Année A : Samedi 10e semaine ordinaire (litao10s.14)
Mt. 5, 33-37 :moi, je vous dis … un «sacré combat» à mener
Voici quelle est la volonté de Dieu : c'est votre sanctification (1 Th 4,3). Dieu nous appelle pour que nous vivions dans la sainteté (1 Th 4, 7). Moi je vous dis. Ce discours est beau à entendre. Paul, ce passionné de Jésus, reconnait que ce qui est à sa portée c'est le bien, mais je ne parviens pas à l'accomplir (Rm 4, 18).
À l'écoute de Matthieu, nous percevons très bien, nous aussi, comme Paul, que Jésus nous offre une manière pacifiante et harmonieuse de vivre. Nous désirons tous sa réalisation en nous. Nous disons OUI à ce chemin tant il nous paraît humain de bien vivre entre nous. Avouons-le, sur certains aspects, au détour de certaines avenues, nous nous trainons les pieds tant ce chemin est un appel à cesser de revendiquer ce que moi je veux.
Pour trouver nos délices dans la loi du Seigneur (Ps 118 et 119), Jésus nous précise ce qui n'est pas humain dans nos vies. Comme l'exprimait le recteur d'une mosquée parisienne, M. Azzedine, devant une tuerie que sa communauté venait de vivre, l'homme n'est pas sur terre pour haïr, mais pour aimer; il n'est pas sur terre pour détruire la vie, mais pour la donner. Il n'est pas sur terre pour prêcher la violence, semer la peur, mais pour propager la paix, la miséricorde. Ce sont là des mots-évangiles.
Lors de sa visite au mémorial de Yad Vashem, ce lieu mémoire des pires atrocités humaines, le pape François prononça des mots semblables : Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ? De quelle horreur as-tu été capable ? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas ? Et le pape continue: ce n'est pas la poussière du sol, ce n'est pas l'haleine de vie que j'ai insufflée...ce souffle vient de moi. Non, cet abime ne peut venir que de toi.
Ce chemin que nous décrit Matthieu, nous le ressentons comme chemin de perfection, d'accomplissement, mais, disait jadis l'auteur de l'imitation de Jésus-Christ, opprimés par la pesanteur, je ne me porte pas vers ce qui est bien. Ce chemin est beau dans la mesure où nous le signons de nos vies. La loi, nous le savons, est bonne dans la mesure où on la prend comme loi (1 Tm1, 8).
Ce chemin exige de nous soustraire à l'enflure de cette mentalité qui priorise: moi je veux. Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux (2 Co 5, 15). Ne plus vivre pour soi-même. Tout un défi. Des paroles folles tant elles nous éloignent de ce qui est sagesse aux yeux du monde. Mais c'est cela la vie nouvelle. Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là (2 Co 5, 17). Que votre oui soit un oui ; que votre non soit un non (Mt 5, 37). Nos petites personnes prennent tellement de place dans nos vies. Ce chemin nous libère de la tyrannie de l'égo qui réclame toujours davantage.
Des questions montent en nous ce matin: jusqu'où va nous amener ce chemin? Jusqu'où notre Oui nous conduira-t-il, si nous refusons de nous trainer les pieds sur ce qui nous dérange le plus dans cette page ? Et la réponse se trouve au dernier verset de ce discours: vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait (v. 48). Celui qui est malade de Dieu refuse de supprimer ce verset parce qu'inatteignable. Il en fait plutôt sa lectio divina pour qu'il prenne forme en lui. Ce verset est une promesse assurée si nous optons de déplaire à nos petites personnes pour plaire à Dieu.
À votre contemplation : Moi je vous dis. Saint Augustin a bien saisi ce projet de Dieu quand il écrit : Dieu a écrit sur les tables de la Loi ce que les hommes ne lisaient pas dans leurs cœurs. Ce n'est pas un simple amendement constitutionnel, ce n'est pas une simple revisitation du droit ancien, c'est un rappel de notre beauté originelle. C'est un chemin de transparence évangélique à l'heure où ce mot transparence fait la une de tous les journaux. Que votre oui soit oui. Jésus propose un «sacré combat». Il nous veut être lui, moi en vous et vous en moi (Jn 15, 7). Une eucharistie pour que Dieu inscrive dans notre quotidien, son désir infini de nous voir semblables à Lui. AMEN.
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