Année B: Mardi 10e semaine ordinaire (litbo10m.15).
Matthieu 5, 13-16 : partage ta lumière.
Nous sommes des gens lumineux. Étonnants. Stupéfiants. Ce n’est pas une blague. C'est Jésus qui vient de nous dire cela. Vous êtes la lumière du monde. Ce n'est pas pour chatouiller notre orgueil. C'est parce que c'est vrai que Jésus nous dit cela. Il ne fait que poursuivre dans la lignée des prophètes. Isaïe ne disait-il pas J'ai fait de toi la lumière des nations afin que mon salut soit présent jusqu'aux extrémités du monde (Is 49, 6).
Jésus ne dit pas recevez la lumière et transmettez-la. Il ne dit pas que la lumière de Dieu soit en vous. Il dit vous êtes. La lumière étant le vêtement de Dieu commente superbement Angelus Silesius (1624-1677), Jésus nous voit donc comme il se voit. Mais ajoute-t-il, si tu la perds, sache que tu n'as pas encore perdu Dieu (L'errant chérubinique, 11,5). On ne peut pas perdre notre nature profonde.
Si Jésus affirme cela en conclusion de sa première prise de parole, de son premier discours sur la montagne chez Matthieu, c'est qu'il veut marteler un aspect dont il ne dérogera jamais : redonner la dignité, une dignité personnelle à chacun quelque soient les maladies (pape François) qui peuvent nous affecter. C'est la base de son évangile.
Cette déclaration belle et audacieuse de notre dignité, étonne d'autant plus que ces paroles s'adressent à un auditoire de gens ordinaires, incluant ses disciples. C'est à eux, à eux sans éducation, sans titre, et non à des «intellectuels» que Jésus dit : vous êtes la lumière du monde.
Pour Jésus, chacun de nous peut apporter quelque chose d'unique aux autres. Nous en faisons l'expérience quand à un moment ou l'autre dans notre vie, nous venons en aide à quelqu'un. Handicapés, malades, criminels, aucun être humain ne peut perdre cette dignité qui est à l’origine même de notre existence. Nous n'avons pas à mériter cela. C'est notre nature profonde. Rien ne peut déraciner cela de nous.
La question à se poser : comment savoir si nous sommes lumineux ? Regardons nos manières de parler. Si nos paroles favorisent l'éclosion de bourgeons de vie, si elles font du bien aux autres, si nous gardons le cap de la sérénité même dans des situations tendues, si nous dégageons de la bonté, de la douceur, ce sont là autant de signes que nous sommes des fils de lumière. C'est notre relation personnelle avec Jésus qui nous maintient en état «lumineux». En ouvrant l'année de la vie consacrée, le pape François lançait un appel qui s'adresse à tous les chrétiens : réveillez le monde, réchauffez le monde par votre lumière intérieure, par votre joie intérieure.
Pour savoir si nous sommes lumineux, écoutons le prophète Isaïe en préciser le chemin à son peuple : Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. ALORS ta lumière jaillira comme l'aurore. Et un peu plus loin, il ajoute: Si tu fais disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ALORS ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi (Is 58, 7-10). C’est ainsi que les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde, plutôt que par de pompeuses processions, conférences et démonstrations de tout genre.
Dans une homélie avec le style qui le caractérise, le pape se réjouissait d'observer qu'il existe des chrétiens lumineux, pleins de lumière qui cherchent à servir le Seigneur. Il y a aussi des chrétiens ténébreux qui mènent une vie éloignée du Seigneur. Nous avons aussi un troisième groupe de chrétiens qui ne sont ni lumineux, ni sombres. Ce sont des chrétiens gris. Paul vient de nous dire qu'il ne faut pas être à la fois oui et non.
Ne perdons pas l'étonnant regard que Jésus pose sur nous. Soyons ce que nous sommes. Des gens merveilleux, ni gris, ni sombres, mais capables de réchauffer les cœurs. Que votre lumière brille pour ceux qui sont autour de nous. AMEN.
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