Année B: Dimanche 25e semaine ORDINAIRE (Litbo25d.12).
Mc 9, 30-37 : devenir icône de Jésus.
Qui d'entre nous se lève le matin en se demandant comment évangéliser le monde ? Comment le diviniser, le rendre icône de Dieu ? Et puis savons-nous ce qu'est diviniser le monde ? Jésus nous en offre le chemin ce matin. Le plus grand sera le plus petit, le dernier sera premier, le maître se fera serviteur, le plus faible sera le plus fort. Ce chemin est renversant. Il est à l'opposé de la mode tendance de nos manières de vivre. Ce chemin est une annonce de ce qui attend Jésus. Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes, ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera (Mc 9, 30-31).Il est aussi une confirmation qu'il se tient au milieu de nous comme celui qui sert. Confirmation de l'humilité de Dieu.
Jésus dénonce ce qu'il observe chez ses disciples: leur désir de rechercher la visibilité et le pouvoir, ce que l'évangile appelle la première place. La première préoccupation de l'équipe initiale de Jésus n'était pas d'ordre mystique, ni spirituel, ni pastoral, mais un "plan de carrière". Avouons-le, comme eux, nous ne sommes pas attirés par la dernière place sauf peut-être quand nous venons à l'église. En nous, humains, il y a une pulsion à se faire remarquer, pulsion vers l'ascension sociale et cela -ça devrait nous encourager, nous rassurer- se retrouvait aussi parmi les disciples appelés pourtant à devenir des colonnes de l'Église. Eux aussi, comme nous, se disputaient pour la première place.
Jésus, avant de les envoyer annoncer son Évangile, leur propose quelque chose de différent qui transcende nos tendances spontanées et nous transcende. Les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Cela a dû les piquer au vif. La loi du monde est celle du plus fort, vient de nous démontrer les lectures du livre de la sagesse et celle de saint Jacques. D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? La loi de Dieu est celle de se courber vers le plus bas.
Cette parole-chemin, cette parole-invitation de nous courber vers le plus bas et qui peut éveiller à la foi notre entourage qui ignore presque tout de Jésus, est-elle pour nous, oui ou non, une bonne nouvelle ? Cette parole-chemin a-t-elle encore la première place dans nos vies ? Si cette parole-chemin prend tant d'importance dans notre foi, c'est que l'infiniment grand, Jésus, s'est rendu infiniment petit. Notre foi chrétienne est celle d'un Dieu qui s'est fait enfant, d'un Dieu qui s'est humblement et amoureusement courbé pour nous étreindre (François d'Assise). Il nous faut nous débarrasser de l'image d'un Dieu écrasant, inatteignable, inattaquable. Le seul langage pour annoncer Dieu, le dire à notre monde, est celui de la contemplation du mystère de sa petitesse.
Pour nous expliquer cette parole-chemin, Jésus se sert d'un enfant. Dieu se révèle à nous non comme un dominateur absolu, un Dieu tout puissant, mais comme un enfant sans pouvoir aucun, un Dieu «impuissant», fragile. Tellement fragile ce Dieu qu'on le livrera aux mains des hommes, qu'ils le tueront. Marc ajoute, et cela est vrai aussi pour nous : les disciples ne comprenaient pas ces paroles (Mc 9, 32). Nous n'aurons jamais fini d'entrer dans cette parole-chemin, mystère central de notre foi qui nous est présenté ce matin et qui est là devant nos yeux dans cette eucharistie.
Dieu se cache dans ce qu'il y a de plus humble, de plus petit. Dieu est discrétion. La discrétion est un signe d’une grandeur d’âme. Et quoi de plus discret, de plus petit que ces miettes de pain de l'eucharistie ? Ô admirable stupéfaction, s'écrie un François d'Assise dans sa lettre à tout l'ordre, # 29 : le Seigneur de l'univers s'humilie au point de se cacher pour notre salut sous une modique forme de pain. Voyez, mes frères, l'humilité de Dieu. Et il ajoute : ne retenez rien pour vous afin que vous reçoive tout entier Celui qui se livre à vous tout entier.
Jésus veut et désire fortement que nous atteignons la première place, non pas celle que nous soupçonnons, celle de l'ascension sociale, mais celle de l'intensité relationnelle avec lui, celle des grandeurs de son humilité, de son abaissement, de sa manière de vivre. C'est ce même apôtre Jacques qui nous invite à nous souvenir de ce proverbe : Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles (Jc 4, 6). AMEN.
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