Année A: Mardi octave de Pâques (litap00m.14)
Jean 20-11-18 : Marie Madeleine, UNE FEMME EN MODE RÉVEILLANCE.
Feuilletant l'autre jour diverses revues dans une salle d'attente, je fus intriqué par un mot qui s'y trouvait. C’est le mot vintage. On y parlait de mode vintage, de culture vintage. J'ignorais ce que c'était. Une recherche me fit découvrir que le vintage c'est cette tendance à remettre à la mode du vieux, à remettre des choses passées au goût du jour. Tendance qui veut donner une seconde vie à des choses du passées. La culture vintage, c'est la culture qui vise à donner un second souffle à des objets, à des us et coutumes pour éviter que des joyaux du passé disparaissent à jamais.
Ce grand dimanche qu'est ce temps pascal n'est pas de cet ordre. Il ne s'agit pas de renipper un lointain passé ni de sortir du tombeau de l'histoire des événements marquants, mais bien d'actualiser dans notre présent, un événement de notre histoire de foi.
Pâques ne signifie pas célébrer du vieux à la mode moderne. Cette fête ne s'inscrira jamais dans cette culture du vintage. Pâques, c’est l’arrivée de quelque chose de NEUF ! Toujours INÉDIT. Nous sommes des invités à sortir, comme Marie-Madeleine, comme Pierre et l'autre disciple, de nos cénacles où nous nous tenons enfermés dans ces peurs qui nous ankylosent, nous paralysent pour goûter ce qui nous arrive.
Sortir, ce mot qui se retrouve en filigrane dans toutes les paroles du pape François, pour aller à la rencontre non d'un mort revenu à la vie. Sortir non parce que nous souffrons de «voyeurisme». Sortir non pour voir ce que peut bien avoir l'air quelqu'un revenu à la vie à la manière de la foule qui s'empressait de vouloir voir Lazare (cf. Jn 11). Sortir pour rencontrer Quelqu'un de tellement humain, de tellement habillé de la plénitude de l'humain, tellement créature nouvelle, qu'il ne fut pas reconnu même par ses proches.
Jamais les évangiles ne parlent d’une seconde vie de Jésus. Depuis Pâques, ce qui est neuf, ce qui est nouveau, ce qui nous arrive, à nous humains de toutes cultures, races, c'est que maintenant nous sommes habillés de la splendeur de la divinité.
C'est cela qu'a vu et cru le disciple bien aimé. C'est cela qu'a expérimenté dans son corps Marie Madeleine que Jésus avait sorti d'une vie misérable en lui offrant une eau désaltérante. Elle cherchait un mort à toucher. Sa joie, et quelle joie se fut, d'entendre prononcer son nom et d'y reconnaître celui que son cœur cherchait. Cela lui a redonné tellement de souffle, d'énergie qu'elle courut annoncer la nouvelle. Il est vivant.
Cette nouvelle-là ne pourra jamais s'inscrire dans une culture vintage. Aucun mot ne peut adéquatement exprimer ce qui dépasse l'entendement humain. Aucun mot ne peut dire l'indicible. Les premiers chrétiens, pour exprimer leur foi en la résurrection, ont d’ailleurs utilisé plusieurs mots : gloire, exaltation, réveil.
Un théologien récent, pour dire de la résurrection, parle de «réveillance». Ce mot a quelque chose de beau pour dire Pâques. Il nous faut signer nos vies par ce mot réveillance. Réveillance de nos lassitudes, de nos endormissements. François nous invite à ne pas vivre notre foi en endormis. En nous, il y a un potentiel de vie qui sommeille et n'arrive pas à bourgeonner. En nous, il y a quelque chose d'hivernal qui appelle à éclore. Qui nous tient coupés de la Vie.
Que cette semaine pascale attise en nous le désir de la réveillance. Qu'elle nous éveille à l'espérance jusqu'à nous tenir debout, à quitter nos tombeaux, à éloigner de nos vies cette maladie de l'acédie, forme de dépression, de tristesse. Il faut avoir la capacité, comme Pierre l'a fait d’entrer dans nos tombeaux, d’entrer dans nos lieux de peurs, dans nos morts intérieures, dans ce qui a été blessé, dans NOS lieux d’enfermement, pour y entendre une voix. Entendre une voix nous dire que la joie de Pâques nous précède et que, si nous suivons le ressuscité, nos peurs seront vides ! Que cette joie de Pâques vous accompagne ! AMEN.
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