Année A: Mardi 29e semaine ordinaire (litao29m.14)
Luc 12, 35-38 : gardez vos lampes allumées
Chacun de nous connait quelqu'un en habit de service. Quelqu'un dévoué à une cause, quelle soit religieuse, humanitaire ou sportive. Ce qui caractérise ces personnes, c'est leur disponibilité et un grand souci de l'autre. Malgré un horaire chargé souvent intenable à gérer, ces personnes ont toujours du temps. Ce sont des personnes du me voici, toujours en train de veiller et qui gardent leur lampe allumée quelque soit l'heure du jour ou de la nuit. Ces personnes confirment que l'être humain a un fond de bonté et non de violence.
Pour leur entourage, elles sont des gens de confiance, au grand cœur, sur qui on peut compter, s'appuyer. Des «cyrénéens» qui savent soigner les blessures, qui aident à porter les croix (Pape François, 26 sept. 2014). Disponibilité et générosité sont deux mots représentatifs de leur être profond. Ces personnes dégagent beaucoup de joie, d'empressement, d'enthousiasme à rendre service au risque de leur vie. Songeons aux travailleurs humanitaires combattant le virus Ébola. Elles brillent par en dedans et ne manquent pas de ferveur non plus.
Dans son exhortation apostolique sur l'évangélisation, l'un des textes les plus inspirants et des plus libérateurs du siècle dernier et que reprend largement le pape François, Paul VI observait qu'un grand mal persiste aujourd'hui, celui d'un manque de ferveur. Ce mal est d'autant plus grand qu'il vient du dedans. Il se manifeste dans la fatigue, le désintérêt, le désenchantement et surtout la manque de joie (# 80).
Ce matin, à la suite de cette lecture, des questions surgissent en nous : avons-nous encore de la ferveur à garder nos lampes allumées, à demeurer vigilant, l'œil ouvert, en état de service sans rien attendre en retour (Cf. Lc. 14, 12-14) ? Vivons-nous plutôt, comme l'exprimait Paul VI, sans enthousiasme, défaitistes ou rongés au plus profond de nous-mêmes par ce mal vicieux qu'à une autre époque, on identifiait comme l'acédie ?
Ce passage de Luc est souvent regardé de notre coté. Nous oublions de le regarder du coté de Jésus. Il est l'exemple parfait de celui qui se tient en habit de service. N'a-t-il pas dit un jour qu'il est venu non pour être servi, mais pour servir (Mt 20, 28) et qu'il a prouvé cela en s'abaissant pour laver les pieds de ses disciples (Cf. Jn 13, 5) ?
Jésus ressemble à ces personnes aux aguets dont je parlais tantôt. Il est éveillé, prêt à entrer dès qu'on lui ouvrira les portes. Avec empressement, il porte toutes les souffrances. Sans se décourager, il œuvre à libérer de l'enfer des camps des non-personnes de son temps. Il n'hésite pas à s'asseoir sans haut de cœur, à la table de ceux qui lui étaient les moins sympathiques.
Saint Paul, dans la lecture, résume bien à la fois l'identité de Jésus venu pour servir et l'impact du comportement de ce serviteur souffrant. Il est notre paix et par lui nous avons accès auprès du Père. Sa disponibilité et sa générosité ouvrent un espace qui éveille l'homme nouveau qui dort en nous. Il est la pierre angulaire d'une terre neuve. Le texte ajoute : vous êtes vous aussi, des éléments pour devenir par l'Esprit-Saint la demeure de Dieu.
C'est la contemplation des merveilles de Dieu qui nous tient éveillés. C'est aussi la contemplation de ce Dieu caché en chaque personne qui nous tient en tenue de service. Dans sa lettre La joie de l'évangile, le pape François écrivait avec justesse que la contemplation qui se fait sans les autres est un mensonge, un narcissisme (#281). Sans elle, notre action, notre tenue en état de service, risque d'être purement pour sa propre gloire. Sans elle, le risque est grand de servir pour paraître, pour se faire voir.
Une eucharistie pour servir la gloire de Dieu et non pour notre propre gloire ou vanité. AMEN.
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