responsabilité est de servir avec empressement. D'être entièrement dépouillé, disait la première lecture. Dieu présente son Fils comme un chemin, son chemin. Récemment, l'architecte Jean Claude Marsan affirmait que sans les rues, le développement urbain est impossible. Sans chemin, le projet de Dieu est impossible à réaliser.
Voici mon serviteur, mon Fils; mais attention, il ne se pavane pas devant tout le monde. Il est discret. Ne veut pas de publicité. Ne veut pas imposer à personne de croire en Lui. Le texte dit, n'écrasera pas le roseau froissé. Aux heures les plus horribles de sa vie, ce Fils ne criera pas, on n'entendra pas sa voix.
Se dégage de notre évangile ce matin que Jésus ne se presse jamais de se faire valoir alors que la tendance autour de lui est celle de se mettre en évidence. En filigrane de notre Évangile, un mot surgit qui nous fait culbuter dans une autre culture : celle de la discrétion, de l'humilité de Dieu.
Devant nos yeux, ce matin, non pas un Messie attendu, revendicateur, guerrier, mais bien un messie inattendu qui prône une autre culture que celle de tout faire pour être bien vu, bien adulé, bien populaire qui infecte et déforme tout. Jésus, que le Père a présenté comme son chemin à Lui, nous propose d'être des minorés. C'est la nouveauté de l'Évangile. C'est la Bonne Nouvelle de l'Évangile. Il nous propose un projet de maison nouvelle, un royaume, dans lequel nous serons heureux.
Je termine par cette réflexion audacieuse qu'un laïc engagé dans sa foi, Emmanuel Faber, livrait à des étu-diants recevant leur diplôme universitaire (fin mai): vous allez avoir un grand pouvoir entre les mains. Mais la question est : qu'allez vous faire de cela ? Pourquoi allez-vous vous retrouver dans les finances, dans le marketing, comme avocat, entrepreneur social, un business leader ? Et comment allez-vous réaliser votre leadership dans ces domaines ? Vous aurez à surmonter trois écueils qui viendront facilement avec le sta-tut que vous venez d'obtenir par ce diplôme : le pouvoir, l'argent et la gloire. La gloire, oubliez ça, c'est seu-lement une course sans fin qui ne mène nulle part. […] L'argent, j'ai vu tellement de gens en être prisonniers […]. Soyez libres de l'argent, restez libres. […] Le pouvoir n'a de sens que si votre leadership est un service.
Que Notre Dame du Carmel nous délivre de notre volonté propre, de notre désir d’être estimés, affectionnés, recherchés, consultés, honorés, loués, préférés, approuvés. Qu’elle nous accorde de ne désirer que son chemin. AMEN.
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