Année B: Samedi 1er semaine carême (litbc00s.15)
Luc 5, 27-32 Lévi : un appel pour aller vers les autres
Es-tu prête et prêt à te remettre en route ? C'est la question que pose le dernier numéro du Bulletin sur la vie consacrée (vol. 112 # 1 - hiver 2015). C'est la question inaugurale de ce carême. Être prête à porter toute notre attention au regard de Dieu sur nous. Cela exige un exode de nos désirs d'auto-contemplation de nous-mêmes pour centrer notre existence sur le Christ et sur son Évangile afin d'affirmer avec saint Paul : ce n'est plus moi qui vit mais le Christ qui vit en moi (Gal 2, 20).
Pour devenir des révélateurs et des médiateurs du Christ aujourd'hui, il faut nous sortir de toutes les formes d'autoréférentialité où nous nous préoccupons plus de notre monastère, de notre règle que des autres. Pour le pape François, la mondanité spirituelle (La joie de l'évangile, # 93), n'est pas absente de nos cœurs. Ce temps du carême nous appelle à passer un bon scanner pour en dépister la présence (cf. bulletin CRC, vol 12, #1, p. 20).
Tout le message du Carême de François invite à fixer nos yeux sur Jésus, sur notre relation aux autres et non sur son Ipod, sur sa tablette. En regardant Lévi, Jésus l'a invité à un exode. À sortir de lui-même, à éloigner son regard sur les gains à sa disposition pour regarder les autres.
Le regard de Jésus sur Lévi fut tellement perçant qu'il l'a sorti de son indifférence face aux autres. Lévi s'est converti aux autres, à ce qui se passe autour de lui. Il a compris que toute vie appelle à se vivre en état d'ouverture aux autres.
Mais il y a plus que cela dans l'invitation de Jésus à Lévi. Non seulement sortir de son indifférence face aux autres, mais s'engager envers et avec les autres et en particulier avec ceux qui souffrent, quelque soit la raison de leur souffrance : handicapés, malades, victimes de la pauvreté, des injustices ou de l’oppression. Un appel qui a changé le cœur et la personne de Lévi.
Voilà ce qu'est le carême: changer nos cœurs parce que nous sommes capables de changer. Il nous faut éviter de vivre une vie fraternelle sans communion avec les autres (cf. homélie, 2 fév. 2015). Tout au long de ces quarante jours, l'Église veut nous faire bouger afin que nous devenions des iles de miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence, de la mondialisation de l'indifférence.
L'appel de Lévi ne repose pas sur sa dignité ou indignité personnelle. Il n’est pas dicté par son statut social ou son avantageuse position économique. Il ne fait que confirmer que Jésus n'est pas indifférent à nous. À ce qui nous arrive. Qu'il s'intéresse à nous. Il porte chacun de nous dans son cœur, il nous connaît par notre nom, il prend soin de nous et il nous cherche quand nous l’abandonnons, dit le message du carême.
Le pape est très réaliste quand il ajoute : il arrive que, quand nous allons bien et prenons nos aises, nous oublions de penser aux autres, ... à leurs problèmes, à leurs souffrances, aux injustices qu’ils subissent… Alors notre cœur tombe dans l’indifférence... Cette attitude égoïste, d’indifférence, a pris aujourd’hui une dimension mondiale, au point que nous pouvons parler d’une mondialisation de l’indifférence. Il s’agit d’un malaise que, comme chrétiens, nous devons affronter (message du carême).
Thérèse d'Avila écrivait : Nous ne sommes pas des anges. Ce n’est point notre nature. Ce qui nous est naturel, c’est de nous relâcher dans certaines choses qui paraissent peu graves, de persévérer dans le relâchement, mais ce n'est pas maintenir sa lampe allumée (Thérèse d’Avila, Pensée sur l’amour).
Pour ce carême, un projet-programme : soyons le changement que nous voulons voir dans le monde (Gandhi). AMEN.
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