Année B: Lundi 29e semaine ORDINAIRE (litbo29l.12)
Lc 12, 13-31 qui perd gagne
L'actualité nous informe qu'autour de nous il y a tout un système de recherche d'enrichissement des uns sur les autres par la corruption, la collusion, l'intimidation. Dans l'ordre de l'avoir, nos désirs semblent sans limite. Nous sommes ce que nous pensons disait un maître de la sagesse. Nos croyances nous influencent et nous inventons des astuces financières, toujours plus raffinées et élaborées, des systèmes sophistiqués pour accroître revenus et dividendes. La crise économique actuelle déclarait au synode 2012 nous fait découvrir comment l’avarice et la cupidité ont brisé des liens de sens en séparant l’économie de sa dimension sociale dans la vie humaine.
La « énième » crise qui secoue nos sociétés d'ici et ailleurs semble née de cette folie financière d'avoir peur d'être en manque de biens. La parabole du riche cherchant à agrandir ses greniers est d'une grande actualité. Notre monde dit Tauler, est plein de marchands, [de] ces hommes qui cherchent en tout leur propre intérêt.
L'ancien Testament regorge de prophéties dénonçant les injustices et les pratiques frauduleuses. Songeons à l'auteur du livre de l'ecclésiaste qui affirme que celui qui aime l'argent ne se rassasiera pas d'argent, ni du revenu celui qui aime le luxe..L'auteur ajoute sorti nu du sein de sa mère, il s'en retournera comme il était venu (Eccl. 5, 9.14).
Devant de tels comportements engendrant un système d'inégalités sociales, Jésus qui est dans son temple parmi nous, lance un appel au gros bon sens. Insensé, tu n'apporteras rien avec toi. Bien des sages non-chrétiens ont exprimé des pensées analogues : Socrate, Bouddha ou, plus près de nous, Gandhi et le Dalaï-lama. Pour Jésus, comme pour ces sages non-chrétiens, la question n'est pas suis-je obligé de donner mais plutôt suis-je obligé de garde, selon les dires de François de Sales.
Que l'amour de l'argent dit l'auteur de l'épitre aux Hébreux (13, 5-6) n'inspire pas votre conduite, contentez vous de ce que vous avez. Et Matthieu affirme que le Seigneur lui-même a dit: non je ne te lâcherai pas, ne t'abandonnerai pas. Le lendemain s'inquiètera de lui-même (Mt 6, 33-34).
Mère Térésa qui savait ce qu'elle devait faire du peu qu'elle possédait disait du moment où nous nous enrichissons, nous perdons quelque chose et nous mourons. Les richesses, qu’elles soient matérielles ou spirituelles, peuvent vous suffoquer si elles ne sont pas utilisées de la bonne façon (…).
Saintetés, pour éviter d'être attirés comme l'expriment les Pères de l'Église, soit par l'attachement aux biens, soit par le désir d'en acquérir sans cesse ou par notre entêtement à nous accrocher au peu que nous possédons, Jésus appelle à quitter la logique de l'avoir pour celle de l'être. Le bonheur ne tient pas dans la possession mais repose sur une qualité d'être.
Déjà au 1er siècle Clément d’Alexandrie dans une catéchèse disait qu’Il y a une richesse qui sème la mort partout où elle domine. Libérez-vous en et vous serez sauvés. Celui qui regarde son or et son argent comme des dons de Dieu, sait qu’il possède plus pour ses frères que pour lui-même…
La question de l'homme riche est la nôtre : Que dois-je faire ? Cette même question fut posée par le jeune homme riche (Mc 10, 17-30) qui ajoutait pour avoir la vie éternelle. Et nous voyons la réponse dans ces beaux gestes de solidarité autour de nous. Ils laissent voir des hommes et des femmes qui ne refusent pas un bienfait à qui est dans le besoin (Pr 3,27), qui s'empressent à partager leur pain (leur table) avec celui qui a faim (Is 58,7).
Admirons comme Jésus ceux et celles autour de nous qui se refusent de condamner ces indignés dont on s'empressent de chasser de nos parcs publics mais qui aimeraient bien voir comme «recherchés» ces actionnaires qui s'enrichissent outrageusement aux détriments des démunis. Dieu nous a faits, nous a créés pour que nos actes soient véritablement bons ( Ep 2, 10). AMEN.
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