Année A: Lundi 4e semaine ORDINAIRE (litao04l.11)
Mc 5 1-20 les porcs dans la mer
Quel est l’événement du monde qui pourrait nous faire croire que le Royaume de Dieu et non celui de Satan est vraiment en train d’advenir ? La réponse fut clamée en tout début de l'année: la paix. Jésus, venu pour conduire nos pas au chemin de la paix, a voulu que la paix soit la salutation chrétienne par excellence. Il a invité ses disciples lorsqu'ils entraient dans une maison à dire : paix à cette maison.
Ce matin,Jésus redonne à cet endiablé errant dans le paradis du diable, pour citer Benoît XVI dans son livre (Lumière du monde, p.88) ce qu'il recherchait: la paix avec lui-même, en lui-même. Il lui redonne une quiétude intérieure. Celui qui habite le paradis du diable, et je cite encore Benoît XVI, ne peut se satisfaire de ce qui existe (p.88).Il n'est jamais en paix parce que rien ne le satisfait.
Notre endiablé était profondément enraciné dans ce paradis du diable, ce paradis qui savait éveiller ses désirs terrestres, attiser en lui le feu qui lui faisait désirer les nourritures périssables, aiguillonner les douceurs pour étouffer son mal de vivre. À écouter la description qu'en fait Marc, ce paradis du bruit de toutes sortes fait que cet homme était violent, brisait tout, enviait tout. Il n'était pas bien dans sa peau. Le Christ dormait dans son cœur.
Mais voilà que Noël est venu nous dire que Jésus, alors que nous nous éloignions de son paradis, s'est fait semblable à nous pour entrer dans nos paradis endiablés et les transformer en paradis de paix. Jésus est descendu sur terre, dans nos enfers, dans nos paradis où le bruit extérieur comme intérieur domine, pour nous reprendre avec lui dans le paradis du silence, de ce silence d'admiration et d'émotion que sa présence suscite en nous.
Cette scène plutôt folklorique de Marc, nous montre comment Jésus est habité par la prière de l'autre quel que soit son statut social. Il accueille ce matin une maison de prière transformée en paradis du diable. Devant son accueil, son écoute, Augustin répétait souvent: quelle merveilleuse beauté que le Christ ! Son geste non seulement pacifie l'endiablé mais il l'ouvre sur un paradis extérieur (Chiara Lubich). Il retrouve sa place parmi les siens. Un jour du temps Dieu est venu se reposer en nous comme il s'est reposé au septième jour du monde, comme l'exprime admirablement saint Ambroise. Ilest venu restaurer dans la descendance d’Adam la ressemblance divine altérée dès le premier péché (Gaudium et spes, 22, 2). Il est venu faire passer un mauvais quart d'heure à tout ce qui est légions en nous.
Saintetés, l'agitation entre en nous quand, comme les apôtres sur la mer agitée par les vents, le Christ dort en nous. Quand nous perdons de l'ardeur, quand nous ne tenons plus allumé le zèle de nos origines, que nous manquons de ferveur (Paul VI, Evangelii nuntiandi, § 80), quand nos barques, nos vies s'agitent.
Saint Jérôme décrit bien l'œuvre de Jésus quand il écrit devant cette scène: le démon est expulsé d'un seul homme et il est envoyé dans deux mille porcs (Mt 8,32)... sors, va où tu veux, va t'en aux abîmes mais quitte l'homme, c'est-à-dire ce que je possède en propre. Non, je ne te laisserai pas posséder l'homme, car ce serait une injure pour moi si tu t'installais en lui à ma place. Cet homme que tu possèdes fait partie de moi. Sors de cet homme.
Devant ce Jésus qui écoute nos prières, écoutons-le nous dire rentre chez toi, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que j'ai fait pour toi dans ma miséricorde (Mc 5, 19).Nous sommes des dons Dieu à notre monde pour que nous soyons sa compassion. Prenons Jésus au mot: devenons contemplatifs de sa Présence. Allons dire aux cœurs agités : que la paix soit avec vous. Oui, un prophète s'est levé parmi nous, Dieu a visité son peuple (Acclamation). Il continue de nous visiter en se faisant pour nous nourriture. AMEN.
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