Année A: 14e dimanche ORDINAIRE (litao14d.11)
Matthieu 11, 25-30 : vous trouverez le repos
Il y a dans nos vies, parfois, des moments…je dirais…de plénitude. Des moments d'élévation -élevons nos cœurs- où nos cœurs nous semblent trop petits pour recevoir toute la beauté qu'il nous est donnée d'entendre. Il y a des moments où ce que nous entendons semblent trop beau pour être vrai. Des moments où nous ressentons que nos vies deviennent soudainement un poids léger qui ouvre sur un bonheur indéfinissable.
Ce moment de grande intensité, généralement de courte durée mais qui nous pénètre et transfigure nos vies, c'est ce moment-là que Jésus éprouve pour lui-même dans l'évangile que nous venons d'entendre (le même que celui de la fête du Sacré-Cœur vendredi dernier) et qu'il veut nous partager. Avec grande intensité, Jésus nous parle avec son cœur de son cœur de Fils en prière avec le Père.
Chaque fois dans l'évangile où Jésus est en prière, où il nous partage sa prière intime avec le Père, il nous fait entendre des paroles que nos oreilles humaines ont peine à capter. Il nous fait entendre un chant merveilleux. Dans sa prière sacerdotale, nous l'entendons dire : Père je prie pour qu'ils soient un comme toi et moi le sommes. Ce matin, dans l'évangile, Jésus proclame ouvertement la louange de son Père de nous avoir fait connaître sa grande bonté pour nous. Peu de pages font retentir avec une telle clarté la beauté d'une vie vécue sous l'emprise de l'Esprit du Père (première lecture).
En ce premier dimanche de notre été, devant nos yeux un Christ de joie, un Christ de louange, un Christ si beau en état de prière qu'il est pour chacun, à condition d'entrer dans ce moment de grande intensité de Jésus avec son Père, bénédiction du Père. Devant nos yeux, un Christ qui nous partage trois émerveillements.
Premier émerveillement : Jésus s'émerveille de son Père, de ce qu'il découvre de Lui, de sa bonté, de sa petitesse qui n'écrase personne mais qui se laisse écraser pour justement ne pas écraser. Jésus s'émerveille d'être reconnaissable par les moins que rien, ceux que nous rejetons peut-être parce qu'étrangers à nos manière de vivre.
Deuxième émerveillement : Jésus s'émerveille de découvrir qu'il est dans le Père et le Père en Lui. Il s'émerveille de son intimité de communion et de ressemblance avec le Père : Personne ne connaît le Fils sinon le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils…Il nous dévoile que son cœur est le cœur de son Père.
Troisième émerveillement : Jésus s'émerveille de nous offrir, à nous dont la vie est souvent éprouvée comme un poids lourds, le repos. Venez à moi. Il nous invite à marcher main dans la main avec lui afin qu'en le rencontrant personnellement dans notre prière, en devenant ses disciples, en communiant à sa vie, nous puissions connaître des instants, des moments de plénitude. Des moments de vrai repos. Notre participation, notre communion à Jésus, c'est cela le vrai repos. Augustin décrit bien cela quand il écrit : tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose pas en toi.
Au début de notre été, il est réconfortant d'entendre cet appel : vous qui peinez et ployez. Une parole qui parle de douleur. Une parole histoire de nos vies, de chacune de nos vies, qui invite au repos. Venez à moi. Vous qui peinez dans la foi, qui êtes fatigués de porter les mauvaises nouvelles de notre quotidien, vous dont l'amour humain est déchiré, venez à moi, mon joug est léger. Étonnant parce que trop souvent nous percevons la vie chrétienne comme un ensemble d'obligations, de rites à pratiquer, de lois à observer.
Ceux qui se plaignent, dit saint Aelred de Rievlaux (1110-1167) dansle Miroir de la charité, de la rudesse du joug du Seigneur n'ont peut-être pas rejeté complètement le joug pesant de la convoitise du monde. Il ajoute : quoi de plus reposant que de n'être pas agités par les mouvements déréglés de la possession. Paul parle de l'emprise de la chair, des choses d'en bas. Quoi de plus proche que de la tranquillité divine que de n'être plus ému par les affronts qui nous sont faits... [et] de se rendre semblable [dans nos comportements] à Celui qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants (Mt 5, 45).
Sans exagérer, Jésus nous invite à prendre des vacances avec lui. Il nous invite à nous donner des moments de plénitude, de repos en unifiant nos vies sur la sienne. C'est l'invitation que je vous lance en ouvrant cette période estivale. C'est mon programme pastoral pour vous cet été. Vous émerveiller à l'heure où le désenchantement habite notre histoire. Vous émerveiller d'être sous l'emprise de l'Esprit (première lecture), de devenir doux et humble de codeur, et vous trouverez le repos. AMEN.
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