Année B: Samedi 5e semaine ordinaire (litbo05s.15)
Marc 8, 1-10 : quelle bonté humaine que Jésus
Ce matin, nous ne sommes pas devant une démonstration merveilleuse de la puissance illimitée de Jésus ni même devant la plus grande parmi les œuvres puissantes de Jésus. C'est généralement ainsi que l'on comprend ce passage de Marc.
Nous sommes en présence de la beauté d'un Jésus pleinement humain. Humain, ce Jésus, quand il porte une écoute empathique à ses disciples, lui racontant leurs joies et déceptions à leur retour de mission. Humain, ce Jésus, quand il prononce ces mots si bouleversants d'humanité et de délicatesse : si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en route. Le pain partagé, plutôt que la multiplication des pains disent certains auteurs, est l'une des plus grandes démonstrations de miséricorde de Jésus. De la compassion toute humaine de Jésus.
Par ce geste du pain partagé, Jésus n'agit pas à la manière des rabbins qui ne parlent pas leur propre parole, selon l'expression du Père Pierre Calimé, et qui répètent des discours venus d'ailleurs, qu'ils ont appris des autres. Jésus, lui, s'implique dans ce qu'il dit. Il montre, qu'humain qu'il est, comment profond il a pitié de la foule. Il sait qu'il est venu pour promouvoir notre bien-être dans son intégralité.
Geste révélateur de ce que Dieu est : il donne ce qu'il est. Il partage avec nous ce qu'il est. C'est humain de mettre en commun ce que nous avons. Au lieu de multiplier le peu qu'il avait, il l'a partagé. Ne dit-on pas quand il y en a pour deux, il y en a pour trois ! Geste-programme de toute vie : donnez, dit Jésus, et ce n'est pas anodin de l'observer, alors que les disciples parlent se procurer (d'acheter). Geste révélation d'un monde nouveau, celui du partage, axe central de toute sa vie. Geste inaugural du refus à travers les âges de la mondialisation de l'indifférence (François, message carême 2015).
Ce geste, il était déjà préfiguré dans cette demande d'Élie à la veuve de Sarapta : Va, nourris-moi d'abord de ta pauvreté, et tes richesses ne s'épuiseront pas (Augustin). Il se laisse contempler dans ce petit grain de semence qui est devenu un arbre (cf. Mc 4, 26-34). Ce geste n'est pas une parenthèse dans la vie de Jésus. C'est quelque chose de beaucoup plus. C'est une manière de vivre. Un chemin pour toucher les cœurs. Une source évangélisatrice.
Marc, ici, nous montre un Jésus qui refuse que soit mondialisé le non souci des autres. Ce ne sont pas les miracles qui parlent le mieux de Jésus et qui l'ont conduit à la Croix, mais tous ces petits gestes de compassion, de solidarité. Le message est limpide : partager le peu qu'on a n'appauvrit pas. Ils emportèrent douze paniers pleins de morceaux de pains et de poissons.
Autant dans ce peu partagé, autant dans ce grain de sénevé jeté en terre (Mc 4, 30-32), autant dans le petit nombre d'apôtres, autant dans ce peu de vocations, Jésus nous présente ce qu'est à travers les âges, la bonne nouvelle. Question : comment ce geste de faire grand avec peu se reflète-t-il dans nos vies présentement ?
Hier, c'était à ses disciples qu'il demandait qu'avez-vous à donner. Aujourd'hui, c'est à chacun de nous qu'il demande la même question. Notre réponse sera toujours, comme hier, trois fois rien. Mais avec nos trois fois rien pour affronter le drame de toutes ces faims spirituels, Jésus en fera quelque chose de grand.
Jésus maintenant rompt le peu que nous offrons. Le peu que nous déposons sur l'autel. Ce peu, nos «riens» que nous déposons sur l'autel, nous rassasie et nous avons besoin chaque jour. Sans ce peu de nos «riens» il n'y aurait pas d'eucharistie. Regarde bien, dit saint Augustin, ce que l'on te sert car tu devras en faire autant. AMEN.
Ajouter un commentaire