Année C: mardi de la 5e semaine de Pâques (litcp05m.16)
Jn 14, 27-31 : une prise de conscience qui peut changer nos vies.
Il n'y a rien de plus douloureux et mystérieux que le phénomène de la prise de conscience. Comment parvenir à voir ce que je ne vois pas, à percevoir ce qui, en moi, reste inconscient et qui me coupe de moi-même ? Comment se fait-il que je ne voie rien alors que c'est sous mes yeux ? Nous n'en finissons jamais de découvrir du nouveau sur nous, sur nos réactions.
Prendre conscience. Ce matin, Jésus remet en question notre prise de conscience de nos manières de vivre. Vivons-nous stressés ? Vivons-nous dans l'inquiétude ? Appréhendons-nous la prochaine rencontre commu-nautaire ? Comment vivons-nous les désaccords entre nous ? Sommes-nous pris dans un tourbillon de responsabilités qui peut conduire au stress surtout pour les personnes perfectionnistes ? Toutes ces situations peuvent être supportées, si nous avons la paix intérieure, celle que nous offre le Christ pascal. La paix soit avec vous.
Jésus propose de prendre conscience que nos perturbations résultent de notre éloignement de Dieu. En affirmant ne s'être aucunement et jamais éloigné de Jésus, une personne est un peu inconsciente. L'expérience de chacun d'entre nous confirme que nous sommes des personnes divisées, souvent éloignées de Jésus. Cela entraine une perte de paix intérieure.
La paix que nous propose Jésus provient d'une vie « unifiée ». Elle est la victoire ultime contre les forces de division en nous. Nous perdons la quiétude quand des « démons » nous contrôlent. La paix naît de cette impérieuse exigence de mener une vie unifiée.
Le fait de se sentir partagés fait partie de nos vies. D'une certaine manière, nous sommes des êtres divisés entre les choses d'en haut et celles d'en bas, entre croire ou ne pas croire, entre faire confiance ou pas, entre aimer ou haïr quelqu'un. Cela nous paralyse, affecte nos engagements.
Les situations de haine et de violence actuelles nous appellent à approfondir notre rencontre avec Jésus qui est notre paix (Ep 2, 14). C'est notre relation à Jésus qui détruira tous ses « démons » qui perturbent nos vies. En elle, nous puiserons l'énergie pour vivre en paix avec nous-mêmes et nous supporterons mieux les divisions entre nous, sans ajouter des ingrédients pour tout faire exploser.
Je vous laisse ma paix. Ne vous inquiétez de rien, dira Saint Paul. En nous laissant sa paix au moment de son départ annoncé, Jésus partage avec ses disciples sa manière de vivre. Je vous laisse ma manière de vivre. Mais Jésus est [aussi] notre paix parce qu'en sa personne il a tué la haine (Ep 2, 14). Malgré des perturbations de toutes sortes, Jésus vivait dans un état de tranquillité intérieure, un état de paix qui étonnait son entourage. Un état de non-haine. Il gardait son calme comme si rien ne l'atteignait. Il n'était pas un être divisé par des « démons » intérieurs.
On peut répliquer: mais Lui il était Dieu. Nous sommes incapables de vivre comme lui. Ce raisonnement est généralement un prétexte pour ne pas progresser. Pour ne pas changer d'attitude.
Ce souhait de Jésus de nous voir vivre en paix en nous-mêmes et entre nous s'instaure en nourrissant notre relation avec Jésus. C'est dans notre communion avec lui que tout commence. Cette paix se poursuit quand nous déposons en Lui nos fardeaux, nos fardeaux personnels et ceux des personnes qui nous entourent. Jésus aux heures difficiles a déposé entre les mains de son Père ce qui lui devenait impossible à porter seul.
Cette paix du Christ est notre consolation. Notre joie. Que le Christ qui reviendra nous communique le courage d'être des créateurs de paix. Que chaque geste, chacune de nos paroles ne fasse pas de nous des chrétiens qui attendent encore de mener une vie de ressuscités. AMEN.
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