Année A: Lundi de la 2ième semaine du CARÊME (Litac02l.11)
Luc 6, 36-38 : ne pas juger, pardonner, mesure abondante
Comment nous apercevoir que nous appartenons au Christ? Comment réaliser que nous progressons dans notre vie spirituelle? La réponse se trouve dans ces lignes et celles qui les précèdent. D'un coté Jésus montre la montée d'une contagion mondiale: la haine, terrible, impitoyable; la malédiction, celle d'envoyer l'autre aux enfers; la calomnie, cette guerre incendiaire des langues, ce feu qui détruit les autres. C'est la logique de notre monde.
De l'autre, la logique de Dieu, la logique du Royaume. La logique baptismale. Les paroles que nous venons d'entendre donnent le vertige à qui les écoutent pour en vivre. Écouter et en vivre pour bâtir nos vies sur du solide. Jésus exprime ici plus qu'une règle de bienséance, plus qu'un simple savoir vivre dans le respect de tout le monde, plus que de vivre de non-violence, plus que de porter un regard de bonté sur les autres.
Jésus, en réponse à la spirale de la haine, fait miroiter la beauté de vivre à la fois comme « des hommes et des dieux». Il nous invite à déverser sur la spirale infernale d'un monde sans cœur, sans amour, sur les bons comme sur les méchants (Mt 5, 45), sur nous aussi, une surabondance de miséricorde. Au lieu de répandre la haine, faire du bien; au lieu de répandre la malédiction, jamais ne maudissez; bénissez, au contraire. On se servira à votre égard de la mesure dont vous aurez usé envers vos frères (Mt 4, 24).
Et pour nous en démontrer la faisabilité, il a mené, pour nous en donner l'exemple, ce genre de vie qu'il propose. Il a démontré et montré une surabondance de tolérance en se laissant frapper au visage, couronner d'épines, calomnier sans répliquer, supporter tous les coups sans condamner. Père pardonne-leur.
Il est vrai que nous pouvons dire: je ne suis pas Jésus, lui était Dieu. Mais il est aussi vrai que cette page n'est ni dure ni pesante puisque le Seigneur vient en aide à qui accomplit ce qu'il ordonne (Augustin). Un psaume précise: à cause des paroles de tes lèvres, j'ai affronté de durs sentiers (Ps 16, 4).Ailleurs Jésus dit : mon joug est doux et mon fardeau léger (Mt 11, 30).
Nous ne sommes pas de parfaites saintetés, je vous le concède. Nous pouvons trouver ce chemin bien étroit et la montée trop rude, mais nous avons devant nos yeux des témoins tout joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le Nom (Ac 5, 41)comme ce ministre pakistanais des minorités assassiné le 2 mars 2011 et qui écrivait dans son testament : Je veux vous dire que je tire beaucoup de force, d'inspiration dans la Bible et dans la vie de Jésus. Plus je lis le Nouveau et l'Ancien Testaments, les versets de la Bible et les paroles du Seigneur, et plus ma force et ma détermination sont renforcées.
Saintetés, je paraphrase cette magnifique épitre à Diognète (IIe siècle), prêtez l'oreille. Cette page est un jardin de délices chargé de fruits, à la sève vigoureuse. Elle n'est pas celle de la science qui tue et qui donne la mort mais celle où nous avons été plantés à l'origine. Si cette page grandit en nous, si sa sève coule dans nos veines, si nous en désirons son fruit juteux, nous en récolterons un fruit riche en protéine évangélique.
Pour avancer sur cette route, il nous faut être pétris par la contemplation de celui qui a lancé au monde de tels propos parce qu'il était lui-même, en vérité et en acte, la miséricorde incarnée. Tant que nous n'aurons pas été bouleversés par sa miséricorde nous ne serons pas miséricordieux comme le Père.
La foi nous l’apprend, ce temps du carême enracine cela plus profondément en nous qu'il ne suffit pas d'être plein de tendresse, de gentillesse, de bonté, d'amabilité. Les païens en font autant. Notre être chrétien nous pousse au-delà de cela: nous sommes à la fois des «hommes et des dieux». AMEN.
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