Année B : Samedi 3e semaine ordinaire (litbo03s.15)
Mc 4, 35-41 une tempête pour éveiller la foi en nous.
La jeune équipe de Jésus est encore en période de formation. De probation. Elle va de découverte en découverte sur Jésus. À chaque détour de la route, à chaque rencontre de Jésus avec la foule, les chefs religieux, les malades, elle en apprend un peu plus sur qui est Jésus.
Déjà fascinés par l'énormité de travail que Jésus accomplit dans une journée, les disciples se réjouissent, au soir tombant, de l'entendre dire passons sur l'autre rive. Aucune surprise chez eux de voir Jésus fatigué et dormant sur le coussin tant la journée fut bien remplie. Mais une peur incontrôlable les envahit devant cet «autre» Jésus qui impose au vent le silence. Ils n'ont pas encore abandonné leur manière toute humaine de regarder Jésus.
En ouverture de son Évangile, Marc qui écrit une trentaine d'année après la mort de Jésus et pour une communauté persécutée qui s'interroge sur la présence du Ressuscité en ces heures pénibles, se positionne. Il leur présente les deux faces de Jésus : le Jésus, fils de Marie et Joseph et le Jésus, fils de Dieu.
Les disciples ont peur, se sentent en perdition parce qu'ils n’ont pas cette confiance totale en Jésus qu’avait Thérèse de Lisieux qui aurait tant voulu être dans cette barque sans réveiller Jésus. Ils ignorent qu'il ne dort ni le sommeille, le Gardien d'Israël (Ps 121, 4). Ils ne se souviennent pas, affolés qu'ils sont, que les eaux, en te voyant Seigneur, [que] les eaux en te voyant, tremblèrent [et que] l'abîme lui-même a frémi (Ps 76, 17) ni de la voix de Job qui au milieu d'une grande tempête, entend Dieu lui dire : c’est Moi qui suis le Maître de la violence des flots (Job 38, 1-8).
Ce cri, ce n’ayez pas peur est un fil rouge qui courre tout au long de l'évangile de Marc. Il s'adresse à une communauté déroutée, traumatisée par les persécutions et qui s'interroge à savoir où est le Christ ressuscité ? Ce cri, il faut aussi le laisser résonner en nous quand la tempête fait rage.
Ici, la tempête a un visage : la perte du goût de Dieu, ne plus rien éprouver de sa présence, de vivre des journées entières dans une observance purement extérieure de la loi alors que le coeur n'y est plus. Qu'il est difficile de garder le cap de la sérénité dans la nuit ! En ces moments là écrit Alphonse de Liguori Dieu ne veut pas se faire reconnaître mais seulement aimer.
Le message de Marc est très humain. Il démontre que dans toute situation de détresse, que lorsque nous sommes dans l'oeil du cyclone, c'est le sauve qui peu qui domine. Émerge un fort sentiment, une panique incontrôlable. Ce Jésus qui dort est un appel à garder le cap de la confiance dans la nuit. Jésus dort pour réveiller notre foi, la ressusciter parce que peut-être endormie dans une manière toute routinière de prier. Cette tempête, Mère Térésa avec sérénité, l'a affrontée tant elle a vécu toute sa vie dans le noir le plus complet.
Admettons-le. Il est difficile de ne pas s'affoler quand ce tsunami nous frappe. Il est difficile alors de signer nos vies de ces mots-poèmes de Thérèse d'Avila : Que rien ne te trouble que rien ne t'effraie, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Difficile de chanter avec le coeur que le Seigneur est mon secours de qui aurai-je crainte (Ps 56), [que] le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? [que] le Seigneur est le rempart de ma vie (Ps 26,1)
À votre contemplation : Le véritable enjeu, ce n'est pas le pourquoi de la tempête, il y en aura toujours. Vous le savez, la vraie perfection ne consiste pas dans les consolations mais dans la réponse que nous donnons à cette question que Jésus pose à plusieurs reprises dans les évangiles et qui comporte tout un défi : comment se fait-il que vous n'ayez pas assez de foi ? de cette foi nue disent les mystiques, et qui est le moyen de posséder déjà ce qu'on espère. Que la foi inébranlable de Jean Bosco soit nôtre AMEN.
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