Année B : samedi 26e semaine ordinaire (litbo26s.15)
Luc 10, 17-24 : nous convertir à la vraie joie de l’Évangile
Une magnifique page de l’Évangile montrant la joie des disciples mais, surtout, la joie de Jésus. Cette page est le seul passage où Jésus exprime si ouvertement et si clairement ce qui fait sa joie. Ce qu’il y a de plus beau dans la vie de Jésus, c’est sa joie. Jésus en parle peu parce que la joie est et demeure toujours quelque chose qui nous est très intime. Il est difficile de partager ce qui nous est le plus intime. Cette page est un beau clin d’œil à la joie de l’évangile du pape François.
Les soixante-douze disciples […] revinrent tout joyeux (v. 17). Jésus leur dit : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez (v. 24).
Mais à lire ce texte trop distraitement émerge l’impression que Jésus atténue, refroidit l’empressement de ses disciples tout joyeux. Jésus ne veut en rien réduire à néant leur joie. Il oriente leur regard non sur les petits succès rencontrés, non sur leur vanité d’avoir bien accompli la mission demandée, non sur les démons désorientés. En bon pédagogue, il élève le regard un peu étroit des disciples, un peu trop humain vers la vraie joie, une autre joie celle qui ne sera jamais abimée par une once d’autosatisfaction, celle que les échecs de la route n’altéreront jamais. La joie de la louange au Père pour nous associer à son œuvre.
Jésus dans ce très beau passage de Luc, convertit à la vraie joie des disciples qui ne regardent que le visible de leur mission. Regardez-moi, leur dit-il. Quand je guéris un paralytique, je nourris la foule, je purifie un lépreux, je ressuscite une fillette, je n’éclate pas de joie. Je rends grâce au Père. Pour lui, la joie ne nait pas de nos actions. Elle naît de se savoir des envoyés en mission : Heureux les yeux qui voient cela.
Pour manifester sa joie d’entendre l’évaluation que font ses disciples à leur retour, Jésus, nous dit Luc, donne une réponse étonnante. Il louange son Père. Je te bénis. Je te rends grâce, Père. Jésus répond à l’enthousiasme et à la joie de ses disciples en leur montrant que sa propre joie à lui, n’est pas dans ce qu’il fait mais d’être un envoyé du Père. Avons-nous compris cela ?
Aujourd’hui, et cela retentit à chaque page de la joie de l’évangile, Jésus invite les disciples que nous sommes, son Église, à entrer dans sa propre expérience de sa joie. Il nous dit- et quel encouragement il y a là-dedans : ne demeurez pas fixés sur vos succès, ne soyez pas un peu trop contents de vous. Cette joie-là cache une certaine autosatisfaction. C’est l’auto complaisance dont parle le pape François. Ce n’est pas là la vraie joie de l’Évangile. Il nous convie à l’étonnement de l’effet que la grâce d’être des envoyés produit en nous et dans les autres. Bref, Jésus élève le regard de tout disciple, de notre Église, jusqu’à le convertir à la vraie joie, celle d’être des envoyés. Et cette joie-là est une joie cachée aux sages de ce monde.
La joie véritable qui réjouit Jésus, la sienne et celle à laquelle il veut convier ses disciples, c’est que sur la route de la mission tout que ce qui arrive de beau ne dépend pas de nous, mais de l’Esprit qui agit par nous. La prière qu’il fait au Père est révélation de l’œuvre de Dieu. Le seul évangélisateur, c’est Jésus. Avons-nous, éprouvons-nous cette joie extraordinaire d’être associés à son œuvre de miséricorde ? Et vous ici, vibrez-vous de la joie d’être des consacrés pour le salut du monde ? Et cette joie là vous habite-t-elle en permanence ?
Comme l’exprime l’oraison d’ouverture : que ton peuple connaisse la joie de te servir sans inquiétude. AMEN.
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