2013 - Année C: Mardi 24e semaine ORDINAIRE (Litco24m.13)
Luc 7, 11-17 : mort d'un fils unique, la visite de Dieu
Cette page décrit bien notre historie quotidienne à chacun de nous, histoire faite de douleur, d'angoisse, de tristesses, avec ces catastrophes, guerres et toutes ses calamités. Latendresse de Dieu dont parle le pape François, se laisse voir ici. En la voyant, et que c'est beau à observer, Jésus fut saisi de pitié, touché au-dedans par la détresse de cette femme.
Cette page ouvre aussi sur un grand remuement intérieur devant toute l'attention que Jésus porte à nos situations humaines. Notre Dieu n'est pas un Dieu impassible, arrogant, extérieur à notre réalité quotidienne. C'est un Dieu tout proche, humain, vulnérable, capable de s'émouvoir, de réchauffer les cœurs (cf. Lc 24, 13-35). Un Dieu qui s'émeut devant nos situations humaines : du jamais vu dans l'histoire de la divinité, quelle qu'elle soit.
Cette femme, veuve, n'a rien demandé. Elle taisait sa souffrance parce que personne ne pouvait la partager. Elle ne voyait rien d'autre que son fils inerte. Elle ne remarquait pas Jésus, ne le connaissait pas non plus. C'est Jésus qui, pour une rare fois dans l'évangile, prend l'initiative d'aller vers elle. Il n'attend pas d'être appelé. Il sort (c'est le mot favori du pape François) pour réchauffer les cœurs attristés de ce cortège de mort et ouvrir leurs yeux sur ce grand prophète venu visiter son peuple.
Rencontre entre deux cortèges, celui d'une marche de mort et celui d'un étourdissement de vie. Le Vivant et le mort. La Vie et la mort. La Vie n'évite pas la mort. La mort est obstruée par la Vie. La mort [de son fils]pour citer l'auteur de l'intériorité qu'est Jean Sulivan, [a] mis au monde [cette veuve].
En arrêtant le cortège de mort, Jésus lui offre une autre direction. Un exode, dit l'écrivain de l'intériorité qu'est Jean Lavoué, vers un autre pays, une autre terre, où tout reste à naître; vers un chemin à vivre presque serein dans le buisson d'épines (L'évangile en liberté, éd. le Passeur, 2013) du quotidien. Un exode, et nous le percevons moins, «ressuscite» cette veuve. Saint Paul exprime très clairement cette rencontre des deux cortèges dans sa lettre aux Thessaloniciens : Il est mort pour nous afin que […] nous vivions avec lui (1Th 5, 10).
Deux cortèges ouvrant sur une symphonie de communion. De joie. Sur une culture de la rencontre (Pape François). Quand Jésus passe dans nos vies, quand nous le rencontrons vraiment, se produit toujours un éclatement de joie. Et si cela s'accomplissait pour nous ce matin ! Ce qui fait dire à saint Augustin et que rappelait récemment le pape François : j'ai peur qu'il passe et que je ne m'en aperçoive pas.
Saintetés, cette tendresse quasi maternelle de Jésus qui se laisse toucher jusqu’aux entrailles, c’est Dieu qui est touché par le concret de nos vies, de nos joies et nos peines. Pas besoin de formules compliquées, de paroles secrètes, de potions magiques. Une simple parole pleine d’autorité, une parole sûre : lève-toi. Parole à écouter pour en vivre.
Pour nous ce matin, cette page est-elle une secousse de Dieu dans nos vies ? Secousse qui nous arrache à tout ce que nous retient d'éclater de joie, de vie même si extérieurement l'âge nous affecte. Est-elle ressentie avec autant de remuement intérieur qu'elle le fut pour cette foule considérable qui accompagnait cette femme ?
Gardons les yeux grands ouverts sur Jésus qui continue d'intervenir dans nos situations difficiles, dans notre monde en état de guerre, de rivalités. Jésus prend à nouveau à travers la voix du pape François, l'initiative d'arrêter nos cortèges d'affrontement pour promouvoir une culture de la rencontre.
Gardons aussi les yeux ouverts sur tous ces cortèges de mort qui nous entourent. Acceptons de ne pas savoir faire mieux que ceux qui accompagnaient cette veuve. Ils l’accompagnaient. C’est déjà tout un programme de vie que d’accompagner, que d'être là, que seulement être-là. Une autre manière de dire : lève-toi. AMEN.
Ajouter un commentaire