Année C: mardi de la 24e semaine ordinaire (litco24m.16)
Luc 7, 11-17 ; 1 Co 12, 12-14.27-31 : prends ta vie en main, lève-toi et marche
Qui est mort ce matin ? Qui descend dans la tombe ? Qui se redresse de la mort ? Une réponse est incontournable : la mère autant que le fils. Et si c'était nous aussi tant notre peu de foi nous fait manquer de Souffle au point de ne plus voir les bourgeons de printemps.
La mort du fils de la veuve de Naïm fait son œuvre aussi dans la mère. Elle conduit à la mort cette femme dé-sormais sans soutien, seule, abandonnée. La nuit l’enveloppe, le froid la gagne, le vide envahit son cœur de mère. Elle se voit descendre dans la tombe.
Jésus, en arrêtant ce cortège de morts, ne voit pas seulement ce fils inerte. Son regard se porte aussi sur cette femme morte de douleur et désormais sans ressource. En remettant de la vie dans le corps de son fils, Jésus injecte une dose de vie à la mère. Sa parole fait reculer la mort. Il rend le fils à la vie. La mère à la vie. Il a stoppé la contagion de la mort.
Le cœur de ce récit n'est pas la mort, mais la tendresse de Jésus envers la mère et le fils (catéchèse au pape François, le 10 août 2016). Devant la souffrance, Jésus ne se contente pas de mots, il agit. Il demande de ne pas s'ar-rêter. Il invite à reprendre la route. Jésus ne se contente pas de dire une parole qui fait du bien. Il a une manière bien concrète de toucher la fragilité, de se faire proche des autres là où ils se trouvent.
Toucher, c'est la manière de Jésus de soigner les blessures. Pour l'exprimer en paraphrasant l'évangile, quand Jésus est ému jusqu'aux entrailles, il ne craint pas de toucher, n'a pas peur de caresser. Jésus n'abandonne personne. Le pape a une belle formule : partir du cœur pour arriver à nous donner des mains qui touchent et qui relèvent.
Et si ce fils porté en terre était chacun d'entre nous qui éprouvons une mort spirituelle. Et Jésus, saisi de pitié jusqu'aux entrailles devant nos vies peu enracinées dans une foi profonde et distraite par un petit troupeau d'appétits d'imperfection (Thérèse Benedicte de la Croix), nous fait entendre ses mêmes paroles: lève-toi.
Hier, c'était la veuve et son fils que Jésus a sortis de leur tombe. Aujourd'hui, c'est nous qui avons besoin d'entendre Jésus nous adresser cette belle parole, lève-toi. Arrêtons de descendre dans la tombe de l'inquiétude, du découragement. Comme chrétiens, comme communautés chrétiennes, comme Église, nous avons besoin d'une rencontre vraie avec Jésus pour cesser de ruminer un passé qui, dit Augustin, est passé et ne reviendra pas.
Nous avons besoin qu'un cortège de vie rencontre nos cortèges de morts pour nous relever, sortir ce qui est mort en nous. Et Saint Paul nous rappelle cela: quand une partie du corps est malade, c'est le corps entier qui en souffre.
Lève-toi. Quel bonheur a dû éprouver Jésus en mettant fin à la séparation de la mère et du fils ! Quelle puissance de vie dans ces paroles: lève-toi; qu'il a adressé à la fille de Jaïre (Mc 5, 21-43), au paralytique descendu du toit (Lc 5, 17-26), à son ami Lazare (Jn 11, 1-57), et qu'il adresse à chacun d'entre nous. Et si nous mesurions que jour après jour, nos paroles ont aussi la puissance de faire vivre. De redonner vie. De remettre en route.
À nous dire à nos proches, à nos enfants, à nos leaders religieux et pasteurs, lève-toi. Tout le monde n'est pas un apôtre, tout le monde n'est pas prophète, tout le monde n'est pas enseignant; tout le monde n'a pas à faire des miracles, à dire des paroles mystérieuses, disait Paul en conclusion de la première lecture. Mais nous pouvons tous dire ces paroles pleines de compassion et qui remettent en marche des cœurs emprisonnés dans leur tombe de tristesse, dans des troubles psychologiques ou encore habités par la haine : lève-toi. Comme Jésus, quelle joie aurions-nous de remettre en marche. AMEN.
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