Année B: Mardi 1ère semaine de l’AVENT (litba01m.14)
Luc 10, 21-24 : sommes-nous des éclipses de Dieu ?
Je voudrais vous dire un mot et ce mot, c'est la joie. Partout où il y a des chrétiens, des consacrées, il y a la joie. (Pape François, 6 juillet 2013). Présentement nos yeux sont incapables de voir, et quelle joie se serait !, le loup habiter avec l'agneau, le léopard se coucher près du chevreau. (1ière lecture). Notre terre est agitée par de grandes tensions, voire par des actes de barbaries. Notre terre est blessée. Partout font rage des conflits de toutes sortes. Nous ne voyons que cela. Nous ne voyons que violence.
L'oubli de Dieu et non sa glorification engendre la violence, observait le Pape François devant le parlement européen dernièrement. Il poursuit en affirmant que les grands idéaux de paix et de joie semblent avoir perdu leur force attractive. La culture consumériste exagérée de cette période d'avant Noël, tend à éclipser le sens profond de l'Avent. Cette culture obstrue notre regard. Elle nous rend étrangers à la Parole de Dieu. Nous avons des yeux mais nous ne voyons pas.
Nous entrons dans un temps pour apprendre à voir Dieu. L'œil, dit l'ecclésiaste (1, 7), n'a jamais fini de voir ni l'oreille d'entendre. Cela commence par prier, par consacrer plus de temps à la prière durant ces jours préparatoires à Noël. Marie, dont la figure domine ce temps, devrait modeler ce temps d'attente. Non seulement apprendre à voir, mais un temps pour montrer Jésus à l'heure où notre culture interdit toute crèche, tout signe ostentatoire de sa Présence.
Quand la lune se place entre la terre et le ciel, il se produit une grande obscurité. On ne voit plus rien. Ainsi en est-il du chrétien. Quand nous déployons des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence insoutenable (Pape François), quand tout dans notre vie tourne autour de la possession, nous sommes des éclipses de Dieu. Nous ne faisons plus passer la lumière. Nous ne dégageons pas la voie qui mène à Dieu.
C'est saint Augustin qui dit : tu veux la terre ? Tu seras terre ! Tu veux Dieu ? Tu seras Dieu! La fébrilité de cette saison étouffe la voix ténue de Jésus qui appelle à nous déposséder d'une seule chose : de la domination de la possession, de la culture du déchet (Pape François) qui dénie le droit à la vie quand elle devient non-rentable pour l'économie.
Voir ce Jésus nous conduit à la louange. Cela nous permet de percer l'opacité pour entrevoir la lumière au bout du tunnel. Mais être louange et gloire n'est pas évident à l'heure où tant de blessures marquent notre humanité. Nos vies aussi. Il nous faut, dit l'évangile de ce jour, être tout-petit pour être louange. Tout-petit pour goûter la joie d'être sauvé. Un salut nous est proposé, mais en éprouvons-nous le besoin ?
Je vous offre une réflexion très belle du nonce apostolique du Canada qui, dans une lettre ouvrant l'année de la vie consacrée, s'interrogeait si le premier besoin aujourd'hui n'était pas d'être des Éli ? Aujourd'hui où il est devenu particulièrement difficile d'entendre l'appel de Dieu, [la voix de Dieu], la figure d'Éli est très importante (cf. 1 Sm 3, 1). Qui est Éli ? C'est celui qui, parce qu'il est familier avec les choses de Dieu, est capable de servir d'antenne et d'aider les Samuel à discerner cet appel qu'eux-mêmes, tout seuls, ne sont pas en mesure de percevoir.
Jésus en ce temps de l'Avent, nous adresse à chacun cette mission évangélisatrice: nous soucier de le faire voir. De faire discerner sa voix, sa présence. S'il y a urgence pour le chrétien, c'est bien celle de montrer Jésus. Comme l'exprime très bien Élisabeth de la Trinité, chaque événement [de notre vie], comme chaque joie est un sacrement qui [nous] donne Dieu. Qui nous fait voir sa présence au milieu de nous.
Voici que le Seigneur va venir, et, avec lui, tous ceux qui ont cru en lui : on verra, ce jour-là, une grande lumière (Antienne d'ouverture). AMEN.
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