Année A: Dimanche de la 29e semaine ORDINAIRE (litao29d.11)
Mtt 22, 15-21 : rendez à Dieu.
Dis-nous ton avis ? C'est ma question pour vous en ouvrant cette réflexion. Pour notre vie spirituelle, que comprenons-nous de cette question posée à la Parole qu'est Jésus ? Avant que l'on mette la main sur lui (Mt 26, 57), avant d’être livré aux mains des pécheurs (Mt 26, 45), (nous sommes chez Matthieu dans la trajectoire de la montée à Jérusalem), Jésus est confronté à la question de son identité.
Par sa réponse, il confirme aussi celle de créature créée qui est la nôtre. Nous sommes l'effigie de Dieu, la monnaie royale de Dieu. Y a-t-il plus beau que cela ? Augustin ajoute: ô chrétien, tu es donc la monnaie du trésor divin, une pièce portant l'effigie et l'inscription de l'empereur divin. […] Pourquoi donc ne rends-tu pas à Dieu ce qui est à lui. J'ajoute, de vivre comme lui d’une manière la plus parfaite possible. Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5, 48).Et précise quelque part Augustin, Dieu ne demande jamais quelque chose au dessus de nos forces.
Devant nos yeux de priants, une invitation à sortir de la région de la dissemblance, pour nous rapprocher de celle de la ressemblance ; une invitation à retirer nos regards aveuglés par les choses d'en bas, pour les ouvrir sur un autre monde. Notons que le texte dit : rendez à Dieu non pas donner à Dieu...ce que vous êtes. Nous sommes, dit un psaume, illuminés (Ps 34, 6)de la lumière de nos origines. N'est-ce pas assez beau pour nous faire mourir d'amour pour ce Dieu qui nous a fait, malgré nos « humaineries », à son effigie !
Ma question pour vous ce matin : sommes-nous émerveillés d'être des effigies de Dieu ? Jésus regarde attentivement la pièce d'argent. Jésus reconnaît que le visage qui s'y trouve est exact. Notre étonnement est grand quand nous réalisons que ce même César fera sienne cette même attitude de Jésus quand il fera écrire par personne interposée, son empereur royal, sur la croix de Jésus : ce qui est inscrit est inscrit (cf. Jn 19, 21). Pour Jésus, la pièce qu'il tient dans sa main appelle au respect. Toute effigie impose respect. L'empire impose respect.
Mais dans sa réponse à une question épreuve, Jésus ouvre sur un autre respect. Il précise que cette effigie de César qu'il respecte ne sera jamais celle de Dieu. Jamais César et Dieu ne seront l'avers et le revers d'une même monnaie. Jésus s'inscrit dans une histoire qu'il respecte mais ouvre aussi notre histoire individuelle et collective sur une autre Histoire: nous sommes des «gravés», des «sculptés» à l'image de Dieu. Subtilement, en demandant de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, il demande que toutes choses d'en bas, que toute effigie terrestre rendent à Dieu le même respect que Dieu rend aux choses d'en bas.
Ce serait mal comprendre la réponse de Jésus que d'y voir une condamnation de l'autorité d'en bas, des César de tous les temps. Jésus ouvre les regards suspicieux de ses interlocuteurs sur une autre vérité, plus profonde: cette dimension spirituelle qui est cachée en chacun de nous. En posant la question de l'image sur cette pièce - quelle pédagogie divine là-dedans! - Jésus nous éveille sur notre identité. Nous sommes des «images» de Dieu. Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, […] et Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa (Gn 1, 26).
Ce texte fondateur auquel Jésus fait allusion donne une nouvelle couleur à nos vies. On posait à Jésus la question de la valeur de cette pièce. Jésus répond en ouvrant nos regards sur notre vraie valeur profonde. Nous valons d'être des effigies de Dieu. Tout centrés que nous sommes sur la possession des valeurs d'en bas, nous oublions un peu facilement qu'en nous dort une autre valeur, indéracinable, inaliénable. Invitation nous est faite de nous tourner, comme le tournesoleil, vers ce que nous sommes.
Rendez à Dieu. Devenons conscients de ce que nous sommes. C'est le sens du psaume que nous avons lu tantôt: rendre à Dieu louange et gloire. C'est le sens aussi de la première lecture où Isaïe nous montre la puissance de Dieu à l'œuvre chez le roi des Perses, Cyrus. Dieu se sert de lui afin que l'on sache, de l'orient à l'occident qu'il n'y a rien en dehors de [Lui]. Devenons conscients de ce que nous sommes: des eucharisties offertes pour que la Beauté de Dieu rayonne dans les cœurs. AMEN
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