Année C : samedi de la 34e semaine ordinaire (litco34s.16)
Luc 21, 34-36 : sommes-nous assurés contre la somnolence?
Les paroles de cet évangile, qui terminent notre année liturgique, ne sont pas des paroles parmi d’autres. Elles ne sont pas non plus une mélodie parmi tant d’autres. Elles font entendre une symphonie quotidienne dans votre vie : restez éveillés, priez en tout temps [...] de crainte que votre cœur ne s’alourdisse pas.
Au terme de l’année de la miséricorde, Jésus nous donne un avertissement miséricordieux pour échapper à tout ce qui doit arriver et pour nous tenir debout. Il murmure à nos oreilles de prendre garde, de veiller et de prier, car le temps présent, temps de l’Esprit [...] est aussi marqué par la détresse (1Co 7, 26) et l’épreuve du mal qui n’épargne pas l’Église (Catéchisme, no 672).
À mots couverts, Luc nous fait sortir de nos courtes vues et entrer dans une histoire de germination lente d’un salut que Jésus réalise en sa personne. Jésus fait comprendre à ses disciples que l’attitude fondamentale de leur vie est la vigilance. Aujourd’hui, cette attitude est remplacée par l’assurance. Pas besoin d’être vigilant, je suis assuré contre ça. Nous l’expérimentons, Jésus ne nous donne pas d’assurance contre l’endormissement. Il nous veut éveillés parce que le danger de l’engourdissement est réel.
Ce qui intéresse Jésus, c’est notre comportement de tous les jours. C’est aujourd’hui que le Christ nous veut vigilants dans la prière. De cette vigilance dépend la qualité de vie de tout chrétien, de votre communauté. L’apôtre Paul utilise un langage imagé pour parler de la vigilance. Il invite à nous arracher au sommeil (Rm 13, 11). Vous êtes, ici, une communauté vigilante, une maison où l’on veille, une maison aux fenêtres éclairées quand toutes les autres sont dans le noir. Quelle belle mission vous avez !
J’ai lu quelque part cette belle phrase : on surveille au nom de la loi (caméras de surveillance); on veille au nom de la tendresse. Veiller révèle la tendresse que nous avons pour ceux et celles que nous aimons. Pour celui qui veille toujours sur nous. Pour celui qui aime.
L’évangile est plein de scènes où Jésus veille sur nous. Il est ce père qui chaque jour se rend sur le haut de la colline, attendant le retour de son plus jeune fils. Il est ce samaritain qui veille à offrir au blessé de la route son temps, son argent. Il est tellement soucieux de la foule sur la montagne, qu’il refuse de l’envoyer sans d’abord s’assurer qu’elle n’a plus faim. Il est ce berger qui sort chercher la brebis perdue.
Mais veiller, être vigilant, dès le lever du jour, à la mie journée, en soirée, n’est pas facile. Ce n’est pas aussi évident que cela paraît à première vue. Il n’est pas facile de faire de notre vie un mystère de donation de soi à Dieu parce que cela passe par un refus de nous donner de l’importance. Il n’est pas facile d’entrer dans cette mer sans fond, sans rive, qu’est le mystère du Christ.
Pas facile, lorsque que, chaque matin, les bruits du monde, ceux d’un rêve brisé, de l’échec d’une terre amicale risquent de nous tenir plus en éveil que la prière. D’où cette demande, ouvrant nos journées et chantée par des voix encore endormies: aujourd’hui, écoutons la voix du Seigneur, chantons les bontés du Seigneur (Ps 88) qui veille sur chacun de nous.
Seule, une vie éveillée, une vie d’adoration, une vie de prière en tout temps, sans se lasser, peut nous introduire dans le mystère de sa personne. Quand une moniale dort, Satan marche sur la pointe des pieds pour ne pas la réveiller (La Bonne Semence). Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable (Ep 6, 10-12) .
Vous voulez vous tenir éveillés, répétez sans cesse : Dieu, viens à mon aide ! Hâte-Toi de me secourir ! (Ps 69, 2). AMEN.
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