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2014-A- Mc 10,17-21- toussaint de ordre franciscain- un regard-chemin posé sur lui.

Année A: Toussaint de l'ordre franciscain

Marc 10,17-21 : jeune homme riche, un regard-chemin posé sur lui.

Posant son regard sur lui, Jésus l'aima. Un regard-chemin de Jésus, comme l'exprime la lettre aux hébreux, met à nu, [nous] dépouille de tout (cf. He 4, 13). Ce regard-chemin survient, il faut l'admettre, après qu'une question bizarre, étonnante, fut posée à Jésus et que nous n'oserions certainement pas poser aujourd'hui. Pourtant, c'est une bonne question. Une question pour traverser la mort. Bon maître, que dois-je faire pour avoir en partage la vie éternelle ? Pour toute réponse, Jésus lui propose, et c'est le paradoxe de notre évangile, de tout l'évangile, d'expérimenter le chemin du manque, lui qui avait tout. Il lui fait voir qu'une seule chose lui manque, c'est le manque.

Ce regard-chemin est celui de ne plus s'appartenir, mais d'appartenir à Dieu. Regard-chemin de sortie d'un grand enfouissement dans le périssable pour investir dans le non-périssable. Regard-chemin vers une vie vécue en état de beauté. Regard-invitation à l'enrichissement en vue de Dieu. Regard-chemin d'exode, celui présenté à Abraham : quitte ton pays pour le pays que je t'indiquerai. N'emporte rien. Une question surgit : Comment vivre une vie pleine de sens, de beauté quand nous n'avons rien, aucune propriété où reposer la tête ?

N'emporte rien parce qu'en régime chrétien, la perfection de la loi est celle de n'appartenir qu'à Dieu. Celle de passer de la peur de perdre au risque d'être riche en vue de Dieu. Celle de passer de la hantise d'être correct à la joie imprenable d'être évangile de Dieu. Celle de n'avoir rien pour avoir tout. La première exigence chrétienne, être en route plus ne plus s'appartenir.  

Ce fut le chemin de François et Claire. Eux aussi ont été regardé par Jésus qui les a aimés. Eux avaient tout, mais un grand manque les habitait. Eux aussi avaient les mains pleines, mais ressentaient qu'elles étaient vides. Eux aussi accomplissaient la loi, mais une autre loi les rongeait. Une autre sagesse les habitait : Ils ont vaincu les péchés de monde [tout posséder], ils ont suivi le Christ. Ils possèdent la gloire du Royaume (Acc.). Avouons-le, prendre ce chemin, c'est être «un peu sot», tout au moins selon la logique mondaine (Pape François).

Ceux que nous célébrons ce matin, ont choisi ce chemin d'exode. Ils ont pris la route du désencombrement,   N'emporte rien. Comme l'exprimait la première lecture, ils ne sont pas tombés dans l'oubli parce qu'il n'en est pas ainsi pour ceux qui exercent la miséricorde. Leurs œuvres de justice n'ont pas été oubliées. Leur bonheur durera.

Ce matin, nous bénissons le Seigneur pour tous ces saints et saintes de l'ordre franciscain qui se sont laissés décentrer d'eux-mêmes, qui ont choisi comme trésor d'aller à l'essentiel, qui ont vécu la force de la douceur,    lutté pour la dignité et le respect de chaque personne humaine, qui se sont laissés envahir par la compassion de Jésus et qui ont construit, pas à pas, la paix entre nations, familles et religions.  Nous célébrons la mémoire de gens heureux, attirants, fascinants parce qu'ils ont vécu cette joie exigeante et profonde des béatitudes. Leur vie réveille nos mémoires.

Pas facile d'être heureux à la manière de l'évangile. Pas facile, reconnaît Jésus, à ceux qui possèdent d'entrer dans le royaume de Dieu. Pas facile, disait François, l'évêque de Rome, d'être chrétiens.

Une hymne publiée à l'occasion de l'année sur la vie consacrée redit en d'autres mots cet appel au bonheur qu'ont signé de leur vie ceux et celles dont nous faisons mémoire : Ranimons avec joie le monde ; par la joie, il se réveille ; vivons justice, vivons en paix, osons-nous le Verbe ; chantons le Seigneur, voyons toutes les nouveautés ; ranimons le monde, réveillons-le par les verbes constants de la foi.

Comme l'homme de l'évangile, notre monde est aussi regardé par Dieu. Regard d'amour. Regard invitation a percevoir qu'il y a quelque chose de plus de plus grand, durable, de plus épanouissant que le matériel. Jésus pose sur nous son regard. Il nous trouve beau et nous dit si tu veux..prends mon chemin, viens et suis-moi. AMEN

Année: 
Pérode: 
Date: 
Samedi, 1 novembre, 2014

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