Année A: Samedi 26e semaine ordinaire (litao26s.14)
Matthieu 11, 25-30 : François d’Assise, un superbe être humain
De quel saint vous vous sentez le plus proche, demandait au pape François, le journaliste non-croyant Eugenio Scalfari qui l'interviewait ? Tout en refusant de classifier par ordre d'importance les quatre saints qu’il venait de nommer, l'évêque de Rome (c'est le titre que François, le pape, préfère) mentionnait sa proximité avec le saint d'Assise qui est, dit-il, l'exemple le plus lumineux de l'agape dont nous parlions tout à l'heure.
Nous faisons mémoire aujourd'hui d'un superbe être humain qui est l'exemple le plus lumineux d'un beau retournement auquel nous sommes non seulement des invités mais des appelés. C'est par le chemin de son humanité profonde qu'il fut une lumière dans les ténèbres, une chandelle dans la nuit, un peu de sel qui donne du goût à la fadeur de l'existence.
Tellement humanisé par son regard sur Jésus et sur sa croix, que de riche qu'il était (2 Co 8, 9) il a refusé de céder à la tentation de tout miser, de centrer toute sa vie sur cette bête qu'est le moi dont parle le journaliste Scalfari et qui est bien ancrée dans la condition humaine. Sa rencontre avec l'Homme de Nazareth le conduit à refuser l'inacceptable d'une vie incompatible avec l'appel à le suivre. D'une vie à l'aise. Il n'a pas suivi le Christ de l'extérieur. Il en est devenu un ami intime.
François ne nous dit qu'une seule chose : le chrétien est celui qui, par sa relation avec Jésus, s'assimile à lui. Il mène une vie de louange (Mt 11, 25) quoi qu'il arrive. Très haut, tout-puissant, bon Seigneur…Loué sois-tu…avec toutes tes créatures.
Dans les mots d'aujourd'hui, François, sans crainte, s'est mouillé les pieds dans l'évangile. Sa vie fut une sorte d'électrochoc qui a dérangé « ben du monde» tant il était devenu un évangile vivant. Sa manière de vivre en état d'itinérance, sa proximité avec les gens moins que rien, le rend foncièrement attrayant et en même temps profondément troublant.
Pour changer l'Église de son temps, rien, ni la faim, ni les angoisses, ni les persécutions, ni les dangers (Cf. Rm 8, 35-37) ne l'éloignait de son rêve d'une Église pauvre, qui prend soin des gens...(François). Il a refusé de voir sa foi le réduire à passer outre devant les tombés de la route. Son option de vivre dénudé de tout, de n'avoir rien où reposer sa tête, va permettre que soit entendu et vu à travers les âges, ce qu'est l'Évangile.
Avec lui, quelque chose de jamais vu se produit. Une lumière a brillé dans les ténèbres. Tout ce qui est seulement entendu mais pas compris de la bonne nouvelle, s'éclaire. Avec audace, il nous fait voir un Jésus sans carcan, dénudé de toute recherche de la première place. En se livrant sans protectionnisme, il a libéré la Parole. Libéré l'Évangile de la poussière des âges.
Qui oserait enfermer dans le temple et faire taire le message de François d'Assise (#181-183) se demandait le pape François dans son exhortation apostolique sur la joie de l'Évangile ? Il ajoute : une foi authentique implique toujours un profond désir de changer le monde. Dieu ne nous a pas appelés, et je cite l'auteur anonyme de la vie de François, pour notre profit, mais pour le service et même pour le salut des autres. Allons de par le monde, prêchons et montrons par notre exemple.
À votre contemplation: Il ne suffit pas d’annoncer l’évangile. Il faut parvenir à faire évangile, à faire passer dans les relations sociales un souffle d’espoir, de liberté joyeuse, d’amitié. Jésus critique ceux qui disent mais n’agissent pas. Seul l’évangile vécu est éloquent. Jésus de Nazareth est encore toujours une figure inspirante pour notre peuple quand ses témoins vivent vraiment à sa manière. Comme François, le saint d'Assise. Comme François, l'évêque de Rome. Comme Raymond Gravel, ce prêtre «chétif» qui a labouré bien des cœurs. AMEN.
accueil : Bonté divine. Cette expression cache quelque chose hors du commun. Elle exprime bien ce qu'est François. Une bonté divine. Une bonté hors du commun qui appelle à rejoindre ceux et celles qui vivent en périphérie de l'Évangile.
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