Année A : dimanche de la 26e semaine ORDINAIRE (litoa26d.23)
Mt 21, 28-32. beau parleur, petit faiseur
Nous nous glorifions de parler mieux que nous vivons. Si Jésus n’avait fait que prêcher, son message n’aurait certainement pas franchi les petites collines d’Israël, mais Jésus, en Maître de sagesse qu’il était, a constamment mis en pratique ce qu’il enseignait. Pour lui, dire c’est faire. Faire c’est dire.
Si Jésus n’est pas passé inaperçu, c’est parce qu’il a fait ce qu’il a dit. Ses paroles et ses actions, la cohérence entre les deux, ont révolutionné le monde. Nous ne pouvons pas reprocher à Jésus d’avoir mené une double vie. Ce qui le choquait le plus était d’observer l’hypocrisie des leaders religieux qui mettaient de côté tout ce qu’ils enseignaient aux autres. Ils étaient de beaux parleurs et de petits faiseurs.
Il ne suffit pas d’annoncer l’évangile, d’expliciter, de se déclarer chrétien. Il faut parvenir à être évangile, être bonne nouvelle. Il faut avoir un cœur dilaté par l’indicible douceur de l’amour[1],, un cœur qui confesse à Dieu et devant les autres qu’il est fou d’affection et de tendresse pour Jésus. Savoir et déclarer que nous croyons en Dieu ne suffit pas. Il faut se comporter en chrétien, se compromette pour Jésus.
L’image des deux fils dont l’un dit oui sans travailler pour son père et l'autre dit non, mais travaille pour son père, parle très fort sur ce qu’est la vie de croyant. Il s’agit de sincérité. Pour illustrer cela Jésus scandalise ses auditeurs en leur rappelant que les prostitués et les publicains, des gens pas corrects, les devanceront dans le Royaume. Quand Ézéchiel disait que la conduite du Seigneur est étrange, il se référait à la manière de vivre de Jésus. Il nous pose une question : est-ce que ma conduite est bonne ? Jésus était vrai, authentique.
On l’observe peu, contrairement à nous, Jésus utilise très peu le mot amour. Il en vit. Quand Jésus déclara au scribe qui voulait le mettre à l’épreuve quel est le plus grand commandement (Mc 12,28-34), il lui a fait remarquer que sa réponse était bonne, mais qu’il devait en vivre. Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. Il lui recommande de ne pas en rester à des paroles pieuses. C’est la vie qui est parole de Dieu.
Ce matin, ne regardons pas les efforts que cela exige de se déclarer pour Jésus. Contemplons, comme l’exprime une prière eucharistique, qu’il nous a estimé dignes de nous tenir devant lui pour le servir. La vitalité de notre oui pour Jésus repose sur notre vitalité à « être Jésus ». C’est l’intensité de notre vie en lui, avec lui et par lui qui atteste notre poids d’être chrétien et qui fait sens aujourd’hui.
Entre le savoir et le faire, il y a parfois quelques km. La maladie de la mauvaise coordination entre le savoir et le faire nous afffecte tous. Nous avons à lutter contre la maladie de la double vie, fruit de la médiocrité spirituelle. Nous avons à lutter contre la maladie du moi, de la vaine gloire, de l’autoglorification.
Nous disons que nous voulons servir Dieu et les autres, mais en fait nous servons notre ego, notre désir d’apparaître, d’obtenir la reconnaissance, l’appréciation. Nul ne peut servir deux maîtres.
Le meilleur chemin pour annoncer Jésus est de montrer le tressaillement de notre charité. Tressaillir, c’est être “touché à l’intérieur”, avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur[2]. C’est ainsi que nous sommes comme chrétiens des évangiles vivants. Dire sans faire, c’est le scandale que nous devons affronter aujourd’hui.
Je vous offre en terminant une image. Il y a chaque jour des milliers de départ d’avion. Personne n’en parle sauf quand un avion tombe. Il y a des millieurs de croyants qui vivent en harmonie avec leur foi. Nous parlons beaucoup de ceux qui trahissent leur foi. Contemplons ceux qui en vivent au risque de leur vie.
[1] Prologue de la règle de saint Benoit # 49.
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