Année B: samedi 22e semaine ordinaire (litbo22s.15)
Luc 6, 1-5 : chemin pour aller vers soi
Si je vous comprends bien, si je comprends bien cette page de Luc, ici, elle s’actualise le lundi, jour de désert. Ce jour ne comporte aucune tâche spécifique. Il est pour vous jour de repos. Jour de respiration avec l’essentiel dans votre quotidien. Mais qu’est-ce que se reposer ? Le pape François disait aux prêtres, le jeudi saint dernier, qu’il n’est pas facile de se reposer. Il ajoute : la clé de notre fécondité se trouve dans la manière dont nous nous reposons. C’est vrai aussi pour vous, ici.
Votre seule tâche, ce jour, Luc en parle comme une nourriture. Vous nourrir de repos. De quelque chose de menu, de fin, de granuleux comme du givre sur le sol (Ex 16,14). De quelque chose qui ressemble à de la graine de coriandre qui a le goût de pain, de galette et de gâteau à l’huile (Nb 11, 7-8).
Jésus lance un appel à se donner du temps pour changer d’air, changer nos cœurs, pour respirer autrement. Cette journée est autre chose qu’un temps de vacances. Autre chose que de ne rien faire. En focalisant moins sur l’extérieur, les tâches habituelles, elle permet de rompre avec une manière active de vivre nos journées pour nous livrer à une autre manière d’être, non moins active, celle d’entrer, d’habiter avec soi-même. Pour se retrouver soi-même en s’extrayant de tout agir non voulu. De tout mouvement ou déplacement non nécessaire.
Chaque jour est grand quand par notre travail, il nous sort de l’oisiveté, mais aucun accomplissement, si parfait soit-il, de chacune de nos journées de travail, rien ne peut se comparer à ce jour. Inestimable respiration pour le cœur. Insondable est ce repos. Magnificat est ce sabbat hebdomadaire ! À bien y songer, ce jour n’a rien ni [d’un] matin ni [d’un] soir (cf. Gn 1, 5). Quel 7e jour du monde vivons-nous chaque lundi ! Il empêche de mener une vie stérile. Il ré-énergise nos cœurs. Quelle re-création, il y a là-dedans.
Jésus dessine ce matin comme il le faisait dans l’évangile de dimanche dernier, ce qu’est la priorité du cœur. Être en relation avec quelqu’un et non pas avec des choses à faire. Que le risque est grand de vivre nos jour-nées en étrangers de Dieu (première lecture) ! Nous attarder non pas, disait l’évangile dimanche dernier, à la tradition des hommes, sur ce qui est extérieur, mais sur ce qui sort de nos cœurs. Bien observer toutes ces lois non écrites qui modulent vos journées n’est pas suffisant pour être des vraies contemplatives. Vrai contem-platif, Jésus nous éduque, nous forme et nous accompagne à vivre comme lui ces moments de désert. Il appréciait se nourrir de l’intimité avec son Père. Et nous ?
En vivant dans la foi votre sabbat, vous goutez à une variété de saveurs aussi exquises qu’inattendues. Quand Dieu se révèle et se donne, c’est toujours de cette façon-là. Il nous fait savourer des petites choses, anodines, et pourtant combien nourrissantes. La rencontre de Dieu se présente souvent sous des dehors banals, voire dérisoires.
En conclusion, ces mots plein de sens de Joseph Folliet : Prends le temps ! Si tu vas au bout du monde, tu trouveras la trace de Dieu ; si tu vas au fond de toi, tu trouveras Dieu lui-même.(Madeleine Delbrel). Prends le temps de travailler… mais bienheureux es-tu si tu es capable de te reposer et de dormir sans chercher d'excuses : tu seras un sage. Prends le temps de prier, c'est notre plus grande force sur la terre. Tu seras heureux si tu sais reconnaître le Seigneur en tous ceux que tu rencontres… SI tu prends le temps… tu seras « enthousiaste » : habité par Dieu ! AMEN.
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