Année C: Lundi 4e semaine AVENT (litc04l.12)
Luc 1 67-79 : LE PRINCIPE DU QUETTEUR
Bethléem, prépare-toi : le Paradis s’ouvre pour tous. Ainsi chante une hymne de la liturgie d'Orient la veille de Noël. Nous préparer à passer du tumulte et des courses de dernières minutes à l'attention. Nous préparer à recevoir cette brise légère, cette poussière de fin silence, selon les mots magnifiques du texte hébreu (1 R 19, 12). Nous préparer à affiner nos sens et avoir l'ouïe fine. Nous préparer au secret amour longtemps caché qui nous apparaît.
L'un des malheurs de notre temps c'est que cette préparation s'est appauvrie, perdue dans les préparatifs tout extérieurs de ce temps, car nous ne savons plus faire silence pour accueillir ce secret amour longtemps caché. Que ce soit le silence intérieur, le silence du cœur, le silence des pensées qui bourdonnent en nous dans un bruissement autrement plus dérangeant ou gênant que le bavardage de la télévision. Pour entendre la voix du Verbe (pour entendre et recevoir ce secret amour longtemps caché, la poussière de [ce] fin silence), il faut savoir écouter le silence (P. Evdokimov).
En cette veille de Noël, heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le déclare : Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu ! Heureux qui marche devant le Seigneur pour lui préparer le chemin !
Ma question pour nous en ces heures de grandes fébrilités : savons-nous mesurer suffisamment notre bonheur ? Notre bonheur d'entendre la voix de Dieu ? Notre bonheur d'accueillir son message de Paix, d'une terre sans guerre ni rivalité ? Notre bonheur d'être des élus pour annoncer qu'une grande lumière habite notre terre ? Mieux, qui vient nous éclairer par l'intérieur ? Où es-tu caché, Dieu, clame Jean de la Croix dans son Cantique spirituel. Il répond en toi.
Ce secret d'amour longtemps caché, Zacharie ne pouvait plus le taire, lui qui engendra la voix, criant dans le désert (Mt 3, 3). Il est devenu avec son fils Jean-Baptiste le précurseur de la clarté, comme l'exprime une hymne byzantine et qui nous appelle à délier nos voix pour bénir Dieu de nous visiter. Devant cet immense bonheur, il entonna une hymne que l'Église fait sienne au quotidien: il a visité et racheté son peuple. Il est apparu à ceux qui demeuraient dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort (Lc 1, 78-79).
Un immense bonheur nous est accessible. Tout homme verra le salut de Dieu (Isaïe). Ce sont des paroles qui nous retournent, qui orientent, réorientent nos vies vers l'Essentiel, qui nous mettent en chemin (Lc 3, 5). Des paroles-appels à vivre comme Lui, qui ne vit jamais pour Lui mais entièrement pour son Père et pour nous.
Saintetés, ce secret longtemps caché, c'est le secret de la beauté du cœur de Dieu et en même temps, inséparablement, le secret de toute la beauté de nos cœurs humains. Quelle inimaginable splendeur !
Avoir durant ces heures préparatoires à la fête de Noël, la prouesse d'entrer dans nos temples intérieurs pour éveiller l'aurore (Ps 107, 3).Et le psaume ajoute: avec Dieu [qui vient dans son sanctuaire que nous sommes] nous ferons des prouesses (v. 14). Ces prouesses, c'est notre capacité de nous faire voyants par un long et immense dérèglement de tous les sens, chante le poète Arthur Rimbaud (cité par Fabrice Hadjadj, Le paradis à la porte, p.303).
Oui, comment ai-je ce bonheur de recevoir un si grand secret et d'en être un témoin dans notre monde. Comment ai-je ce bonheur de nous savoir visités par Dieu. AMEN.
autres textes sur le même passage:
1999 (B) Vendredi 4e semaine AVENT : CANTIQUE DE ZACHARIE
1993 (B) Vendredi 4e semaine AVENT : SALUT JÉSUS
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