Année C: Mardi 22e semaine ordinaire (litco22m.13)
Lc 4, 31-37 reconnaître Jésus qui se fait discret
Il y a en nous une certaine aptitude à voir Dieu. À Le reconnaître. Celui qui nous a crées à déposer en nous un germe, un immense germe capable de Le reconnaître dans le cosmos, en nous. Cela est vrai aussi pour ce démon, cet habitant non désiré de notre monde pour citer Guillaume de saint Thierry dont parle Luc et qui reconnaissait Jésus comme le saint, le saint de Dieu.
C'était vrai aussi pour saint Augustin dont nous venons de célébrer la mémoire. Il n'était pas un saint homme tant il profitait abondamment des charmes de la vie. Il vivait immergé dans les plaisirs. Malgré sa manière de vivre, Augustin continuait à chercher le visage de Dieu. Il s'est laissé inquiéter par Dieu, lui qui se décrivait en ouverture de ses confessions, comme un homme inquiet, toujours en chemin. Jamais arrivé. : Vous nous avez faits pour vous, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en vous. Il a fini par trouver Dieu.
Augustin est l'image des manières de vivre de notre peuple d'ici, peut-être de nous-mêmes. Ce qui a fait dire au pape François : regarde au fond de ton cœur, regarde au plus profond de toi, et demande-toi : as-tu un cœur qui désire quelque chose de grand ou un cœur endormi ? Question : notre coeur est-il refermé sur nous-mêmes?
En présence de Jésus, il y a deux regards, deux chemins, deux avenues toujours possibles. Celui de la lumière ou des ténèbres. Celui d'un voyant ou d'un aveugle. Il ne s'agit pas comme le prince de ce monde de savoir quelque chose sur Dieu, de Le reconnaître, mais de désirer Le laisser naître en nous. Il ne s'agit pas rappelle fréquemment le pape François, de désirer Jésus seulement quand ça nous plaît ni d'être des chrétiens à mi-temps, des demi-chrétiens, des chrétiens «empesés», de façade, mais des chrétiens authentiques. Toujours émerveillés de sa grande compassion : silence, sors de cet homme.
Entre ces deux regards, l'écart est grand. Le regard aveugle ou aveuglé est souillé par nos «mois» mignons, attiré vers notre «petit monde». Le prince de ce monde voyait Jésus mais refusait d'en contempler la beauté parce que l'enfanter ne lui aurait plus permis de vivre tout rempli de lui-même : arrogance, désir de pouvoir, duplicité du coeur disent les mystiques, fraude, collusion, malice, cupidité, mépris de Dieu. Jésus menaçait son «petit monde», son «petit royaume». Il se voit d'un oeil trop flatteur pour trouver et haïr sa faute. Il n'a que ruse et fraude à la bouche. Il a perdu le sens du bien (Ps. 35, 3-4).
Quant au regard du voyant, abreuvé au torrent du paradis (Ps. 35, 8), c'est un regard frappé d'étonnement. Un regard qui sait contempler que sa Parole est pleine d'autorité ; queJésus est le sacrement du Père dont la gloire resplendit auprès de Dieu avant les siècles (hymne). Ce regard-là, nous guérit de nous-mêmes. Il permet de donner naissance à Dieu en nous, de déchirer nos coeurs et non nos vêtements (Jl 2. 12-13) jusqu'à dire ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi (Gal. 2, 20). Ce regard-là nous fait voir que nous avons été créés d'une dignité qui nous ennoblie, que nous sommes couronnés de gloire et d'honneur, placés juste au-dessous des anges et que Dieu a tout mis sous nos pieds (cf. Ps. 8). Il nous rend capable de voir la bonté de Dieu sur la terre des vivants (Ps. 26).
L'étonnement, cet étonnement devant une parole plus tranchante qu'une épée (He. 4, 12), cet étonnement dont parle Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens que nous lisons ces jours-ci, imprègne en nous le désir d'imiter Jésus. Imiter non par simple mimétisme, non pour devenir un copié-collé du Christ, mais pour devenir un autre Christ offrant une parole qui fasse sens autour de nous. Qui suscite admiration. Facile ?
Notre évangile se termine ce matin, par une affirmation qui devrait nous interpeller: la réputation de Jésus se propagea dans toute la région. Et la nôtre est-elle une réputation qui évangélise notre monde ? Et si nous nous sommes laissés gagner par le confort d'une vie chrétienne light (François), c'est qu'elle n'est pas de cet ordre. Amen
Évangile:
Année:
Pérode:
Date:
Dimanche, 1
septembre, 2013
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