Année C: Mardi, 5e semaine ordinaire (litco05m.16)
Marc 7, 1-13 : trouver tous les autres magnifiques
À la veille du carême, il est bon d'entendre ce message très humain de Jésus qui refuse de placer sur nos épaules un fardeau trop lourd à porter. Jésus, ce matin, devant ses opposants qui lui reprochent de ne pas se laver les mains, leur donne un principe de vie. Une clé pour bien vivre le carême.
Célébrer Dieu c'est bien. Le culte à rendre à Dieu, c'est bien, mais un culte sans amour, un culte pour sauver la face ne vaut rien. Un carême sans amour ne vaut rien. On peut avoir l'air de priant, mais sans œuvres de miséricorde, comme l'indique Isaïe, cela risque de sonner faux. Jésus appelle à une conversion des mentalités qui demande temps et détachements. Ce n'est pas parce qu'on a toujours fait ainsi (EG # 33) qu'il faut continuer à faire la même chose.
En bon observateur qu'il est, Jésus note que les détails occupent la première place dans la pratique de la religion, alors qu'on délaisse des choses bien plus essentielles comme aider quelqu'un en besoin d'aide même le jour du sabbat. D'où sa vive réaction: vous êtes des hypocrites.
Le message de Jésus est clair : on peut être un bon pratiquant constant, mais si le cœur n'y est pas (cf. Lumen Gentium, 14/36) notre pratique devient hypocrite. En cette veille de notre entrée en carême, Jésus nous propose de passer de la purification des mains à la purification du coeur, le nôtre et non celui des autres, et conséquemment à la purification de notre regard sur l'autre.
Ce qui nous est insupportable ce ne sont pas nos comportements, mais bien ceux des autres. C'est plus difficile d'endurer les imperfections des autres que les nôtres. Quelqu'un qui se déclarait incroyant disait que la charité consiste moins à vouloir du bien aux autres qu'à les trouver tous magnifiques et à ne pas se rassasier de les voir. À mes yeux, cet incroyant ne devait pas être loin de Dieu pour dire ça.
La priorité de Jésus est de jeter un regard de compassion, de compréhension sur les autres. Il a un regard miséricordieux jusqu'à trouver les autres tous magnifiques. Jésus propose à ses opposants un nouvel équilibre entre la pratique extérieure de la religion, le coeur et la vie sociale. Entre l'extérieur et l'intérieur. Il souhaite de nous voir vrais. Que nous refusions de nous mentir. Non pas le mensonge banal et infantile, mais le mensonge profond. Il veut que ses opposants chassent de leur vie ce porte-à-faux au nom de la religion. Quel beau programme pour notre carême !
Jésus aurait pu dire à ses disciples qu'on ne va pas faire la guerre parce que les pharisiens se lavent les mains avant de prendre leur repas. Pour lui, ce sont là des rites qu'il ne rejette pas. Mais il soulève une question : à quoi peut bien servir ce geste cultuel si je ne peux leur venir en aide le jour du sabbat ? C’est le cœur qu’il faut surveiller. Si le cœur est dans l’amour, tout ira bien selon Dieu.
Le geste le plus beau à poser, le culte le plus parfait est de porter sur les autres un regard pénétrant. Nos regards s'arrêtent souvent au seul geste extérieur avec le risque de se renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée (EG, 49).
Porter sur les autres et les chefs religieux un regard non complaisant sur leur comportement, mais un regard interpellant leur motivation profonde qui manifeste toute sa tendresse, voilà ce qui anime Jésus dans toutes ses réactions. L'essentiel n'est pas ce qu’on voit, mais bien ce qui déborde du cœur. Guérir nos regards, voilà un programme pour notre carême. Il faut sortir de nos renfermements sur nous-mêmes jusqu'à porter sur les autres un regard de charité (Bulle Visage de la miséricorde, # 4). AMEN.
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