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2011-A-Mtt 28,8-15 - Lundi octave de Pâques -voici l'homme nouveau

Année A: Lundi de l'octave de Pâques (litap00l.11)
Mtt 28,8-15 : voici l'homme nouveau

               «Jésus qu'est-ce qui t'arrive, je ne te reconnais plus.» Voilà en des mots d'aujourd'hui ce que nous raconte, avec des mots d'une autre époque, d'une autre culture, l'évangéliste Matthieu. Au matin de Pâques, Jésus est méconnaissable. Il a atteint la plénitude de l'humain.

               Comme l'exprime le pape exégète et théologien dans son livre Jésus de Nazareth (chapitre 9) : la résurrection de Jésus a été l’évasion vers un tout nouveau genre de vie.... vers une vie qui a ouvert une nouvelle dimension de l'être-homme, qui intéresse tout le monde et ouvre un avenir, un nouveau type d'avenir pour l'humanité (p. 278).  Et devant cette beauté nouvelle de l'être humain, devant ce nouveau type d'humain, les disciples, bien que dépassés par la réalité dont ils font l'expérience (Benoît XVI), s'écrièrent: c'est vrai, il est ressuscité, nous en sommes témoins. Jésus est vivant. À comprendre: il a atteint la stature de l'humain parfait qui est Dieu en Jésus.

               C'est le contact avec ce nouveau type d'humain, - de premier-né d'entre les morts (Col 1, 18)  - créature nouvelle - qui a poussé les témoins de ces rencontres à annoncer qu'il est vraiment ressuscité. C'est parce qu'ils furent remués jusqu'aux entrailles par ces rencontres, - le mot est préféré à celui d'apparitions - c'est parce qu'elles furent radicalement déterminantes, marquantes, bouleversantes, transformantes bien qu'inexplicables, qu'elles ont attisé, aiguillonné ces peu nombreux témoins - les exégètes parlent tout au plus de  15 à 18 personnes - à proclamer: Christ est ressuscité. Grâce à eux, sur nous, un courant d'air frais d'une vie en plénitude, d'une vie radieuse nous est accessible. Nous sommes à jamais des nouveau-nés. Des «renés». Des glorifiés.

               Ce qui donne de la notoriété à ces rencontres pourtant centrales de notre foi, c'est paradoxalement qu'elles  n'ont pas été ouvertement, publiquement manifestées. Cela confirme que nous sommes en présence du mystère d'agir de Dieu, de son humilité, dirait François Varillon. Jésus s'est fait humain sans faire de bruit. Il est ressuscité avec la même discrétion, sans témoins et un tombeau ouvert. L'agir de Dieu est de ne pas écraser avec le pouvoir extérieur, mais de donner la liberté, donner et inspirer l'amour (Benoît XVI, Jésus de Nazareth, p.311). L'agir de Dieu est de frapper à nos portes sans les forcer, et si nous lui ouvrons, il nous fera voir ce qu'est la plénitude d'une vie réussie.

               Saintetés, pour vous ce matin, ce cri de Pilate qui revêt en ce grand dimanche, tout son sens: Voici l'homme (Jn 19, 5). Voici le chef d'œuvre (Clément d'Alexandrie), la manière chef d'œuvre de vivre que Dieu rêve pour nous. Voici l'Homme nouveau.  Sur la route de la Croix, il était méconnaissable. Au matin de Pâques, il nous montrait ce qu'est devenir créature nouvelle. Cet homme méconnaissable tant ce qui lui arrive dépasse l'entendement, c'est celui qui a connu l’épreuve de la tentation dans le désert alors qu’il initiait son ministère de grâce et de salut ; celui dont le visage devint lumineux comme le soleil et les vêtements blancs comme la lumière, révélant sa gloire à ses disciples sur la montagne ;  celui qui vint, au bord du puits de Jacob, apporter l’eau vive à la samaritaine, faisant ainsi jaillir en elle la foi : c’est vraiment lui le Sauveur du monde ; celui qui ouvrit les yeux de l’aveugle de naissance, lui révélant le visage du Fils de l’homme : c’est lui qui te parles ; celui qui appela Lazare hors de son tombeau et qui se révéla comme la  Résurrection et la Vie.

               Nous vivons désormais au point d'intersection entre deux champs de gravitation: cette force de gravité vers ce     déraisonnable «moi» humain - que nous voulons toujours plus puissant et ce non moins déraisonnable transformation de notre «moi» en le sien (Gal 2, 20), en sa manière parfaite de vivre l'humain que nous offre le «nouveau» Jésus, celui du matin de Pâques. Notre «moi» a été immolé. C'est notre Pâques. Désormais pèse sur nous le poids de la terre et celui de l'infini de Dieu. Nous vivons poussés comme les femmes à annoncer cette bonne nouvelle de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts (Mt 17, 9) et foudroyés comme les soldats par la peur de sa disparition.

Entrons avec Jésus dans ce nouveau Paradis qu'est cet état de vie nouvelle que nous propose Jésus ressuscité et nous comprendrons mieux, dit Grégoire de Nazianze, de quels bonheurs nous nous étions exclus. AMEN.

 

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Date: 
Vendredi, 1 avril, 2011

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