Année B: Samedi 7e semaine de Pâques (litbp07s.15)
Jean 21, 20-25 : bien d'autres signes n'ont pas été rapportés
En présentant son commentaire sur l'Évangile, pour que vous croyiez, l'auteur, le Père Robert Mercier p.s.s. que vous connaissez bien, disait : saint Jean aurait dû écrire davantage. Oui, il aurait dû écrire davantage car la joie intérieure que m’a procurée ce contact prolongé, répété avec cette école johannique m’a fait désirer d’y appartenir. En conclusion de ce temps pascal, ce temps prolongé avec cet auteur johannique nous a-t-il donné la joie de parvenir comme lui [Jean], à une connaissance intime et personnelle avec Jésus ?
Ce temps pascal nous a-t-il donné aussi de comprendre que si nous écrivions aujourd'hui toutes ces choses qui n'ont pas été écrites, toutes ces rencontres inexprimables de Jésus avec chacun d'entre nous, le monde ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait (Jn 21, 25). Origène, ce grand penseur biblique, précise que le monde ne suffirait pas à contenir les livres qu'on en écrirait non pas à cause de leur nombre, mais à cause de la vérité qu'ils contiennent.
Quelle merveilleuse et heureuse seconde conclusion que cet Évangile qui reprend autrement ce que le Prologue affirmait : la Parole n'est pas née du vouloir des hommes, mais de Dieu ! Bien que la Parole ait revêtu en la personne de Christ une forme finie, cette Parole est infinie. Parce que nous, humains, nous ne comprenons que ce qui est fini, que ce que nous engendrons, il nous est donc impossible d'écrire toutes ces choses qui nous font vivre par en-dedans.
Dieu ne peut être contenu dans des mots. Quand nous t'aurons atteint, dit saint Augustin, nous cesserons ces paroles, que nous multiplions sans t'atteindre. Nous cesserons d'écrire tous ces livres que nous multiplierons tant nous n'aurons pas atteint cette relation personnelle et intime avec Jésus. Cette relation dépasse les mots. Tous les mots. Tous les écrits aussi. En conclusion de son Évangile, Jean nous dit que la Bonne nouvelle repose sur notre connaissance personnelle et intime avec Jésus et cela peut-il s'écrire sans trahir le mystère?
Le Nouveau testament raconte diverses expériences de Jésus. Paul qui n'a pas connu Jésus, ne l'a pas rencontré nous a écrit son expérience bouleversante avec Jésus. Pierre a connu Jésus. Il nous a écrit dans ses lettres, son expérience émouvante, touchante. Jean qui a connu Jésus jusqu'a reposer sa tête sur sa poitrine, a écrit pour nous, son expérience intime avec Jésus. À nous de juger la différence de ces trois piliers de l'Église naissante. À nous de nous demander laquelle nous rejoint le plus.
Cette première conclusion de l'Évangile (chapitre 20), Jésus a opéré sous les yeux de ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas consignés dans ce livre (v. 30-31), nous lance un appel : ne fermons pas, ne refermons jamais la lecture des signes qui n'ont pas été consignés. Ce qui est écrit sur Jésus n’est qu’une infime partie du tout. Cela est vrai même si nous réunissons ensemble les quatre évangiles. Jean a retracé pour nous quelques-unes des paroles qu'il a touché du Verbe de Vie (1 Jn, 1,2). Elles sont suffisantes pour nous convaincre que, dans la Parole qu'il a vu, entendu incarnée, il a vu le Christ, le Fils de Dieu. Nous ne pourrons jamais sonder à fond tout ce que Jésus a fait et dit parce qu'il porte le sceau d'une Parole incréée. Le monde et les livres ne peuvent contenir cela.
Celui qui contemple au quotidien dans sa lectio divina ou son heure d'adoration les signes qui n'ont pas été écrits, ne mourra pas. Ne fermons pas ce livre, ne cessons pas de lire les signes qui n'ont pas été écrits et nos vies se transformeront en un quatrième évangile, toujours inachevé et toujours en construction. C’est sur cette note que se termine cet évangile.
Que l'Esprit saint nous aide à maintenir en état d'alerte en nous cet appel final de l'Évangile de saint Jean. Qu'il souffle en nous un vent de nouveauté assez puissant pour garder ouvert ce livre pour que se répande le bruit que nous ne connaîtrons pas la mort jusqu'à ce qu'il revienne. AMEN.
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