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2014-A-Jn 13, 21-33.36-38- mardi semaine sainte- baiser de Judas

Année A: Mardi saint

Jean 13, 21-33.36-38 : Trahison de Judas; le baiser de Dieu vient à moi

J'ouvre cette réflexion de ce mardi saint en nous rappelant ces mots en introduction du Cantique des Cantiques. Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche (Ct 1, 2). Nous pouvons comprendre que Jésus aurait pu adresser ces mots à Judas. Jean les traduit autrement : Ce que tu fais, fais-le vite. Luc se fait plus cinglant : Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme ! (Lc 22, 47).

C'est en entrant dans le mystère intérieur de Jésus (Marie de l'Incarnation), que nous sommes abasourdis par cet admirable échange. Judas lui offre le baiser de la trahison et Jésus celui de l'amour trahi, de la miséricorde. Comme tout baiser, l'un et l'autre le vécurent en silence, dans leur cœur profond. Tout baiser se vit en silence.  Quand l'on s'embrasse, ce n'est pas le moment de parler. On peut s'exprimer avant ou après.

Dans la bible, il y a plusieurs baisers. On n'en parle peu dans nos liturgies parce qu'on fait peu de place au corps. Songeons à ce baiser de Marie-Madeleine (Lc 7, 38) qui scandalise les juifs. Et nous l'aurions-nous été en observant cette scène d'une femme à la réputation non enviable se jeter pour baiser les pieds de Jésus ?

Songeons ce matin, à ce baiser de Judas, celui que j'embrasserai, c'est lui (Mc 14, 44; Lc 22, 48,). Baiser d'une mort appréhendée. Baiser qui est une déclaration que le temps est arrivé de mettre fin à une aventure amoureuse et terrestre d'un Dieu désirant nous redonner notre beauté originelle. Baiser inaugural de la plénitude de l'Incarnation. Baiser qui montre au grand jour les déchirements que vivent tous les disciples. Les appelés.

Judas n'est pas dupe quand il dit : Rabbi, serait-ce moi ?  Il est allé jusqu'au bout de ses intentions. Il sait qu'il inaugurait les temps nouveaux. Jésus n'est pas dupe non plus. Lui aussi est allé jusqu'au bout de l'amour. Il sait qu'il avance vers son Heure.   

Disciples bien-aimés de Jésus, si nous pensons connaître la profondeur de cet échange de baisers, c'est que nous n'avons pas compris ce qui se passe. À cette heure dramatique de l'histoire, Jésus, d'une voix non irritée, et comme quelqu'un qui est prêt depuis longtemps,  appelle Judas, mon ami (Mt 26, 50), à agir vite. Et saint Augustin précise : il ne commandait pas le crime [...], il hâtait le salut des croyants. Paul le traitre, Paul qui allait livrer à la mort les nouveaux chrétiens, Paul foudroyé sur la route par sa rencontre avec celui qu'il persécutait disait juste quand il affirmait aux Galates : il m'a aimé (malgré mon baiser de traitre)  et il s'est livré pour moi (Gal 2, 20). Il a été livré à cause de nos péchés ; il a aimé l'Église et s'est livré pour elle (Rm 4, 25; Ep 5,25). 

En l'appelant ami, Jésus lui fait pressentir que c'est justement pour cette heure qu'il a été envoyé. Il nous livre la suprême consigne de toute sa vie : pour lui, ami et ennemi sont des mots semblables. Identiques. Interchangeables. Ami. Vous êtes mes amis (Jn 15, 14). C'est un exemple que je vous ai donné (Jn 13 ,15). Révélation suprême ! Merveille des merveilles ! Dire ami, une manière de vivre qui montre qui Jésus est né de Dieu.

 Ne soyons pas dupes nous aussi. Ce baiser de Judas, ce baiser de Pierre qui, malgré son engagement à suivre Jésus, là où tu iras, et qui va lui aussi le trahir avant que le coq ne chante, nous risquons de l'expérimenter nous aussi. Mais nous aussi, au cœur de nos trahisons, nous entendrons Jésus nous appeler ami.  Un mot délicieux qui nous dévoile le vrai visage de Dieu. Il y a une grande douceur à entendre le Dieu du ciel et de la terre, nous appeler ami dans nos moments les plus sombres de nos itinéraires.

 Observons en terminant que Jésus fut bouleversé par le comportement de Judas. Son ami. L'un des douze. Un des disciples d'élite, un de ceux qui étaient tous les jours avec Jésus, qui jouissaient de toute son intimité. Mais  Jésus n'a pas voulu le rendre bon disciple malgré lui. Considérez la bonté de Jésus. Au lien de condamner Judas, de  combattre ceux venus avec des flambeaux et des lanternes, Jésus s'est livré entre leurs mains parce que c'est pour cela qu'il est venu...pour nous sauver. AMEN.

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Mardi, 1 avril, 2014

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